Chapitre 5 : Nuit de Noce, Partie 2

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La fée était désormais habillée d’une longue robe blanche, serrée à la taille par un corset doré lacé à l’avant orné d’un col et de rubans jaune vif, et complété par une jupe rouge. Ses cheveux était relevé en une haute queue de cheval dévoilant son visages qu’encadraient des boucles d’oreilles en or auxquelles pendaient des perles blanches. Au moins, elle s’était habillée correctement…

Nos regards se croisèrent pendant une demi-seconde, puis la fée détourna le regard et s’assit sur la chaise que Laïus avait avancé à son attention.

  • Merci beaucoups, lui dit-elle avec un bref sourire de reconnaissance.

Laïus en fut tellement stupéfait qu’il se figea pendant une seconde. Même s’ils demeuraient les yeux résolument baissés, tous les esclaves devaient être aussi ébahis que lui en ce moment. J’ai serré les poings en inspirant profondément pour calmer mon irritation. Remercier un esclave pour avoir fait son devoir, c’était comme écoper l’eau d’un bateau avec un sceau percé : stupide et inutile.

Laïus reprit rapidement ses esprits et inclina la tête avec respect avant de guetter mon signal pour servir le diner. Après un sec hochement de tête de ma part, Laïus fit signe aux serviteurs de déposer les plats devant nous, tandis que deux autres remplissaient nos verres de vin. Mon plat était une coupe d’or fermée par un petit couvercle, mais je savais exactement ce qu’il contenait. Cependant ce qui m’intriguait, c’était l’assiette couverte posée devant ma femme, laquelle l’observait également avec appréhension.

Sur un signe de Laïus, l’esclave qui se tenait près de la fée enleva le couvercle doré, dévoilant son contenu.

  • J’avoue avec embarras que je ne connais rien des habitudes alimentaires des fées, Madame, déclara Laïus d’un ton contrit. Mais j’ai entendu dire que le régime du peuple de la forêt est similaire à celui des humains… aussi ai-je pris la liberté de commander en cuisine un plat qui répond à leur goût et qui, je l’espère, satisfera aussi votre palais. Il s’agit de filets d’auroch laineux accompagnés d’une, hum, « salade de couleurs estivales », comme l’a ainsi nommé notre chef de cuisine. J’espère que ce plat sera à votre goût.
  • Oh, c’est… c’est très gentil de votre part, le remercia ma femme avec un sourire contrit. Cependant je… je ne mange pas de viande.
  • Stupide, ai-je lancé d’une voix exaspérée.

Les yeux de ma femme lancèrent des éclairs. Elle ouvrit aussitôt la bouche avec l’intention de répliquer, mais Laïus s’interposa à temps :

  • Toutes mes excuses, Madame, répondit l’intendant en faisant signe au serviteur de débarrasser l’assiette. Je vais renvoyer le plat en cuisine et nous allons tout de suite vous préparer quelque chose de plus adapté à vos goûts.
  • C’est inutile, je vous assure… La salade me conviendra très bien.

Laïus s’inclina, puis fit signe à l’autre serviteur qui attendait près de moi de soulever ma coupe, dévoilant son contenu devant mes yeux affamés.

  • Pour vous, Monseigneur, nous vous avons préparé votre met préféré : un sorbet sanguin fait avec du sang de vierge de dix-neuf ans d’âge, et…

Un hoquet d’horreur l’interrompit. Il venait de ma femme, laquelle regardait mon plat avec une expression révulsée, partagée entre la stupeur et le dégoût. Sa réaction (hautement exagérée) m’irrita tellement que je voulut lui donner une leçon. C’est donc avec un air de défi que j’ai saisi la fine cuillère d’ivoire posée devant moi, et que j’ai goûté à mon plat sans quitter des yeux le regard dégoûté de ma compagne.

  • Excellent, Laïus, le complimentais-je avec un sourire froid.

