Un jeune homme complexe

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     Avant que l’aube ne pointe, Valentin quitta sans bruit le domicile du créateur. 

     Puis, il rentra chez lui où il croisa sa mère assise dans la cuisine. Cette dernière n’avait visiblement pas fermé l’œil de  la nuit. Elle était furieuse et semblait prête à vouloir en découdre avec lui. Mais, il était trop las pour entamer une nouvelle joute. Il s’éclipsa rapidement dans sa chambre. 

     Il était encore endormi lorsque son mobile sonna. C’était Tom. 

    - Où es-tu passé coquin ? 

    - Je n’aime pas les lendemains.

    - Tu as raison. Le matin, j’ai vraiment l’air horrible. 

    - Je n’en crois rien mais, les matins sont trop glauques : des questions sans réponse, des adieux qui ne disent pas leur nom, des regards lourds de remords…

    - Je veux te revoir dès ce soir.

     Valentin avait raccroché après avoir murmuré un petit oui. 

     Fort de cette conversation, il était enfin prêt à aller affronter sa mère.

    Ann en robe d’intérieur fluide était élégamment étendue sur l’un des sofas du salon. On l’aurait dit sortie d’une aquarelle de Marie Laurencin. Brune élancée, elle-même très belle, Ann lisait un épais manuscrit, un stylo laqué noir naviguant entre ses interminables doigts. Valentin lui adressa un petit bonjour et immédiatement elle braqua ses yeux inquisiteurs vers lui.

    - Où étais-tu passé hier soir ?

    - Chez Tom. J’ai baisé avec lui. 

     Il avait dit ça brutalement avec une volonté évidente de la provoquer. Elle entra immédiatement en fureur, se leva et voulut de nouveau le frapper.  Mais, cette fois, il bloqua son bras : 

    - Il veut me revoir dès ce soir.  

    - Je t’interdis de le revoir Valentin. Si tu passes cette porte, ne reviens plus jamais.

    - Tu es pathétique !

     Valentin se dirigea dans sa chambre et commença à préparer ses affaires. Munis d’un sac et d’une lourde valise à roulette, il quitta l’appartement de sa mère. Cette dernière, les yeux rougis croisa à peine son regard. 

     Il loua peu après un petit studio meublé et y déposa ses affaires. Puis, il passa le reste de la journée à flâner dans les rues animées de New York.

     Au soir venu, il retourna chez Tom qui l’attendait non sans une certaine fébrilité. En effet, il avait eu Ann au téléphone. Cette dernière l’avait mis en garde contre son fils. Elle lui avait raconté ce qu’il s’était passé en Californie. Selon elle, Valentin avait séduit l’un de ses professeurs de littérature,  un quadragénaire marié et père de famille. Ce dernier avait tout abandonné pour lui mais, Valentin l’avait laissé tomber peu après. Désespéré, l’enseignant s’était suicidé en laissant un courrier mettant en cause le jeune homme. 

      Le père de Valentin apprenant la nouvelle par l’université avait découvert non seulement le rôle de son fils dans le décès de son professeur mais, aussi, son homosexualité. La confrontation entre les deux hommes avait été terrible. Valentin avait ensuite tenté de mettre fin à ses jours en absorbant des barbituriques. Il n’avait été sauvé que par la présence de son jeune demi-frère venu lui demander de jouer avec lui. La situation n’étant plus tenable entre le fils et le père, ce dernier avait demandé avec insistance à Ann de l’accueillir chez elle.  Elle avait accepté sous condition que Val soit suivi par un psychiatre de renom. Elle avait choisi son ami Simon. Le jeune homme le voyait une fois par semaine et il semblait plutôt aller de mieux en mieux jusqu’à ces derniers jours.  

     Tom avait écouté le récit d’Ann sans l’interrompre. Puis, il avait raccroché sans dire un mot. 

     Le soir venu, Valentin tout sourire croisa le regard inquiet de Tom et il sut de suite que sa mère avait semé son venin. 

    - Oh, oh. Je ne suis plus très sûr que tu veuilles encore me revoir. 

    Le jeune homme fit mine de s’en retourner aussitôt mais, Tom le retint.

    - Ta mère m’a tout raconté. Je… Je ne suis pas certain de pouvoir…

    - De pouvoir quoi ?

     Valentin s’approcha plus près de son amant de la veille, plongeant son profond et très sexy regard turquoise dans les yeux sombres de celui-ci. Ce dernier ne put que bafouiller : 

    - Tu as bouleversé toutes mes certitudes… 

    Le jeune homme l’embrassa violemment et l’entraina ensuite jusqu’au canapé immaculé du salon. Là, tirant sur la ceinture qui fermait le peignoir du créateur, il le déshabilla rapidement et le bascula sur les coussins moelleux. Puis, il le prit de face, après avoir en un éclair enfilé un préservatif. Entre deux coups de boutoirs, il plongeait sa langue brûlante dans la bouche de son amant. Ce dernier s’abandonna totalement au plaisir que lui donnait son jeune étalon. Oubliant, toutes les mises en garde d’Ann, il songea que non, il ne pourrait plus désormais se passer de lui. 

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