Jour dix de la disparition d’Hailey

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Jour dix de la disparition d’Hailey :

Réprimer l'impulsion de balancer le téléphone comme un vulgaire objet nécessitait toute la volonté de Lùca. Chaque soupçon d'information sur Hailey avait un prix inestimable à ses yeux. L’écran activé devant lui ne reflétait qu'un vide numérique, aussi vide que son chagrin. Mais là, une alerte scintillait — un message l'attendait. Peut-être minime, il offrait à Lùca une once d'espoir. Sa poigne sur l'appareil, ses doigts blanchissant, témoignait de la gravité de la situation. Chaque fibre de son être transpirait la détresse tandis qu’une compréhension cruelle l’étreignait.

Lùca fixait le téléphone, le souffle court, comme si ce morceau de plastique et de métal contenait toute la douleur du monde. Dans un instant de clarté presque douloureux, il se rendit compte que ceci était probablement le plus proche qu’il avait été de Hailey depuis sa disparition. C’était un fil d’Ariane au bout duquel pourrait se trouver la vérité. Cette connexion ténue pourrait le guider vers la lumière ou le précipiter dans les mâchoires d’un piège sournois.

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Chaque cellule de son corps lui criait de rejeter ce maigre espoir, de prévenir la police, de ne pas s’aventurer seul dans cette voie non balisée. Mais Hailey… Si c’était réellement elle, si elle appelait au secours à travers ce cryptage primitif, comment aurait-il pu tourner le dos à cet appel désespéré ? Il serra le téléphone, ses doigts blanchissant sous la pression. Était-ce sa volonté de la retrouver qui parlait, ou l’orgueil de croire qu’il serait son sauveur ?

Alors que son intellect et son intuition se livraient bataille, une décision ferme prit racine au plus profond de son être. Irascible et impatient face à l'inaction, Lùca trancha : il suivrait ce chemin obscur, peu importe où il pourrait le mener. Avec une détermination tremblante, il reconnut que sa vie n’avait plus le même sens depuis que Hailey était partie ; il était déjà perdu dans un océan de souvenirs et de spéculations, alors qu’importait le risque d’une quête hasardeuse ?

Respirant profondément, il enfonça le bouton pour verrouiller l’écran du téléphone. Ses yeux se fermèrent un instant, et lorsqu’ils se rouvrirent, c’était avec la résolution de celui qui n’avait rien à perdre, et tout à gagner. Il glissa le téléphone dans la poche intérieure de sa veste — près de son cœur, près de son courage vacillant — et avança vers l’inconnu.

Lùca se retrouvait tiraillé, face à une ingérence entre un désir ardent de retrouver Hailey et la reconnaissance du péril de cette piste obscure. Était-ce vraiment elle qui avait rédigé ce message ? Et si oui, comment aurait-il pu oser l'ignorer ?

Prenant une décision audacieuse mais inévitable, il choisit de suivre ce fil conducteur, peu importe où cela le conduirait. Depuis la disparition de Hailey, son existence se dessinait tel un océan de souvenirs inachevés. Armé d'une détermination renouvelée, il gardait son téléphone à portée de main, prêt à embrasser l'inconnu.

Inspirant profondément, Lùca sentait l'excitation se mêler à l'appréhension, troublant ainsi ses pensées. Chaque cellule de son être lui hurlait de se jeter dans l'inconnu, mais il savait qu'il devait faire preuve de prudence et de réflexion. Il n'avait qu'une chance unique, et il ne pouvait se permettre de la gaspiller.

Il quitta son appartement, la fermeture de la porte résonnant derrière lui avec une détermination glaciale. Partir à l'aventure nécessitait une préparation minutieuse ; il devait solliciter ses contacts, des amis dotés de compétences variées, capables de l'aider à déchiffrer et valider ce message. Levant les yeux vers le ciel gris au-dessus de son quartier, il reconnut une promesse silencieuse des événements à venir.

Son premier arrêt fut un café local où il savait qu'il pourrait rencontrer Javier, un ex-hacker devenu expert en sécurité informatique. Javier se tenait dans un coin de la salle, un sourire en coin illuminé par l'écran habituel de son ordinateur portable.

« T'as l'air tendu, Lùca », dit Javier en le voyant s'approcher.
Lùca hocha la tête, posant son téléphone sur la table devant lui. « J'ai besoin de ton aide, Jav. »

Avec concentration, Javier jeta un coup d'œil rapide au téléphone. « Fais voir ce que t'as. » En un clin d'œil, Lùca partagea le message codé. Javier fronça les sourcils en devinant la traduction. « Du Morse. Simple mais efficace pour une communication anonyme, » murmura-t-il. « Tu veux que je traque la provenance de ce message ? »

Après ce qui sembla une éternité, Javier se renversa en arrière, croisant les bras. « J'ai une bonne et une mauvaise nouvelle. »

« Vas-y. »

« La bonne nouvelle, c'est que le message vient d'un petit village à environ trois heures d'ici. Ça restreint un peu la zone de recherche. La mauvaise, c'est que je n’ai rien trouvé d'autre. »

Une décharge d'électricité courut le long de la colonne vertébrale de Lùca. Ce n'était peut-être pas grand-chose, mais c'était suffisant pour rallumer une étincelle d'espoir en lui. « Je dois y aller. Je dois savoir si c'est elle, si elle est toujours… »

« Lùca, attends. » Javier attrapa son poignet, ses yeux plongés dans les siens. « Sois prudent. Prends quelqu'un avec toi, au moins pour couvrir tes arrières. »

Lùca acquiesça, reconnaissant au-delà des mots pour l'amitié inébranlable de Javier. Se levant, il glissa le téléphone dans sa poche. « Merci, Jav. Je te revaudrai ça. »

Il quitta le café, la lumière du jour s'éteignant doucement. Chaque pas le rapprochait de cette rencontre inéluctable, l’écho des souvenirs résonnant dans son crâne. En montant dans sa voiture, une seule pensée occupait son esprit : retrouver Hailey était l'unique quête qui avait encore un sens.