Les sorbets et autres glaces faisaient partie des rares aliments presque « solides » que les vampires étaient capables d’ingérer sans les vomir immédiatement. Toutefois c’était un mets que nous devions consommer avec modération, sous peine de dérègler dangereusement notre système digestif et de subir une violente indigestion.

Avec un air de mépris ouvertement affiché, la fée prit ses couverts et commença à manger en repoussant soigneusement la viande au bout de son assiette.

Le diner s’est déroulé dans un silence quasi-totale, avec d’un côté ma femme les yeux résolument baissés vers son assiette, et de l’autre moi qui l’observait sans me gêner, réfléchissant à la meilleure manière de lancer les hostilités. Quand finalement la fée posa ses couverts en travers de son assiette, j’ai remarqué qu’elle n’avait toujours pas mangé sa viande.

  • Vous n’avez pas fini votre repas, lançai-je en plissant les yeux.
  • Je vous l’ai dit, je ne mange pas de viande, répondit sèchement la fée en refusant toujours de m’envisager.
  • Et pourquoi donc ?
  • Parce que ce n’est tout simplement pas dans les mœurs des fées de manger la chair d’un autre être vivant.
  • Sottise, ai-je jugé. La violence fait pourtant partie de cette nature que vous vénérez. Le chasseur devrait-il se condamner à mourir de faim pour protéger ses proies ?
  • Vous démontrez une fois de plus votre ignorance, rétorqua ma femme avec hauteur. Le chasseur et la proie font partie du cycle naturel ; ils aident tous deux la nature à garder son équilibre pour qu’elle puisse continuer à prospérer. La violence du chasseur est nécessaire, mais elle est également contenue : il ne tue que pour se nourrir, permettant ainsi à la nature de se régénérer à nouveau.

Soutenant pour la première fois mon regard, la fée continua d’un ton méprisant :

  • En revanche, vous les vampires n’êtes rien d’autres qu’une gangrène qui corrompt l’ordre naturel ; vous ne tuez pas par besoin, mais plaisir. Et vous ne vous arrêtez pas là : vous soumettez les autres créatures vivantes à votre volonté… vous vous en servez même pour soutenir votre mode de vie décadent ! Vous avez fait de la cruauté un art pervers… un spectacle répugnant dans lequel vous et vos semblables vous complaisez !

J’ai éclaté de rire.

  • On voit bien que vous ne vous êtes jamais aventurée en dehors de votre petit royaume isolé ai-je ironisé. Si vous pensez que les vampires sont les êtres les plus méprisables de la Terre, c’est que vous n’avez pas vu le reste du monde. L’équilibre naturel ? Balivernes. Les forts ont toujours martyrisé les faibles. Il n’y a pas d’équilibre là-dedans. C’est une relation à sens unique.
  • Comme votre relation avec votre reine ?

Ma cuillère m’échappa des mains, tandis que mes serviteurs se figèrent immédiatement. L’atmosphère était si lourde que si quelqu’un avait tenté d’entrer dans la pièce à cet instant, il aurait été obligé de se creuser un passage dans ce silence oppressant et aussi solide qu’un mur de béton.

Lentement, j’ai ramassé ma cuillère, sachant que mes serviteurs, qui avaient tous les yeux baissés, ne perdaient pourtant pas une miette de ma réaction, conscients que j’étais au bord de l’explosion.

  • Je ne vois pas ce que vous voulez dire, répliquai-je d’une voix hachée.
  • Vous pensez vraiment que je n’avais rien remarqué ? Vos regards, votre façon de vous tenir devant elle…
  • Plus un mot.

Je n’avais pas haussé le ton, mais la colère dans ma voix était tellement perceptible que ma femme eut un mouvement de recul instinctif. Fort heureusement, elle eut la présence d’esprit d’obéir et de ne pas répliquer… parce que je crois que cette fois-ci, je l’aurais vraiment tué.

Inspirant profondément, j’ai fait signe à l’un des esclaves de me servir un nouveau verre de vin.

