Le démiurge
La panique et le désarroi peignaient le visage des scientifiques. Martika faillit s’évanouir. Eliana vint la réconforter pour qu’elle puisse rester en forme afin d’imaginer une solution. Inutile, car en tout état de causes, elles étaient condamnées à mourir de faims, de soif, et peurs sous leurs combinaisons. Si seulement elles pouvaient voir rejaillir la magie afin qu’elles puissent se retrouver sur terre. Mais la réalité était bien plus terrible. Elles ne pouvaient plus repartir sur terre. Plus de vie terrestre, plus de vie familiale. Leurs haines se tournaient vers Interlix. L’agence spatiale ne les avaient-elle pas abandonnés à leurs propres sorts ? Si oui, quel en étaient les raisons ? L’apparition d’un géant. Le vaisseau qui avait disparu. Martika hurla de désespoir, mais sa combinaison étouffait ses cris.
— C’était l’agence. C’est un de leur coup ! Ils voulaient se débarrasser de nous en nous envoyant ici.
— Mais pourquoi ? Pourquoi se débarrasser de nous ? rétorqua Martika.
— Tout simplement parce que l’on gênait.
— Hein ?
— On gênait. Nos créations gênaient des gens. D’autres entreprises… je n’en sais rien !
Martika pleurait et n’en revenait pas. Interlix pouvait-il les trahir de la sorte. Les laisser en plan sur une planète déserte et hostile. Pour les scientifiques, les chances que leur travail ait été volés atteignaient les cent pour cent. Eliana s’en doutait. Trop de médiatisation sur elle ne pouvaient qu’attirer la jalousie. Martika espérait rentrer sur terre. Mais comment ?
— Peut-être que le vaisseau s’est déplacé un court instant, et qu’il reviendra bientôt.
— Non fit Eliana, complétement effondrée. On ne viendra pas nous chercher. Les gynoïdes n'étaient pas programmé pour attendre notre retour. Intelix à comploté contre nous. Il va falloir qu’on l’accepte. Nous sommes condamnées.
Martika ne savait plus quoi faire, quoi dire, plus d’échappatoires.
Elle ne verra plus sa famille, ni ses amis. Elle est prisonnière de Nibiru. « Planète de merde ! » hurla-t-elle. Elle lança une flopper de juron. Sa crise de nerf allait la rendre folle.
— Calme-toi, dit Eliana d’une voix résignée. C’est la fin. Profite du ciel noir. De la pluie et du tonnerre.
Martika fini par se calmer. Elle s’assit sur le sol et respira profondément pour évacuer la terreur qui se nourrissait en elle. L’orage éclata. Elles se regardèrent. Eliana laissait couler ses larmes sur ses joues. Elle se rappela les derniers mots de sa mère. Elle lui avait souhaité bonne chance dans sa carrière d’ingénieure. C’était il y a longtemps. Maintenant, c’était trop tard. Pourquoi avait-elle privilégié ses ambitions avant de passer du temps avec sa famille en Guadeloupe ? Elle n’avait fait qu’obéir à sa mère. Elle lui disait souvent « Travail à l’école, ne t’arrête jamais de travailler. Au moins, Dieu te voit et il récompensera tes efforts ».
Finalement, elle s’enfichait. Elle n’aimait personne, mis à part sa mère et Martika. Personnes dans son entourage, ne voulait avoir affaire à une lesbienne et notamment son père. Qu’avait-elle à perdre à retourner sur terre ? Que pouvait-elle faire pour y changer ? Elle contempla les yeux de Martika. Elle y descella un profond amour. Eliana culpabilisait. C’était elle qui avait insisté pour que Martika puisse venir. Abandonner sur planète ? Comment était-ce possible ? Plus de moyens de retour.
— On va mourir ici ! se lamenta Martika.
— Exactement, fit sèchement Eliana, mais c’est la vie. On ne peut rien faire pour nous sauver. J’aimerais beaucoup t’embrasser avant de mourir.
Comment ne pas être fataliste sur une planète morte.