Encore émoustillé par ses retrouvailles avec Javier, Lùca s'assit dans sa voiture, son téléphone fermement tenu dans sa main. Bien qu'il soit tard, il savait pouvoir compter sur Sami. Leur amitié remontait à des années, forgée dans les batailles communes de la vie- Lùca composa son numéro d'une familiarité réconfortante et porta le téléphone à son oreille, écoutant les tonalités interminables.

« Lùca ? » La voix grave et rassurante de Sami brisa le silence.

« Salut, frère. Je sais qu’il est tard et que tu te demandes sûrement ce que je trame à une heure pareille... »

Sami rit doucement. « Avec toi, je m'attends toujours à quelque chose d'imprévisible. Que se passe-t-il ? »

Lùca soupira profondément, jetant un coup d'œil à l'éclat fugitif des phares illuminant la rue devant lui. « J'ai une piste sur Hailey. Une piste sérieuse, je pense. Un message morse – par texto. Javier a pu déterminer que ça vient d'un village à trois heures d’ici. »

Sami digéra l'information. « Je viens avec toi. Personne ne devrait s'aventurer seul dans ce genre de situation. On se retrouve au café demain matin ? »

La détermination de Sami réchauffa le cœur de Lùca. Il avait prévu de le convaincre, mais il n'eut même pas à essayer. « Oui, parfait. Demain à l'aube. On aura besoin de toute notre lucidité. »

Sami acquiesça, puis ajouta d'une voix hésitante : « Tu as réfléchi à ce que tu feras si c'est vraiment elle ? »

Lùca secoua la tête, bien qu'il sache que Sami ne pouvait le voir. « Justement, c'est pour ça que je dois y aller. Je dois savoir. »

Échangeant quelques détails supplémentaires, ils raccrochèrent, laissant Lùca solitaire dans le silence relatif de sa voiture, bercé par le ronronnement éloigné du moteur. Ses pensées oscillaient entre impatience et appréhension. Le lendemain, ils se dirigeraient vers ce village mystérieux, où chaque pierre pouvait dissimuler des secrets, chaque visage potentiellement révélateur du sort de Hailey.

Tard dans la nuit, en glissant sous ses couvertures, Lùca trouva un étrange réconfort dans l'idée que peu importe ce qu'ils découvriraient, il ne serait pas seul pour affronter la vérité. Le lendemain apporterait peut-être des réponses mais aussi de nouvelles questions. Pourtant, il se sentait prêt à affronter tout ce que l'avenir lui réservait, résolu à ramener Hailey à ses côtés.

Le matin suivant, un léger brouillard enveloppant les rues prêtait une atmosphère presque mystique à leur rencontre. Sami et Lùca, attablés dans ce café familier depuis toujours, sirotaient leurs boissons dans un silence réflexif, murmurant à demi-mots leurs réflexions sur leurs futures actions.
« Prêt à partir ? » demanda Sami, rompant le silence pesant en jetant un regard pressant à sa montre. Lùca acquiesça, ses traits tirés trahissant la tension qui l'avait habité ces derniers jours. Tandis qu'ils quittaient le café, le paysage urbain se fondit peu à peu en vastes étendues rurales. Malgré leurs efforts, leur quête dans le village ne produisit aucun fruit : pas le moindre indice, aucune piste à suivre.

De retour chez lui ce soir-là, Lùca se retrouva assis dans l'obscurité oppressante de son salon, repassant mentalement chaque moment de leur enquête infructueuse. C'est alors qu'un message inattendu vint illuminer l'écran de son téléphone : "Sais-tu ce que signifie le mot apprivoiser ? C’est une chose trop oubliée. Il signifie créer des liens."

Ces paroles énigmatiques résonnaient dans l'esprit de Lùca comme un écho obsédant. « Créer des liens. » Était-il vraiment lié à Hailey ? Les liens qu'ils avaient tissés étaient-ils assez forts pour la retrouver à travers ce chaos ? Un doute grandissant infiltrait ses pensées, ternissant sa détermination mais éveillant une introspection troublante. En revivant leurs moments partagés, il était frappé par l'immensité du vide laissé par l'absence de Hailey, un abîme autrefois comblé par leur connexion profonde.

Ainsi s'ouvrit un nouveau chapitre de sa quête, où la recherche de Hailey se transforma en une exploration plus intime de sa propre compréhension des liens humains. Les jours s'allongeaient, chaque heure charriant avec elle un poids de perplexité croissante, tandis que le silence de son téléphone devenait assourdissant. Pourtant, Lùca persistait, rassemblant les fragments épars de ses pensées pour dessiner un tableau plus clair de sa vie avec Hailey.

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