Après quelques jours de séparation, sur les conseils de William, Valentin décida d’aller s’excuser auprès de son compagnon. 

    Tom l’accueillit froidement. Valentin respira un coup et se lança. Il termina sa longue tirade d’excuses par un « je t’aime » qui fit fondre son amant.

    Les deux hommes reprirent la vie commune en même temps que reprenaient les cours à l’université. 

    En parallèle, Valentin voyait fréquemment William qui représentait pour lui le genre de père dont il avait toujours rêvé. Un père un peu incestueux toutefois qui était peu à peu tombé lui aussi sous le charme du bel étudiant.  Cependant,  trop respectueux de son amitié pour Tom, il avait évité de trop montrer son attirance pour Valentin. Ce dernier n’était pourtant pas dupe de l’effet qu’il produisait sur le romancier.

    A l’université, Valentin s’était peu lié avec d’autres étudiants et fuyait comme la peste les professeurs et leurs assistants. Contrairement à ses habitudes précédentes, il prenait très peu la parole et évitait de prendre part à toute polémique. Cependant, même s’il faisait beaucoup d’efforts pour avoir l’air le plus banal possible, ses écrits eux ne pouvaient demeurer longtemps insignifiants et inconnus.

    L’un des assistants tombant sur l’une de ses fulgurantes copies en resta abasourdi. Il écrivait déjà comme un romancier aguerri. Il pensa qu’il avait plagié quelque écrivain professionnel mais, ses recherches Google furent vaines. Il décida de s’entretenir avec lui pour en avoir le cœur net. Pour se faire, il le retint après les cours. 

    - Votre essai est remarquable M. Ashcroft. Je n’ai pas lu quelque chose de cette qualité depuis bien longtemps.

     -  Merci. J’ai été inspiré par le sujet cette fois.

    - C’est digne d’un écrivain confirmé. 

    - Vous pensez que j’ai pompé ça quelque part, non ?

    - Je ne dirais pas ça mais, j’ai effectivement des doutes. Vos précédents écrits étaient plats et scolaires. Là, c’est original et bourré de talent. Comment expliquez-vous ce prodige ? 

    - Et qui vous dit que ce que j’ai écrit avant n’était pas volontairement nul ?

    - Et pourquoi auriez-vous fait ça ? 

    - Pour avoir l’air juste une fois…normal.

    Le jeune homme s’éclipsa sous prétexte d’un autre cours. Mais, il décida que la comédie avait assez duré et qu’il devait maintenant être lui-même (mais en version plus modeste et discrète).  Cette attitude encouragée par William avait fini par payer. L’assistant ne remettait plus en cause son talent et restait souvent pétri d’admiration devant tant de dextérité littéraire.

    Il obtint des notes faramineuses lors de ses partiels.