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On se couche et il me reprend direct dans les bras.

Là, vous arrêtez de me lire. J’ai besoin de l’écrire, mais je ne veux pas que vous le lisiez. Voilà, je suis très embêté, car je ne sais pas ce qui se passe. Avec Momo ou Gaby, on se tape, on se prend, on se bise parfois, comme avec d’autres, mais ce sont des copains, c’est normal. Avec Amélie, je sais pas ! Vous savez, quand vous êtes largué, que vous êtes trop ému, avec l’envie de la tenir fort, de l’embrasser, mais que vous ne voulez pas lui faire peur, juste être complètement gentil avec elle. Quand on est tous les deux, ce n’est vraiment pas facile, mais c’est tellement bon.

Avec Toumaï, je sais pas ! C’est encore autre chose. D’abord, quand je le vois sur le vélo, devant l’ordi ou à poil devant moi, je le trouve incroyablement beau. Un peu comme Momo, sauf que lui, il est quand même typé ! Rebeu pur jus. Je m'en fous, ça lui donne un style. Robert, il est simplement beau, je veux dire beau comme j’aimerais être, quoi. Il a un corps bien musclé, pas un fil de fer barbelé comme moi. Il a des cheveux noirs, pas blondasse comme moi. Bon, c’est vrai que je suis un des seuls garçons à avoir les cheveux longs. Simplement, je n’aime pas être comme les autres.

Bien sûr, ma coiffure me vaut des vannes vaseuses des boloss. Le pire, c’est les « Qu’elle est jolie » des vioques qui feraient mieux de se faire refaire les lunettes. Là, généralement, j’ai des retours tout prêts qui les clouent ! En plus, j’ai la peau blanche de maman, et pleine de boutons, malgré les pommades et les traitements que papa essaie sur moi. Bref, pas une réussite. Il parait que ça va changer ! J’ai hâte. Ça n’empêche pas Amélie d’être avec moi. Enfin pas encore. On n’ose pas se montrer, mais on va le faire. Il faut que je lui demande si elle est d’accord, mais c’est pas évident.

Alors que Robert, il a la peau mate, bien lisse. C’est vraiment pas juste ! Juste en disant ça, je me dis que mes problèmes de beauté par rapport aux siens, c’est nul. Après, on le sent intelligent, habile. Surtout, il est plus fort que moi. Enfin, fort n'est pas le bon mot : il sait ce qu’il doit faire. Moi, je ne sais jamais ce qu’il faut faire.

Voilà, alors vous comprenez, même si vous continuez à ne pas lire, que quand il me serre dans ses bras, je suis super heureux. Je ne sais pas ce que c’est, mais c’est comme si j’avais un grand frère, très fort, très protecteur. Je suis vraiment content qu’il soit arrivé.

Moi aussi, je le serre dans mes bras. J’ai peur ! Il est venu comme ça, on ne sait pas comment. Il peut disparaitre aussi sec. J’aime bien comme on est ensemble. Je l’aide et j’aime l’aider. D’un autre côté, j’ai l’impression qu’il me fait comprendre des choses, qu’il me fait grandir.

Pour le moment, le grand frère, comme hier soir, je sens qu’il se laisse aller. Il pleure encore. Moi, je le trouve courageux. J’aurais pas arrêté d’appeler maman. Lui, il accepte. Enfin, ça a l’air d’aller. Normal que quand il se rappelle la merde dans laquelle il est, il soit mal.

Il me fait tellement de peine que je le serre très fort. Ça a l’air de lui faire du bien. Je suis content si le petit frère peut aider le grand.

Finalement, avoir un contact physique très fort, c'est plutôt bien. Mais si je m'imagine tenant fort Amélie à sa place, je suis gêné. C'est quand même plus facile avec un copain.

Juste quand je pense ça, je sens que nos pénis sont l’un contre l’autre. Surtout que je sens une érection qui vient, et pas que chez moi. Finalement, ce n’est pas le kiff non plus.

Qu’est-ce que je dois faire ? Lui, il bouge pas. C’est sans doute naturel, comme se promener à poil ! Si je me recule, il va voir que je suis gêné et je pourrais plus le consoler. Si je reste, il va croire que je suis pédé. Je ne sais pas, mais je ne crois pas que je suis gay.

Heureusement, enfin non, pas heureusement, mon phone s’affole. Déjà, il y avait eu la suite des messages avec mes deux zigotos, pour les rassurer et organiser la suite. Je le sentais venir, car je connais les parents : au-dessus, ça devait circuler dur. Je savais que j'allais l'entendre, le Star Wars de maman. Là, c’est du lourd ! Garde-à-vous, réponse immédiate, sinon c’est la confiscation de tout pendant longtemps. J’ai compris pour en avoir été victime !

— Rob, excuse-moi, mais c’est ma mère, il faut que je réponde.

Ouf pour le dégagement, merde pour l’appel.

— Oui, m’man ?

— Mon cœur, ça va ? Tu sais où est le Doliprane ? Tu veux que j’appelle le docteur Bouteiller ? Elle va passer. Tu tousses beaucoup ? Combien tu as de fièvre ? ....

Je peux toujours gueuler ! Essayez de calmer une mère inquiète ! Là, j’ai mal anticipé !

— Nan, tout va bien, je finis par pouvoir placer. Juste je voulais plus que Momo et Gaby viennent.

— T’es pas bien ? T’es triste ? Tu pleures ?

— Nan, tout va bien. Juste pas envie. Je suis bien tout seul. J’avais envie de rester comme ça.

— Bizarre ! D’habitude, tu ne peux pas rester cinq minutes sans voir un copain ou en appeler un ! C’est quoi cette histoire de covid, alors ?

Le zbeul que j’ai mis ! En plus, il faut que je les prépare : ils arrivent dans deux jours et j’ai vraiment besoin d’eux !

— T’en fais pas ! Je ne suis plus un môme. Je joue avec eux à distance. J’avais juste pas envie de les avoir dans les pattes. Des fois, c’est bien d’être seul. Pour le covid, désolé, je n’ai pas trouvé mieux pour être sûr qu’ils rappliquent pas.

— Enzo (avec ce ton, ça rigole plus !), tu es sûr que tout va bien ?

— Mais oui !

Pourquoi les parents ne nous croient-ils jamais ? Elle ne sait plus quoi dire. Je le sais.

— Je te rappelle demain matin. Dors bien, mon cœur.

— Tout va bien. En fait, j’ai invité quelqu’un d’autre. Je t’aime, ma petite maman !

Et hop, je raccroche ! Entre UN, ou forcément UNE pour elle, invité, ça va la calmer. Enfin, pas vraiment, mais ça va lui changer les idées ! En plus, ça va les préparer. Avec le « Je t’aime, ma petite maman ! » pour finir, que je ne lui aie pas sorti depuis deux ou trois ans, je suis sûr de l’emballer !

Bon, ça, c’est fait et bien fait. Content de lui, le petit Enzo. Qu’est-ce que je fais maintenant ? J’entends que Rob ne dort pas, qu’il a tout entendu.

— C’est bon Rob, tu as entendu ! Mes parents sont au courant, ils vont nous aider.

J’aurais dû dire « J’espère qu’ils vont nous aider. », mais je ne veux pas l’angoisser. Je me glisse dans le lit. Je peux dire que ça me fait plaisir de reprendre où nous en étions ? Juste avant de m’endormir, je me sens trop heureux de tout !

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