Retour à la réalité: "le vide"

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Des lueurs inquiétantes traversaient mon esprit. J'entendais des voix, alarmées, crier des ordres, puis s'en aller... Je sentais qu'il y avait de l'agitation autour de moi...

Je me réveillai, dans un hôpital. J'étais courbaturé de partout, et j'avais horriblement mal au crâne... Mes difficultés respiratoires s'étaient calmées, mais j'étais très affaibli. Une seule question me trottait dans la tête: "Qui avait appelé les secours ?"

Dans le couloir, des bruits de pas s'approchaient, en même temps que des paroles qui ne me parvenaient que par bribes...

La porte s'ouvrit, et deux hommes en blouse blanche entrèrent dans la salle, avec un air réjoui sur le visage. Ils s'échangèrent quelques mots, et l'un deux repartit, tandis que l'autre restait là, à me regarder me réveiller, d'un air inquiet...

Alors que je reprenais mes esprits, j'eus un éclair de lucidité: c'était évident, si quelqu'un avait pu appeler les secours, c'était sûrement qu'il y avait eu un survivant parmi mes victimes. Peut-être n'avait-il rien mangé, et avait-il fait semblant d'être mort pour mieux se venger ? Peu importe qui m'avait amené ici, je devais m'échapper au plus vite ! Me redressant d'un geste brusque, je ressentis une atroce douleur dans mon poignet droit, et me rendis compte que j'étais menotté au lit...

L'homme en blouse blanche, quelque peu paniqué par mes agitations, s'apprêtait à essayer de me retenir, lorsque la porte s'ouvrit sur l'autre médecin, qui avait ramené avec lui un policier !

Le policier regarda l'autre homme, puis me regarda moi... Quelque chose d'imperceptible, comme une larme invisible et pourtant douloureuse coulait au fond de son cœur. Et chose étrange, ce regard empli de tristesse m'était destiné. Alors, je regardais l'homme de plus près, et plus je le regardai, plus il me rappelait vaguement des souvenirs obscurs et lointains. J'en étais presque certain, cet homme avait déjà pleuré pour moi, et avait par la même occasion partagé mes souffrances et mes peines. C'était d'ailleurs la seule personne qui m'avait traité comme son ami. Après tant d'années, je ne me rappelais que maintenant, oui, c'est seulement maintenant que, après tout ce temps, j'éprouvais ce sentiment que je n'avais pas ressenti depuis, la joie, oui, la joie de vivre...

Mais seulement, j'étais un criminel, et lui un représentant de la loi. J'allais inévitablement devoir retourner en prison. J'allais y pourrir toute ma vie, pour "l'art"... Qu'est-ce qui m'avait pris ? J'ai voulu accomplir quelque chose de trop grand ! Eh oui ! C'est à cause de cet "art" que je chérissais tant, que j'allais devoir croupir dans une geôle trop petite pour moi et lui, le vide. Les jours me sont comptés, et je sais que l'on dit vrai, je suis sûrement fou, comme la télé, les journaux, ou les réseaux sociaux le suggèrent, mais j'ai un but, et personne ne m'empêchera de l'atteindre !

Il m'avait parlé, et cela m'avait permis de réfléchir, oui, je savais enfin comment j'allais m'y prendre pour réaliser mon œuvre divine, qui imposera sa suprématie à toutes les autres, qui ne feront que pâle figure en comparaison. Oui, j'allais tout simplement peindre le monde dans sa dernière expression, son dernier souffle. J'allais créer l 'œuvre ultime, qui nécessitera la destruction de ce monde !

Comment je m'étais enfui importait peu, mais au bout de trois semaines, j'étais enfin dehors, et il fallait que je me fabrique des nouveaux faux papiers, pour changer d'identité. Je décidais aussi de me faire pousser la barbe, et de me raser entièrement le crâne. Avec une allure aussi stupide, personne ne penserait que je suis l'auteur à en devenir de la plus belle œuvre d'art du monde, mais cela m'importait peu. Puisqu'ils n'aimaient pas mon art, ils allaient tous crever, les uns après les autres, et je me nourrirais de leur désespoir pour trouver l'inspiration, et laisser glisser mon pinceau le long de la toile, sans le retenir, pour qu'il m'emporte, à son bon vouloir, vers des contrées de couleurs et de peintures joyeuses encore inexplorées, que je me ferais un plaisir de déchirer une à une pour prouver encore une fois la suprématie de la mienne !

Il me fallait un plan...

J'avais bien pu déclencher une longue série d'attentats, alors je n'aurais normalement pas de problèmes quant à la suite...

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