Scène 13

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Le solstice d’été était l’occasion pour les habitants d’Albar de célébrer une légende très ancienne, propre aux quatre peuples du continent. Son histoire évoque les premières guerres que le monde ait connu ainsi que la terrible colère des divinités créatrices qui s’ensuivit. On appelait cet événement « la fête de l’astre ».


Scène 13

Il faisait encore sombre lorsque Caevanne se réveilla.
Elle percevait des éclats de voix au dehors, des cris d’enfants qui s’amusaient.
S’adossant contre la tête de lit, l’elfe devina également des rires d’adultes, entremêlés à leurs exclamations. Poussée par la curiosité, l’elfe se glissa hors du lit et s’approcha de l’unique fenêtre de la chambre.
Malgré toutes les précautions qu’elle prenait dans sa progression, le parquet grinça sous la plante de ses pieds. Elle se demanda si quelqu’un au rez-de-chaussée l’avait entendu.
Une fois devant la fenêtre, l’elfe distingua à travers la vitre des lueurs qui se mouvaient sur les façades sombres des ruelles voisines. Des torches ? Peut-être même celles des humains qu’elle entendait encore faiblement s’éloigner.
Plus loin vers la gauche, d’autres lumières émanaient de la rue principale, en plus grand nombre.
L’elfe essaya de se représenter chaque famille dans chaque foyer s’éveiller autour d’elle. Elle avait bien du mal à visualiser ce que pouvait être des milliers et dizaine de milliers d’humains, se préparant à fêter ce jour, si particulier pour eux.
Un sentiment d’excitation et d’impatience gagna la jeune elfe. Ces sensations lui rappelèrent la première fois où son père l’avait emmené pêcher au large, à bord de son embarcation.

Le pas pressé de Jolianne dans l’escalier la sortit de sa rêverie. Les grincements du parquet ne lui avaient visiblement pas échappé.
Elle frappa à la porte et Caevanne se hâta de lui ouvrir.
— Tu as bien dormi ? chuchota l’humaine, un bougeoir à la main.
La jeune elfe répondit d’un signe de tête affirmatif.
— Très bien. Suis moi, j’ai mis de l’eau à chauffer, tu vas pouvoir te servir du cuvier.
L'elfe enfila ses souliers et suivit Jolianne dans l’escalier.
Arrivées toutes deux dans le couloir, l’humaine ouvrit l’unique porte sur leur gauche et fit signe à la jeune elfe d’entrer.
Caevanne n’avait pas toujours l’occasion de se rendre dans cette petite pièce. Sombre et étroite, celle-ci se trouvait encadrée de deux grandes étagères où étaient entreposé la plupart des aliments et ingrédients des plats servis à l’auberge.
L’elfe remarqua plusieurs sacs de patates douces, de pois chiche, de fèves et de petits pois à écosser. On y trouvait également de la levure, de la farine d’orge et de blé destiné à faire le pain que Jolianne préparait, grâce au four de la cuisine. Plusieurs volailles, pièces de viande de mouton et de porc pendaient aux crochets fixés sur le mur du fond. Caevanne appréciait particulièrement le lard fumé et les œufs aux plats que l’on pouvait servir le matin, en complément des bouillons de légumes. Le repas du milieu de journée nécessitait d’avantage de préparation : il s’agissait essentiellement de ragoûts et, pour certaines occasions, de rôtis cuits longuement à la broche, dans la cheminée de la grande salle.
C’était la réserve de l’auberge et, ce matin là, l’humaine avait installé une étrange cuvette métallique au centre de la pièce.
— Voilà le cuvier, tu vas pouvoir te laver ici, lui expliqua Jolianne. Reste là, je vais chercher l’eau à la cuisine, ajouta-t-elle avant de disparaître dans l'entrebâillement de la porte.
Caevanne observa l’objet avec curiosité. Habituellement à l’auberge, chacun des membres de la petite famille faisaient quotidiennement leur toilette dans leurs chambres respectives à l'aide de bassins et d'aiguières en céramique. Chez elle, la jeune elfe avait toujours pris l’habitude d’aller se baigner à la rivière, accompagnée des autres jeunes filles de son village.
Jolianne revint lourdement chargée de deux grands sceaux d’eau d’où s’échappaient de larges filets de vapeur.
— Fais attention à toi ma petite, c’est encore très chaud !
L’humaine titubait dangereusement et Caevanne s’empressa de saisir un des récipients qu’elle portait. Une fois le cuvier rempli, Jolianne attrapa un bocal de verre sur l’étagère et versa une faible quantité de la poudre qu’il contenait dans le bain de l’elfe.
— C’est de l’armoise, une plante qui repousse les esprits malveillants, souffla l’humaine. On en trouve en grande quantité dans les forêts à l’est.
Caevanne la regarda faire et se demanda si une plante était suceptible d'avoir de tels pouvoirs.
— Tu pourras mettre cette tunique pour l’occasion, qu’en penses-tu ? Elle est à toi.
L’elfe remarqua, posés sur le tabouret, la chemise blanche finement brodé ainsi que le surcot teinté de vert que lui désignait Jolianne et jubila.
— Merci infiniment, c'est magnifique !
— J’étais sûre que ça te plairait, taquina l’humaine.
Une fois seule, la jeune elfe se débarrassa de sa tunique et se laissa glisser dans l’eau, se retrouvant aussitôt enveloppée d’une agréable chaleur.

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