Chapitre 11

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Tiana

Alors que j'entame mon assiette dans la cuisine, j'entends la porte d'entrée s'ouvrir vivement. Margaux fait irruption, ses yeux scrutant chaque recoin de la pièce, une lueur d'inquiétude passe furtivement sur son visage.

– Salut Margaux ! Tu cherches quelqu'un ? Demandais-je, la bouche pleine, un grand sourire aux lèvres.

Elle reste un instant silencieuse, les yeux fixent.

– Owen. Il n'est pas à la maison, et il ne répond pas à l'appel de ton frère, ni au mien. Dit-elle d'une voix plus basse, l'ombre de l'inquiétude alourdissant ses mots.

Elle lève le nez et sent l’air. Son regard me questionne sur s’il est en haut ou en bas. Je désigne le sol d'un geste de l'index, lui faisant comprendre qu'il est en bas, dans la cave, avec la prisonnière. Dès qu'elle comprit, un éclair de soulagement et d’inquiétude traverse son regard.

– J'espère que tout se passe bien avec la prisonnière. Murmure-t-elle, presque pour elle-même.

Je la regarde, perplexe. Que peut-il bien se passer là-dessous ? Je n’entends pas ce qu’il se passe et j’espère que Owen ne la violente pas pour obtenir des informations. Malgré tout, je continue de manger dans le calme.

Margaux attend quelques minutes, s'impatiente, puis décide de se rendre à la cave. Quelques minutes plus tard, je les vois traverser la cuisine, Owen en tête, un air sérieux sur le visage, suivi de près par Margaux. Ils se dirigent vers le bureau, à l'opposé de la cuisine. Les pas d'Owen trahissent son état d'esprit frustré. Je ne peux m'empêcher de les épier, mon cœur battant à tout rompre. Que se passe-t-il ? Qu'a-t-il découvert ?

J'attends un peu, finissant rapidement mon repas, puis m'attelle à les suivre. A pas de loup, je m'arrête au tournant du couloir pour ne pas me faire attraper. Dès qu'ils entrent dans le bureau, je me dépêche de me positionner à quelques mètres de la porte du bureau, le souffle coupé, tendue, attentive à chaque mot prononcé à l'intérieur.

Dans la pièce, mon frère se tient derrière son bureau, le visage impassible, plongé dans des documents.

– Owen, pourquoi tu n’as pas répondu à l'appel mental ? Demande-t-il. Sa voix résonnant, brisant le silence dans la pièce tel un coup de tonnerre. Ce qui me fait sursauter.

Du peu que j’entraperçois, Owen est visiblement mal à l'aise. Il prend une profonde inspiration avant de répondre.

– J'étais...occupé. J'interrogeai notre prisonnière, dans la cave, et j'étais tellement concentré que je n'ai pas fait attention. Je m'excuse.

Mon frère fronce les sourcils, relève la tête et s'incline légèrement en avant, intrigué.

– Qu'est-ce qui t'as autant...occupé ?

Owen reprend visiblement ses esprits et commence à raconter.

– Je passe les détails inutiles. Pour commencer, elle ne m'a pas entendu ni senti arriver et encore moins entrer dans la pièce. Elle semble humaine, ou en tout cas, pas une lycan. Ensuite, apparemment quelqu'un fait outre les consignes et lui apporte de la nourriture. Il y avait un trognon de pomme dans un coin de la pièce.

Oups ! Elle ne l'a pas suffisamment caché... je suis dans une mauvaise posture…

– Tiana...Entre dans le bureau au lieu de rester cachée dans le couloir. Gronde mon frère.

Je me fais toute petite, regardant le sol et entre dans le bureau. Il n'a pas besoin d'aller plus loin pour avoir des aveux, il a la coupable sous la main. Margaux me prenant par les épaules, tentant de me réconforter.

– Continue Owen.

Il se racle la gorge et reprend.

– Elle a fini par parler. Elle s'appelle Flavy et vivait seule dans cette demeure depuis un bon moment. Il y avait d'autres personnes, mais elles sont parties, la laissant seule là-bas.

– Pas de nom de famille ?

– Non. D'après ces dires, elle a perdu la mémoire et depuis, ses souvenirs viennent par morceaux mais rien de particulier. En tout cas, elle a un fort caractère qui semble apparaître par moment. Peut-être qu'il revient en même temps que ces souvenirs. Je ne sais pas.

Je retiens mon souffle, chaque mot résonne en moi. La tension dans l'air s'est adoucie, laissant place à des expressions intriguées sur leur visage.

– Ah ! Une autre chose. Elle avait posé un tissu sur les barreaux pour filtrer la lumière.