  • Je crois qu’il est plus que temps que nous mettions les choses au clair, déclarai-je. Vous ne semblez pas comprendre la situation dans laquelle vous vous trouvez.
  • Mais je la comprend parfaitement au contraire, répliqua mon épouse. J’ai été kidnappée, et à présent je suis retenue ici contre ma volonté parce que votre reine veut me forcer à accomplir sa volonté.
  • Sa Majesté est aussi votre souveraine désormais. En m’épousant, vous…

-Je vous ai dit tout le bien que je pensais de ce mariage ; c’est-à-dire absolument rien.

  • …En m’épousant, vous êtes devenu la Comtesse d’Abyssombre, et donc la vassale de Sa Majesté la Reine Némésis. Vous lui devez donc obéissance…
  • Je n’ai pas consenti à cette union. Elle est de ce fait nulle et non avenue, donc je n’ai aucun devoir d’obéissance envers votre reine. La seule souveraine dont je reconnais l’autorité, c’est ma mère, la protectrice de Gaïa.
  • Epargnez-moi vos inepties ! grommelai-je d’un ton exaspéré. Vous devriez avoir saisi désormais que votre consentement est le cadet des soucis de Sa Majesté. Le moment est venu de comprendre votre position : vous allez servir la volonté de la reine, que vous le vouliez ou non. Et la première étape pour cela, c’est d’assumer votre rôle d’épouse correctement. A ce titre, je vous ai fait préparer une liste d’obligations à laquelle la Comtesse d’Abyssombre (vous), devra se conformer.

Sur mon signal, Laïus tira de sa poche une liste dorée qu’il tendit avec déférence à ma femme, laquelle s’en saisit d’un air pincé et parcourut rapidement le document.

  • C’est généralement Laïus en sa qualité d’intendant ou l’un de mes serviteurs à Abyssombre qui s’occupent de la majeure partie de ces tâches. Toutefois cette responsabilité vous incombe désormais. La tenue de ma maison, la supervision des esclaves et la réception des invités que je ne pourrais pas assumer, seront par exemples quelques-unes de vos nouvelles…

SCRRRRATCH.

C’est le son que produisit la liste lorsque soutenant mon regard, ma femme leva la feuille bien en évidence devant elle avant de la déchirer en deux, puis en quatre. La fée froissa les morceaux restants avant de les laisser tomber sur la table d’un geste théâtral…

  • Vous n’avez qu’à trouver quelqu’un d’autre pour jouer votre « épouse dévouée », déclara-t-elle. En ce qui me concerne, je refuse de me prêter à cette mascarade.

Cette fois-ci, tous mes esclaves oublièrent complètement de baisser les yeux pour la dévisager bouche-bée, estomaqués par son attitude. Même moi j’étais proprement sans voix et complètement figé, choqué par son insolence.

Sur ces mots, et après m’avoir jeté un dernier regard méprisant, la fée se leva de table.

  • Restez ici, ai-je ordonné.

La fée m’ignora et se dirigea vers la sortie.

Ce fut la goutte d’eau qui fit déborder le vase. J’avais toléré suffisamment d’affronts aujourd’hui… je n’allais pas en plus laisser cette insignifiante petite fée m’humilier devant mes esclaves !

Vif comme l’éclair, je me suis levé en tendant le bras, faisant jaillir de ma paume une ronce noire qui fusa au-dessus de la table pour s’enrouler autour du poignet gauche de mon épouse. Cette dernière poussa un cri d’effroi et de douleur mélangés. Elle tenta de se dégager, mais la ronce était bien trop solide pour être arraché, sans compter que j’en tenais l’autre bout. Je me suis alors mis à marcher lentement vers ma femme au fur et à mesure que ma ronce se rétractait. Cette dernière tira de plus belle sur son entrave, toujours sans parvenir à s’en défaire. En désespoir de cause, la fée brandit sa paume dans ma direction, surement prête à utiliser sa magie pour me repousser.

Avec un rire moqueur, j’ai tiré sèchement sur la ronce, attirant brutalement ma femme dans mes bras. J’en ai profité pour saisir son poignet ; elle se débattit, bien sûr, mais j’étais bien trop fort pour qu’elle puisse ne serait-ce que me faire vaciller.