— Regarde ! Eliana lança Martika nos combinaisons sont résistantes. Interlix nous a fournis du matériel de qualité afin de nous faire mourir dignement.
Eliana émit un rire nerveux.
— C’est une façon sarcastique d’affronter le destin ? C’est cela ? Martika observa le sol brûlant de Nibiru. Elle voulait passer ses derniers moments sans penser à la mort. La pluie s’intensifiait. Le seul endroit qui pouvait les protéger de la pluie restait le temple maudit.
— Tu te rends compte de ce que l’on a vu ? s’exclama Martika. Un géant ? Je ne pensais pas que cela existait réellement ?
— Pourtant, un temple sur une planète infernale ne semblait pas te surprendre !
— Si, insista Martika, d’ailleurs, tout me surprend depuis que je t’ai rencontré.
— Ah bon ?
— Eliana, je sais que tu ne me croiras pas. Mais l’amour que j’ai pour toi dépasse celle que j’ai pour moi-même. Donc si je meurs sur cette planète, je veux que tu le sache avant que je crève.
Eliana ne répondit pas. Elle repensait encore à ses rêves. Celles qu’elles faisaient de planète, tout commençait à s’éclaircir.
— Eliana. Ne te demandes-tu pas pourquoi le temple a survécu à la mort de planète ?
— Par magie ? répondit hasardeusement Eliana.
Elle soupira, Martika sourit et continua.
— Eliana, la magie n’existe.
Eliana regarda sa compagne comme si elle avait dit une phrase interdite.
— Bon d’accord, s’énerva Eliana. L’apparition du géant nous a prouvé un événement métaphysique magique ou je ne sais quoi de farfelu ! Mais cela ne veut rien dire. Il avait de fortes chances qu’il s’agissait d’un hologramme extraterrestre.
— Retournons dans le temple. Peut-être se passera-t-il un miracle.
Eliana écarquilla les yeux. Martika avait-elle perdu la tête ?
Elles retournèrent dans le temple. Eliana espérait de toute son âme, un miracle.
— On fait-on quoi maintenant ? demanda-t-elle.
— On attend le miracle.
Eliana voulut rire. Elle n’avait jamais cru aux miracles. En réfléchissant mieux, elle se disait qu’être croyante n’était pas aussi stupide qu’elle pouvait le penser.
— Il ne faudrait pas dire « Pourquoi tes mots et pas les miens » ? proposa-t-elle, d’un air dubitatif. Cette phrase nous à sauver une fois. Pourquoi elle ne nous sauvera pas une deuxième fois.
— Cette phrase semble magique comme tu le dis répondit Martika.
Soudain, elles entendirent une voix sortir du temple. La première fois, elles n’avaient pas saisi le sens de la phrase. La voix reprit « Enlever votre combinaison ». Elles frémirent. Pourquoi enlever leurs combinaisons ? Et si l’air était respirable dans le temple ? Elles s’exécutèrent et une fois leur combinaison enlever, elles surent qu’elles n’avaient rien à craindre. Du moins, c’était ce qu’elles pensaient. La voix retentit à nouveau et une puissante lumière apparut au milieu du temple. Mystérieusement, cette vive lumière n’aveuglait pas les femmes.
— Qu’est-ce qui se passe ? demande Martika, apeurée.
La voix s’exprima une nouvelle fois. De manière moins véhémente.
— Je suis le démiurge. Le créateur du système solaire. De la terre, et de l’humanité.
Le démiurge ? Le créateur du système solaire ?
— Je crois que nous sommes en train de rêver ! persifla Eliana.
Le démiurge reprit la parole, et continua.
— Je ne pensais pas un jour que la mécanisation, et l’informatisation du monde aurait pris une tournure aussi radicale.
Eliana secoua la tête en s’imaginant se réveiller de ce cauchemar. Sauf que, elle se tenait devant la réalité.
— Nous sommes des scientifiques. Nous sommes venues sur Nibiru pour étudier le temple.
Le démiurge répondit.
