Nouvel initié

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PS : comme je ne vais pas tout relire avant de tout republier (ça me prendrait des semaines), il est possible que des coquilles passent. Ou des passages où l'on comprend que l'un ou l'autre est mineur. Si tel est le cas, n'hésitez pas à m'en faire part, que je corrige ça ;) Merci !

***

— Pédale !

J'ai l'habitude. Ça arrive assez souvent, surtout au lycée. Mais n'allez surtout pas croire que je suis du genre petit gay chétif qui se laisse insulter et tabasser pendant la pause.

— Qu'est-ce que t'as Bennett, t'as peur que ma queue soit trop grosse pour ton petit trou ?

— Va te faire enculer Cannaghan, grommelle l'autre con.

— Avec plaisir ! Je lui crie alors qu'il s'en va.

Je disais donc, je suis pas ce genre de type. Se faire harceler à l'école, très peu pour moi, et la plupart des gens qui se sont frottés à ma langue acerbe l'ont bien compris. J'aime mettre ma queue dans des endroits étroits, et j'aime quand on met une queue dans le mien. Coupable ! Ça mérite pas de se faire insulter. Je vais pas emmerder les mecs qui pratiquent la sodomie avec leurs copines, moi.

Je marche dans le couloir qui me mène au prochain - et très ennuyant - cours quand je sens qu'un élève me suit. Je prépare une remarque piquante en me retournant d'un coup quand je le vois qui baisse les yeux timidement et me dit :

— Excuse-moi...

Je suis désarçonné par cette petite chose qui semble m'adresser la parole. Mes yeux se plissent un peu en le regardant.

— Hein ? je dis pitoyablement ; ma réputation va en prendre un coup si quelqu'un m'écoute...

— Je, euh, on peut parler dans un endroit où euh, y a moins de, hm, de monde ?

Il m'a toujours pas regardé dans les yeux, il évite même soigneusement mon regard. On dirait qu'il va se pisser dessus de trouille rien qu'à l'idée que je continue à lui adresser la parole. Trop mignon.

— Viens.

Je l'emmène dans une salle de classe vide à deux pas, comme beaucoup par ici, et je m'assois sur un bureau, les mains jointes, coudes sur mes cuisses.

— Alors ?

— Tu es gay, il murmure.

Je suis décontenancé et, il faut l'avouer, peut-être aussi un peu déçu. Il n'a pas l'air très fut-fut, le gosse.

— Bravo Sherlock, je sais pas comment t'as obtenu cette info top secrète.

— Non, mais je veux dire, tu es gay et tout le monde le sait et... Et tu t'en fiches.

— Hmm, encore une information pertinente, je rétorque en me penchant en avant, posant ma tête sur mes mains.

Je l'observe avec de grands yeux, comme prêt à le manger tout cru, lui, le gamin à mes pieds qui n'ose même pas croiser mon regard. Je me découvre aimer avoir cet effet-là, même si la chose est très nouvelle ; les autres sont plus du genre à me lancer des piques virulentes qu'à s'accroupir devant moi.

— Mais je veux dire...

Son ton me donne d'autant plus envie de le rendre mal à l'aise. Peut-être que j'aimerais abuser de ma réelle position de force, pour une fois. C'est peut-être pour ça que je prends cette voix coupante et moqueuse lorsque je lui réponds.

— Tu veux dire pleins de choses, non ? Dépêche-toi, les cours commencent bientôt.

— Oui... Euh... Je s... Je... Je veux... Apprends-moi !

Là, j'ai dû rater un truc. Comme je l'attendais, il se l'ait écrasé, il a bégayé et il a perdu ses moyens. Mais, apprendre ? Lui apprendre quoi, au juste ? La tête que je lui offre veut tout dire, et il reprend.

— Apprends-moi à être comme toi !

— Comme moi ? je fais en haussant un sourcil.

— Oui, je veux avoir confiance en moi et assumer ce que... Je suis.

Il a chuchoté son dernier mot et il rougit violemment aussitôt. Il se triture les mains et j'ai toujours pas croisé son regard. J'imagine quand même la dose de courage qu'il lui a fallu pour venir me parler, s'il ne peut même pas dire qu'il aime les bites à haute voix.

— T'es homo aussi, c'est ça ? Je rétorque et il couine. Et t'oses pas faire ton coming out ? (Double couinement, cette fois. Petit chiot. J'adore ça.) J'ai quoi si je t'aide ?

Là, j'ai capté son attention et il lève ses grands yeux innocents sur moi. Ils ont un éclat naïf saisissant que je découvre pour la première fois et qui me conforte dans l'idée du petit animal en quête d'attention.

— Quoi ? Il demande d'une petite voix ; je me marre bien, moi.

— Je veux bien t'aider à t'affirmer. Mais je veux quelque chose en échange.

Je fais une petite pause pour donner du mystère, fais rouler mes sourcils et cliqueter mes bracelets le temps de trouver une idée qu'il sera obligé de refuser. Parce que d'une part, j'aime trop ma liberté pour m'emmerder avec un gosse, les responsabilités et les engagements, peu pour moi. Il est bien mignon avec ses airs innocents et sa bouille d'ange, mais un petit coincé comme ça, ça apporte les emmerdes. D'autre part, je sais même pas comment je pourrais l'aider. Je suis pas prof, moi. J'attends justement de me casser d'ici pour ne plus les côtoyer, ceux-là.

— Ta virginité, je lâche dans le silence de la salle.

Je suis un sadique. Si ça, ça le décoince pas, et s'il me fout pas la paix ensuite, c'est qu'il a un sérieux problème, le gamin. Et après tout, s'il est venu me parler et que ce n'est pas une grosse connerie, hypothèse que je commence à envisager, il pourra bien s'occuper de lui tout seul.

— Ok.

Il est rouge tomate, il commence à trembler de tout son petit être et il semble sur le point de pleurer, de joie ou d'embarras, j'en sais rien, mais il a accepté. Il a accepté ma condition sine qua non qui avait l'air, tout simplement, inacceptable.

Et alors, je me sens vraiment horrible.

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