  • Vous pensiez sérieusement pouvoir me repousser avec votre magie ? ai-je ricané. Vous êtes une guérisseuse ; vous espériez me mettre à terre en soignant mon amour-propre ?
  • Lâchez-moi, espèce de monstre !
  • Surement pas !

Je l’ai soulevé sans effort pour la plaquer sur la table, écartant d’un coup de pied la chaise qui me gênait. La fée chercha aussitôt à se relever, mais je l’ai attrapé à la gorge pour l’empêcher de se dégager. Elle poussa un gémissement de douleur étranglé, et me martela de petits coups avec sa main droite comme si elle espérait me faire lâcher prise.

S’en était presque adorable… Mais à cet instant précis, je n’avais plus envie de jouer. Alors j’ai resserré ma prise autour de sa gorge jusqu’à ce qu’elle soit au bord de l’inconscience et que ses coup faiblissent, puis s’arrêtent.

  • Maintenant vous allez devoir comprendre quelque chose, ai-je sifflé en desserrant mon emprise pour lui montrer la marque d’alliance qui brillait sur mon doigt. Vous voyez ça ? C’est la preuve de votre servitude. On vous a peut-être enlevé vos entraves enchantées, mais vous n’êtes pas libre pour autant. La sorcière de la reine a ensorcelés nos alliances : la vôtre vous empêche de quitter les frontières du Royaume Submergé, et la mienne me permet de savoir en tout temps où vous êtes exactement. Je vous averti d’avance qu’il est inutile de vous couper le doigt ou de vous arracher la peau pour vous en défaire : le sortilège est lié à votre âme. Seule une sorcière pourrait vous en débarrasser, et il n’en existe qu’une ici… Je vous laisse deviner de laquelle je parle.

Le regard défiant de ma captive se teinta d’horreur. En effet Sorticia à la demande de Némésis, était venu m’informer des modifications qu’elle avait apporté aux alliances de mariage. C’était une idée de la reine, afin de s’assurer que la fée n’arriverait pas à me fausser compagnie. Comme si, même avec ses petits pouvoirs ridicules, un tel exploit aurait été à sa portée !

  • Vous saisissez enfin ? continuai-je. Vous êtes toujours une prisonnière… ma prisonnière, car c’est à moi que la reine vous a confié. Mais devant le monde entier à présent, vous êtes aussi ma femme… et je ne tolérerai pas que mon épouse me tourne en ridicule ! Vous allez apprendre à vous tenir convenablement et vous accomplirez la volonté de Sa Majesté, sinon…

Mon épouse me cracha à la figure. Consterné, j’ai essuyé le filet de salive sur ma joue d’un geste presque distrait, irréel... Laïus laissa alors échapper une exclamation estomaquée qui augmenta encore plus ma fureur.

Un grondement de bête sauvage monta du fond de mes entrailles. Mes doigts se pressèrent si fort contre la table que cette dernière se fissura violemment. D’un violent revers, j’ai arraché le devant de sa robe. Avec un cri terrifié, la fée ramassa le tissu déchiré pour couvrir son intimité.

  • Je vous interdis de me toucher, espèce de monstre répugnant ! hurla-t-elle. Vous n’avez pas le droit !
  • Vous oubliez votre place ! ai-je sifflé en me penchant au-dessus d’elle, tel un prédateur au-dessus de sa proie. J’ai TOUS les droits sur vous ! J’en ai même le devoir devant Sa Majesté ! Oh, inutile de chercher de l’aide ! Croyez-vous que l’un de mes esclaves viendrait à votre secours ? Ils n’ont pas plus de personnalité que des meubles… Je pourrais prendre votre vertu de force ici-même devant leurs yeux, puis tendre mon verre pour qu’ils me servent du vin !

Mon visage était à présent à quelques centimètres seulement du sien… Je pouvais sentir son souffle se mêler au mien, la légèreté de son corps fragile sous mes muscles et sa respiration accélérée par la peur qui soulevait sa poitrine. Nos regards étaient comme connectés, attirés comme des aimants l’un par l’autre. Cette sensation de puissance… de tenir une créature aussi vulnérable qu’exquise complètement à ma merci… était terriblement enivrante.