— Pensez-vous pouvoir traduire l’ensemble de mes hiéroglyphes avec votre intelligence aussi limité ? Vous êtes arrivé jusqu’ici. Je vous félicite, mais sans mon aide, vous n’arriverez pas à étudier mon temple. Êtes-vous toujours aussi motivé pour continuer ?
Martika demanda au démiurge de leur transférer les connaissances du temple au cerveau. Le démiurge leurs proposa une offre plus savoureuse.
— Si je vous transmets toutes les connaissances du système solaire. Vous ne pourriez plus revenir sur terre. Vous surpasseriez toutes intelligence. Vous deviendriez des nymphes cosmiques. Je veux bien vous accorder ce privilège. Après tout, vous êtes arrivé jusqu’ici. Est-ce votre choix ? Devenir des déesses ?
Elles se regardèrent. Martika avait raison. La magie existe vraiment. Eliana doutait encore. Même en ayant les preuves devant elle. Tout cela lui rappelait ces étranges rêves. Était-ce des rêves prémonitoires. Elle ne saura jamais le pourquoi du comment.
Choisir entre revoir ses proches, où devenir l’égale des dieux. Les scientifiques nageaient dans un vaste dilemme.
— En quelque sortes monsieur le démiurge, vous nous proposer de réaliser notre rêve, comprit Martika. Celui que chaque scientifique cache secrètement : Devenir dieu.
— Je crois bien, affirma Eliana.
Le démiurge émit un rire et dit :
— Vos robots ont réussi à traduire certains de mes hiéroglyphes. Je reste assez surprit de votre talent.
Finalement, après une rapide réflexion. Les scientifiques décidèrent d’accepter l’offre du démiurge. Aux oubliettes la terre. Une offre pareille n’arrive pas tous les jours. Le démiurge transforma les scientifiques. La couleur noire des jeunes femmes devint bleu foncé comme l’océan. Leurs yeux s’agrandirent légèrement, et leurs pupilles prirent une couleur rouge. Elles grandirent en taille ainsi que leurs cheveux. Le démiurge leur suggéra une deuxième offre, un peu plus particulière que celle qu’elles avaient accepté.
— Maintenant que vous avez changé de corps et d’esprit. Désirez-vous fusionner avec moi, afin de faire mourir votre égo ?
— Qu’entendez-vous par faire mourir notre égo ? demanda Eliana, curieuse.
Le démiurge leur expliqua que l’homme était le gardien de la vie sur la terre.
— L’égo est le propre de l’humain. Une fois qu’il n’existe plus. Il devient un dieu accompli.
Une fois délivrer de ce qu’il le fait souffrir et mourir. Il peut devenir une divinité accomplit. Vous passerez de nymphes cosmiques, à déesses primordiales ! Les nymphes cosmiques se regardèrent. Elles avaient acquis la totalité des connaissances de l’univers mais, ce que voulait leur faire comprendre le démiurge n’arrivait pas s’installer dans leur esprit.
— Cela veut dire qu’on ne possèdera plus de corps physique ? demanda Martika, en essayant de comprendre.
Le démiurge répondit.
— Cela veut dire que vous ne connaîtriez plus de souffrance liée au corps ni à l’âme. Vous seriez délivrée de l’existence terrestre. Mais votre esprit vivra dans les mondes des esprits.
Le démiurge leur demandait de choisir entre la matière et l’esprit.
Les scientifiques choisir naturellement la matière. En plus, elles appréciaient le physique que leur avait donné le démiurge.
Le démiurge fit une mise en garde. Elles ne pouvaient pas rester sur Nibiru car la planète allait s’autodétruire. Leur départ allait être imminent.
Elles devaient quitter la planète pour partir dans la constellation d’Orion. La constellation des dieux. Il ouvrit les portes du temple. Les déesses se retournèrent et aperçurent un vaisseau doré. Le démiurge les invita à s’installer.
— Ce vaisseau. C’est le vaisseau de votre nouvelle vie, déclara le démiurge.
Le vaisseau décolla accompagné des déesses. Elles quittèrent la voie lactée.
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