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Je le laisse récupérer. Mon plat favori fait le reste. Je suis heureux, car il aime et engloutit tout avec un immense sourire. J'ai réussi à l’impressionner, car lui, me dit-il, ne sait absolument pas préparer un plat. « Ce sont les femmes qui font la cuisine ! »

On discute un peu. J'ai pas envie de replonger dans ses questions. On parle de nos distractions. En fait, à part le réseau avec les potes, je ne fais pas grand-chose. Il me dit qu’il va souvent au ciné et qu’ils ont une combine pour entrer sans payer. Je n’imagine pas comment ils peuvent y arriver, avec tous les contrôles qu’on se paie ! Il m’explique qu’il y en a un qui rentre, en payant, puis il va ouvrir une porte au fond, près des toilettes, et les autres entrent. Quand je lui demande pourquoi il n’y a pas d’alarme sur la porte, j’arrête, parce que, encore une fois, il ne comprend pas.

Il devait aller voir Les tontons flingueurs, qui vient de sortir. Je tilte ! Papa est fou de ce film. Je comprends pas tout, mais il rit tellement fort que je fais comme lui.

J'installe le portable face à nous, je cherche sur la VOD. Toumaï a fait des progrès, car il ne dit rien. Il a l'habitude d'être étonné maintenant !

Il me jette quand même un drôle d’œil quand ça démarre. Genre quand il a vu son premier cadeau de Noël. Ça m'amuse et ça me plait de lui faire plaisir.

Pas besoin de sous-titre, c'est en VF ! C'est vraiment un mec de cette époque, car il comprend mieux que moi et il se tape les cuisses comme papa. Je suis à la ramasse. Je sais qu'il va m'expliquer si je lui demande. Le voir ainsi me fait quelque chose.

On va se coucher. Quand je lui propose de se doucher, il me dit qu'une fois par semaine, ça suffit. Faudra voir à voir. Moi, les odeurs, je n'aime pas trop. Pareil pour la brosse à dents. J'y avais pas pensé hier, normal, j'étais perdu. Mais là, je le force. On va pas s'embrasser sur la bouche, mais quand même !

Je me dis qu'il faudrait aussi changer ses pansements, voir si ça tourne bien. Surtout qu'il s'est vautré une fois sur le vélo et qu'ils sont sales.

J'ai à peine ouvert la bouche qu'il est déjà à poil devant moi. Bon, hier il sortait de la douche, mais aujourd'hui, il aurait pu garder son boxer. Il voit que je suis gêné.

— Ça t'embête de me voir tout nu ?

— Nan ! Enfin, un peu. On se promène pas à poil comme ça !

— Même quand on se connait ?

— J'sais pas si on se connait vraiment ?

— Mais on a dormi ensemble, tu as dit qu'on était cousin…

— Ça, j'en sais rien. Et puis, on a pas dormi ensemble. Enfin, pas comme quand on dort ensemble…

— T’es compliqué, Zozo !

C'est la première fois qu'il le dit. Je rougis ! À son tour d'être gêné. Résultat, on reste comme deux cons sans savoir quoi faire.

Comme d'hab, c'est lui qui réagit. Il arrache tous ses pansements. Moi, j'aurais mis une heure en hurlant à la mort. Ne vous moquez pas, je suis d'une nature sensible.

— Allez, toubib, raccommode !

Tout à l'air OK. Y a plus que des croutes, sauf à trois endroits que je nettoie doucement. J'aime faire ça, j'aime prendre soin de lui. Il a l'air d'aimer aussi, tellement il me regarde gentiment. Je reste concentré sur ce que je fais. Je le retransforme en bonhomme de neige, car pas question que les croutes s'arrachent.

En quittant la salle de bain, il me dit :

— Zo ! Je voulais pas te gêner tout à l’heure. Tu sais, se promener nu, c’est pas un problème. On le fait sans y penser ! Je vois que tu n’es pas là l’aise. Je ferai attention.

C’est pas ça ! Enfin, si, mais surtout, le seul à m’appeler Zo, c’est papa. Et pas n’importe quand : uniquement pour des choses importantes. Quand il m'appelle Zo, j’écoute avec les deux oreilles. Personne d’autre ne m’appelle comme ça. Même pas maman. Alors, lui, pourquoi l’ai-je laissé faire ? Simplement parce que ça m'a fait plaisir ?

— Nan ! C'est pas grave. Moi aussi, je dois m'adapter à toi et respecter ta façon de vivre.

Je suis très troublé par tout ce qui arrive en même temps. Je n'aime pas voir les gens tout nus, même pas moi. Mais je n'ai pas vraiment été gêné. Plus le « Zo ». Qu'est-ce qu'il se passe ?

Je voulais lui poser la question pour la nuit, mais comme j'étais ailleurs, c'est lui qui a décidé. Direct dans mon pieu, comme hier. Il aurait pu me demander. Je ne sais pas si ça me fait plaisir ou non. Je crois que oui, alors je ne dis rien.

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