L’avion en papier
Au sein de cette cage dorée
En fil de nylon tricotée,
Je pense aux ailes que je n'ai pas,
Prisonnière de mes propres choix.
J'ai pourtant longtemps rêvé de crever le ciel,
De danser au gré des vents, comme les hirondelles,
Mais à trop contempler leur vol à l'horizon,
J'ai sombré dans le trou noir de ma raison.
Tous ces revolvers braqués sur moi,
Ces regards lourds de sens,
De mots qu'on pense mais qu'on ne dit pas,
Ont aspiré toutes mes forces. Mon essence.
Et les promesses que je m'étais faites,
Teintées de reflets bleutés et de paillettes,
Se sont envolées dans l'air du soir,
Ne laissant que quelques poussières sur mon miroir.
À l'heure où naissent les regrets,
Je veux reconquérir celle que j'étais,
L'amoureuse des vers libres, des mots rebelles,
Qui voulait jeter sur le monde des arc-en-ciel.
Alors, lasse du silence trop longtemps éprouvé,
De cette ombre angoissante sur moi tatouée,
J'ose à présent, du bout des doigts,
Encrer mon univers sur des ailes de soie.
Pour que la seule arme contre l'adversité
Soit cet avion en papier, libre de voler,
Au-dessus des cendres d'un passé.
Annotations
Versions