Chapitre 14 - Oswald

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Le palais des horreurs, il n'y a pas d'autres mots pour qualifier ce qui s'étalent devant mes yeux. À chaque pas, je m'enfonce un peu plus dans les tréfonds de la noirceur humaine. Des femmes enchainées, de longues estafilades carmines couvrant leurs membres. Des enfants agenouillés prêt à assouvir des pulsions perverses.

Mon esprit est lacéré de coups de griffes, la bête sauvage du passé remonte des limbes de mes pires cauchemars. Cauchemars... Ou devrais-je dire réalité...

Il prend possession de mon esprit, de nous tous ! La discipline vole en éclats. Ma tête hurle. La bête nous dévore. Le corps d'une fillette inerte, couverte de bleus. Un corps nu, attaché sur une table, le baillon sur la bouche alors que l'eau se déverse sur son visage. Le liquide envahit la bouche, la gorge, le nez. J'étouffe. Est-ce mon visage ? Celui de la fillette ? Je doute. Je me noie. Je ne sais plus ! Tout se superpose.

J'ai envie de céder à cette furie mais j'ai promis la vengeance. J'ai promis de prendre soin des miens.

J'ai juré de ne plus faire de mal à ma famille, mais c'est la seule issue. Je frappe de toute mes forces le mur, l'étagère à côté de moi tremble. Je frappe à nouveau. Second séisme. Un liquide chaud coule de mon front vers mon nez, puis dans ma bouche. Il a un goût métallique. Cette saveur que je connais trop bien...

Étrangement, c'est elle qui me reconduit d'un coup à la réalité. La bête recule. Je lèche le sang qui arrive goutte après goutte sur mes lèvres. La bête se terre dans son antre. Elle a laissé sur son passage une pulsation lancinante qui bat au rythme de mon palpitant. Le mal de crâne me ramène définitivement au présent.

Putain, je leur ferai la peau !

Bip...

Merde ! Quelqu'un entre le code !

Je regarde à gauche puis à droite. Les murs sont envahis d'étagères.

Bip...

Au-dessus de ma tête ? Un enduit lisse, pas de faux-plafond. Fais chier !

Bip...

Devant moi, un bureau où trônent plusieurs écrans permettant de surveiller chaque recoin de la boutique éclaire faiblement la pièce. Sur la droite, un coin reste dans l'ombre. J'ai tout juste la place de me faufiler entre l'étagère et le bureau et de m'y accroupir. S'il s'installe dans le fauteuil, il y a fort à parier que je serai découvert.

Bip...

Alors il me faudra tuer... Je m'y suis préparer, mais pas à assassiner un innocent... Un mec qui peut rester ici au milieu de toute cette perversion peut-il être considéré comme victime ? Il n'est pas ma cible mais il mérite tout autant la mort.

Une voix masculine aux accents tokyoïtes résonne peu après le claquement de la porte.

— Aah, après avoir lu ce manga, elle sera chaude comme la braise. Rendez-vous à vingt heures, on va bien s'éclater ! Rien que d'y penser j'en ai la trique. Allez, un tour sur les écrans et je ferme boutique.

Mais c'est qu'il parle tout seul le con ! Si poli en public et si grossier dès les portes closes, les nippons.

Ses pas se rapprochent. Forcément, il s'assoit sur le fauteuil. Je me tasse dans l'obscurité, ma respiration aussi discrète que possible.

Cling

— Saleté de stylo !

Je vois sa main tâtonner sur le sol. Je me prépare à fondre sur lui. Les doigts dans les yeux puis une rotation rapide de la tête et le tour sera joué. Tout mon corps est tendu au maximum, prêt à passer à l'action.

Cette fois, c'est moi la bête sauvage.

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