D’un seul coup, ma fureur s’évanouit, remplacé par un puissant désir pour cette petite fée qui me regardait avec terreur, défi et haine mélangés… Un désir tellement puissant que je le sentais résonner dans chaque fibre de mon être. Rien d’autre n’existait plus à mes yeux que cette épouse dont je ne voulais pas… et qu’à présent je désirais plus que tout. J’avais envie de caresser ce corps fragile, de le chérir, le posséder et l’embrasser…

Une délicate odeur de sang me parvint alors. M’arrachant au regard de la fée, j’ai baissé les yeux vers son poignet, toujours emprisonné par ma ronce. Je me suis alors aperçu que les épines acérées de cette dernière avaient mordu la chair délicate de la fée, laissant couler quelques perles de sang aussi rouges que des rubis. Mon corps rugit d’avidité. Faisant disparaitre ma ronce, j’ai saisi délicatement son bras pour le porter à mes lèvres, arrachant un délicieux frisson à ma proie.

Lentement, presque avec amour, j’ai embrassé ses entailles, léchant avec douceur le sang qui perlait. Son goût si pure, si exquis, embrasa mes sens. Ma raison n’existait plus ; à présent seul mon instinct dirigeait mes actes. Je désirais cette fée… C’était ma femme, après tout ! Elle m’appartenait… et son corps aussi. Je pouvais en faire tout ce que je désirais.

Mais alors que je me penchais à nouveau sur la fée, prêt à prendre possession d’elle, j’ai croisé son regard. Ses yeux larmoyants, teintés de haine, de peur et de honte, transpercèrent mon âme. Mon désir vacilla, disputé par une culpabilité grandissante qui envahissait mon esprit.

J’avais forcé, torturé et tué des milliers de personnes sans l’ombre d’un remord, guidé par mon seul plaisir ou mes intérêts personnels. En quatre-cents ans, j’avais eu le temps de mériter amplement ma réputation de « Comte Sanglant ». Et pourtant à cet instant précis… je ressentis un élan de honte.

« Pas comme ça », murmura une petite voix dans mon esprit.

Lentement, je l’ai relâché puis je me suis redressé, me faisant violence pour m’arracher à l’attraction surnaturelle que la fée exerçait sur moi. Conscient qu’il ne fallait qu’un instant d’égarement pour que je cède à nouveau à mes plus bas instincts, je lui ai tourné le dos en inspirant vivement, ignorant le regard inquiet que me lançait Laïus.

  • Je vais en rester là pour ce soir, ai-je déclaré d’une voix rauque, bien que c’était tout le contraire de ce que je désirais. Mais dès demain, j’espère que vous aurez appris à vous comporter convenablement… Parce que je ne serais pas si tolérant.

Je voulais la regarder à nouveau, obsédé par son corps comme les papillons sont attirés par la lumière… Mais je craignais que si mes yeux se posaient à nouveau sur elle, mon instinct reprenne le dessus et me conduise à faire quelque chose de… regrettable.

Inspirant une nouvelle fois (car j’avais à présent l’impression d’étouffer), j’ai donc quitté la salle en arrachant la dernière bouteille de vin des mains d’un esclave. Son dernier regard continuait de me hanter, me faisant éprouver un désagréable sentiment de honte qui glaçait mes entrailles.

J’étais le maitre des lieux… le puissant Comte d’Abyssombre, premier des nosferatus du Royaume Submergé. Cette sauvageonne de fée avait contesté mon autorité devant témoins, me forçant à réagir. Je venais de remettre cette impertinente à sa place avec la plus grande fermeté… je l’avais même littéralement mise à nue (ou presque) devant mes serviteurs. Cela aurait dû être une victoire éclatante…

…et pourtant c’était moi qui fuyait le champ de bataille devant elle, battu par un simple regard.





A suivre...  

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