– Je ne vois pas en quoi cette information est utile sauf si tu me dis qu'elle n'aime pas le soleil. Répond mon frère

– Attends et écoutes moi jusqu'au bout. Ses yeux. Quand on l'avait trouvé, elle portait un bandeau sur ses yeux et ne voulait pas l'enlever et ce, même lorsqu'on l'a emmené ici. Cette fois-ci, vu qu'il n'y avait pas trop de luminosité dans la pièce, elle ne le portait pas, ce qui m'a permis d'observer ses yeux.

– Noirs. Intervient Margaux. Ils étaient noirs.

– Justement. Les veines de ses yeux étaient noires. Ce n'est pas normal. Affirme à la suite de sa compagne.

Noirs ? Des yeux aux veines noires ? Comment est-ce possible ? Personne n'a de tels yeux, que ce soit chez les humains, les loups, ou tout autre espèce connue.

Cette information tourne dans ma tête. Ce n'est pas normal, et il est clair qu'elle ne peut pas rester ici, cloîtrée dans la cave.

Il est temps que j'intervienne. Je prends une profonde inspiration, essayant de calmer le tumulte dans mon esprit.

– Ethan ! On ne peut pas la laisser là, dans la cave. Ces yeux, ce n'est pas normal. Oui j'avoue que c'est moi qui lui donne à manger alors que tu avais catégoriquement interdit à qui que ce soit de lui en donner tant qu'elle ne parle pas. Mais, là, ses yeux, en plus de ses mains…

Ethan, me coupe rapidement d'un geste de la main. Plus personne n'ose parler.

– Attends, qu'est-ce que tu viens de dire ? Me questionne-t-il.

– Qu'il faut la sortir de la cave ?

– Non, après ça. Avant que je te coupe. Ses mains ? Qu'est-ce qu'elles ont ?

– Elles sont fines, abîmés et certains de ses ongles semblent un peu noir. Je ne les ai pas bien vu mais on aurait dit que ses ongles étaient noirs. Pas de vernis, mais dessous. De même que sa voix, tu as dû t'en rendre compte Owen, elle est étrange. Je pense que Flavy est malade. Dis-je précipitamment, de peur d'être interrompue une seconde fois.

Je sens les mains de Margaux se resserrer sur mes épaules. Elle ne supporte pas que quelqu'un soit blessé. Alors entendre que quelqu'un souffre possiblement dans le silence et qui plus est, sous nos pieds...

Elle s'avance vers Ethan, une main tremblante et son regard plein de peine.

– Ethan... il faut qu'on fasse quelque chose. Dit-elle calmement. Je sais que c'est une prisonnière mais nous ne savons rien d'elle.

Elle prend une grande inspiration, non seulement pour se calmer, mais également pour voir si Ethan la laisse continuer.

– Si elle est malade, il faut qu'on découvre ce qu'elle a. Elle est ici et Owen l'a rencontré plusieurs fois, tout comme ta sœur. Il faut qu'on sache si c'est grave et... si c'est transmissible…

Plus elle parle, plus sa voix tremble et plus on sent son inquiétude grandir.

– Je suis d'accord ! Il faut la sortir de la cave…

– On peut l'installer dans une chambre avec salle de bain et l'enfermer dans cette pièce. Une personne la surveille jour et nuit, restant dans l'habitat. Je peux m'en occuper. Owen est souvent en déplacement ces derniers temps, autant mettre cette Flavy chez moi, dans la chambre d'ami. Je la surveillerai. Me coupe Margaux.

Owen tente de dissuader Margaux, en vain. Elle est douce mais a bien plus de caractère qu'on ne le pense et même Owen, qui est son compagnon, n'arrive pas à la dissuader lorsqu'elle a une idée en tête.

– Ethan... Commence Owen, d'une petite voix. Presque comme une supplication pour ne pas céder à la demande de Margaux.

– J'ai besoin de réfléchir à tout ça. Répond-t-il

Margaux semble reprendre des couleurs, comme si un frisson d'espoir venait de la réveiller d'un cauchemar.

– Je m'engage à prendre soin d'elle et de vérifier son état de santé. Ajoute-t-elle.

Ethan, notre Alpha, la fixe, un léger sourire en coin. Il lui signifie, par un hochement de tête, avoir pris en compte son dévouement. Il comprend son ressenti, son besoin et son point de vue.

– En attendant, Tiana, je t'interdis fermement de retourner la voir. Plus aucun contact direct avec. C'est Compris ?

Je hoche la tête, sans répliquer, sachant que le moindre argument serait vain. Surtout s'il emploie l'ordre comme il vient de le faire. Il ne l'utilise pas en temps normal mais là, la situation est différente et il est inquiet pour ma sécurité.

– Sors et n'épie plus. Il faut que je discute d'autres choses avec eux. M'ordonne-t-il par le lien.

Je m'exécute rapidement et file prendre l'air.

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