Le Jour du feu

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(Musique d'accompagnement : Woodkid - Volcano https://youtu.be/mIMgSVuW0y0)



Il était un monde au nom imprononçable, peuplé de créatures aux noms imprononçables, habité de peuples aux noms imprononçables, dont les pensées et émotions nous sont étrangères. Mais de les raconter, nous tâcherons.

Il y avait eu des pourparlers. Ou y en avait-il eu ? Était-ce juste ce que les gouvernants avaient voulu que nous croyions ?

Certains d’entre nous avaient participé à une guerre de cette envergure par le passé. Nous n’avions pas hâte de nous y essayer de nouveau. Alors les dirigeants nous avaient promis que nous serions victorieux, cette fois. Les dirigeants des deux côtés.

De toute façon, là n’était pas la question. Parfois, quand les choses prennent trop d’ampleur, la défaite et la victoire sont indiscernables.

Je le savais parce que la seule différence entre les deux jusqu’ici, c’était ce que les gouvernants proclamaient le lendemain.

Parfois, on se disait qu’eux non plus ne savaient pas. Qu’ils avaient juste regardé nos graphs psy et calculé ce que nous avions besoin d’entendre pour nous battre avec plus de vigueur, ou ne serait-ce que pour continuer de se battre.

Au bout d’un moment, ça n’a plus fait aucune différence de toute façon. Nous portions la défaite en nous, aussi sûrement que si nos frères tombés l'avaient mise là. On ne se souvenait plus des raisons qui nous portaient au front. On ne se souvenait plus de grand-chose, pour être honnête. Nous avions l’impression de faire partie des tombés, nous aussi. Peut-être que c’était le cas, et que nous avions rêvé tout le reste.

Bref, on est repartis en guerre. C’étaient peut-être les Continentaux contre les Océaniques, ou les Souterrains contre la surface, ou bien les Dardés contre les Lisses. Quelle différence ? On ne m’avait pas entraîné à poser des questions. Et ce n’est pas comme si nous voyions jamais l’ennemi. Ma première unité avait eu l’air de savoir, mais d’une façon ou d’une autre, ils n’avaient jamais remarqué que nos cibles n’arrêtaient pas de changer. Les Cornus un cycle, les Rayés le suivant. Ou alors ils s’en étaient rendu compte, mais ça ne leur faisait plus rien. Pas comme si savoir aurait changé quoi que ce soit.

Me voilà donc, sur le point de zapper un Caveux ou un Techie (j’ai oublié), quand on a vu le ciel s'embraser.

– C’est ici que ça s’arrête, a dit le Trempé ou le Pointu.

Il a émis des phéromones tristes mais soulagées quelque part, heureux qu’on mette enfin un terme à tout ça.

– C’est ici que ça s’arrête, j’ai répété.

Et d’une simple pression de bouton, on est tous morts.

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