Petite boule noire

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Bonjour, à peine âgée de deux mois, je suis contrainte de me débrouiller toute seule pour me nourrir. Ma maman, épuisée et sous-alimentée, nous a abandonnés mes frères et sœurs et moi-même. Malgré tout, j’ai une formidable envie de vivre, une rage de vaincre. Et peut-être aussi suis-je heureusement dotée d’un flair infaillible...

Non loin du lieu où je suis née, il y a un hôtel et je suis irrésistiblement attirée par les odeurs qui émanent de la cuisine. Je m’y hasarde, mais je me fais congédier manu militari par des coups de pied dans le derrière ! Alors, je longe la plage, il n’y a rien à grappiller. Je m'aventure vers la route principale qui n’est autre qu’un chemin de sable et je renifle le sol. Ici, je trouve une graine de jujube, là, des arêtes de poisson. Où aller ? Je me love alors contre un arbre et je m’endors, tremblante, mon estomac émettant d’étranges borborygmes.

Le lendemain, une pluie fine se met à tomber, inlassablement et la nuit va bientôt s'abattre. La faim me tenaille toujours. Je fais une autre tentative vers l’hôtel et je tombe dans les bras d’une jeune fille de 11 ans :

-       Oh maman, regarde ! Il doit avoir faim ! Mais tu as vu comme il est rempli de bébêtes, et si je le lavais ?

Et voici qu’elle me donne mon premier bain, et je me laisse faire parce que j’ai tellement faim. Peut-être qu’après ?... Mais non, la fille s’est lassée de moi et je me retrouve seule. J’essaie de rejoindre ma maman, mais je me fais battre par son maître et je m’enfuis vers la plage. Désespérée, je retourne à l’hôtel et je me précipite comme une furie dans la salle principale, le nez au sol.

J’entends alors une voix :

-       René, regarde, mais c’est un chiot !

J'ai déboulé comme une bombe, rassemblant le peu d'énergie qu’il me reste ; je suis un chiot tout noir avec le bout des pattes blanc, une boule de poils noirs, une boule de nerfs investie d’une mission primordiale : dévorer.

Soudain, j’entends quelqu’un qui m’appelle :

-       Pssssst !

J’accours vers deux personnes attablées. Alors, on me tend une soucoupe avec… des morceaux de poulet et du riz ! Vous avez bien lu ! Des morceaux de poulet ! Inutile de vous dire que j’engloutis le tout à la vitesse de l’éclair ! En une minute, il n’y a plus rien et oh mon Dieu, j’ai droit à une autre ration !

Repue, éreintée, j’avise le sac à dos qui se trouve à côté de mon écuelle de fortune et je m’y engouffre, je m'y accroche. Quelque chose me dit que je dois rester dans ce sac et qu’il est mon refuge, ma sécurité, ma bouée de sauvetage…

 

************

 

Un mois après : Je m’appelle Maurita, je suis une petite chienne malgache et je coule des jours heureux en France, avec mes maîtres que j’aime plus que tout.

 


 

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