Scène 3-5

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Scène 3

La sphère flottant devant eux, les gardes la guidèrent dans les ruelles sombres de la ville.
Peu de personnes se trouvaient encore dehors à cette heure tardive.
La jeune elfe jeta un regard en arrière, espérant voir une dernière fois les elfes sur le quai, et distingua une ombre dans l’allée. L’apparition, effrayante, n'avait rien d'humain et mesurait au moins deux mètres de haut. Immobile, elle les observait silencieusement s'éloigner.
Caevanne s’apprêta à alerter son escorte mais la silhouette se volatilisa.
Loin d'être rassurée, la jeune elfe avait maintenant hâte de sortir de cette petite ruelle et, heureusement, ils arrivèrent dans ce qu'elle supposa être l'avenue principale de la ville.
Au dessus d'eux, la sphère passa du blanc éclatant au rose clair. Ils devaient approcher du but. Et effectivement, quelques instants plus tard, les soldats s’arrêtèrent, dans un dernier cliquetis de métal.

Scène 4

Tous trois se trouvaient à présent face à une large porte en bois, grande ouverte.
Ils arrivèrent dans une cour avec un puits en son centre. Des hennissements retentirent à l'autre extrémité de l'endroit où ils se trouvaient, plongée dans la pénombre. Sur leur droite se dressait une grande bâtisse de deux étages.
Alerté par l’affolement des chevaux, un homme s’avança vers eux. Il était très grand, imposant et massif. Caevanne comprit qu'il s'agissait du maître des lieux. Les gardes le reconnurent et, après un instant d’hésitation, l’un d’eux s’avança puis échangea une poignée de main avec l’homme, tout en observant la jeune elfe du coin de l’ oeil.
Le nouveau venu parla aux gardes en faisant de grands gestes, un large sourire accompagnait chacune de ses phrases. Il interpella Caevanne et lui fit signe d'approcher. S’appliquant comme il le pouvait, celui-ci lui souhaita la bienvenue en elfique. Aussitôt, la jeune elfe le remercia.
L'homme remarqua l’expression agacée des gardes et devina qu’il était temps pour eux de partir. Il les raccompagna à la grande porte et se tourna ensuite vers Caevanne, lui adressant de nouveau un grand sourire. Ne pouvant s’exprimer davantage dans la langue de son invitée, celui-ci l'invita à le suivre. Marchant côte à côte, ils se dirigèrent tout deux vers le bâtiment principal.

Scène 5

En franchissant le seuil, la jeune elfe arriva dans une grande salle où se trouvaient de longues tables, alignées les unes à côté des autres. Face à l’entrée, un large escalier permettait l’accès à l'étage. À sa gauche, une porte restée ouverte laissait échapper les odeurs du repas servi un peu plus tôt dans la soirée. En y entrant, Caevanne comprit que c'était la cuisine.
Une jeune humaine les y attendait, ces habits étaient ceux d’une servante de maison, de jolies cheveux blonds tombaient sur ses épaules. Sous le regard du propriétaire, elle installa la jeune elfe à la table au milieu de la pièce et lui apporta de quoi manger. À plusieurs reprises, l’homme voulut prendre la parole mais les mots lui manquèrent. Il se leva, lui fit signe de patienter et disparut dans l’obscurité d'un couloir menant aux pièces voisines.
Lorsqu'il revint, l'homme tenait par la main une femme légèrement plus jeune que lui. Rayonnante, elle devait approcher la quarantaine, ses cheveux blonds lui arrivaient jusqu’aux épaules, une lueur bienveillante animait son regard. Elle embrassa la jeune elfe avant que celle-ci ne puisse réagir. Caevanne sentit de larges bras l'envelopper tandis qu'une odeur sucrée embaumait l'air. Elle reconnut le parfum de la violette et des coquelicots qui poussaient dans les environs de son village. Un instant, la tension qui paralysait ses membres s'estompa. L'humaine desserra son étreinte.

Derrière elle, un jeune homme ferma la porte et s’avança à son tour. C’était dans la pièce le seul à ne pas être blond, il avait, tout comme Caevanne, de beaux cheveux d'un noir ébène. En le dévisageant, la jeune elfe jugea qu’il devait avoir quelques années de plus qu’elle, peut être dix-sept ou dix-huit ans, tout au plus.
Contrairement à elle, celui-ci se montra plus réservé et lui tendit simplement la main.
Il imita la jeune femme qui venait de s’asseoir, et prit place à la petite table, continuant d'observer l'elfe avec intérêt. D’un geste impatient, le propriétaire indiqua à la servante qu’elle pouvait se retirer. Celle-ci se hâta de servir un verre de vin à Caevanne, adressa un signe discret au jeune homme puis disparut dans le couloir. L’humaine prit la parole :

— Je suis vraiment contente que l’on puisse t’accueillir dans notre auberge, comment t’appelles-tu ? Moi c'est Jolianne, voici mon mari Ogan et Thilas. La jeune fille qui vient de partir s’appelle Lynell, elle travaille pour nous et en échange, nous l'hébergeons.

Caevanne fut étonnée de l’entendre parler si bien sa langue, c’était pour elle une nouvelle très rassurante.

— Je m’appelle Caevanne, c’est très gentil à vous de m’accueillir ici, merci…

Tandis que Jolianne répétait dans la langue locale ce qu’elle venait de dire, la jeune elfe sentit peu à peu le poids des regards sur elle.
Par l’intermédiaire de sa femme, l’homme se présenta à son tour.

— Ogan me dit qu’il est honoré de pouvoir te recevoir. Aujourd’hui, on lui fait confiance et il tient à ne pas décevoir ceux qui t'ont guidée jusqu’ici. On veillera à ce que, sous ce toit, tu ne manques de rien.

Caevanne l’écoutait tout en observant Ogan parler dans cette langue qu’elle ne comprenait pas. La jeune femme poursuivit :

— Maintenant, il voudrait te parler de l’auberge. Entre les clients à nourrir, l’écurie, la forge, les chambres à l'étage et les livraisons à récupérer, tu comprendras que le travail ici ne manque pas. Son père, Brahm, possédait déjà cette auberge et appréciait tout particulièrement les personnes qui y travaillent durement et avec ténacité. Entre nous, ajouta-t-elle en se penchant légèrement vers elle, évite de rester sur place à ne rien faire lorsqu’il est là. Je pense que ce sera tout et, si tu as un problème, n’hésite surtout pas a venir m’en parler.

Lorsque la présentation s’acheva, Caevanne comprit que le quotidien à l’auberge ne serait pas de tout repos et tout ce travail en perspective lui rappela à quel point elle était épuisée. Heureusement, la jeune elfe ne pouvait rien cacher à Jolianne qui l’observait avec attention depuis qu’elle avait pris place face à elle.
L'humaine se leva, fit comprendre à son mari que l’invitée avait besoin de repos et, la prenant par la main, l'entraîna dans le couloir. Celui-ci donnait sur plusieurs pièces, certaines portes restées légèrement entrouvertes permirent à Caevanne d’entrevoir de petites salles dans lesquelles se trouvaient des lits. Elle se demanda si on allait l’installer dans l’une de ces chambres. Elle se trompait. Caevanne n’avait pas aperçu le nouvel escalier qui leur faisait face, au bout du couloir.

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