IX

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Songeuse, Dylan fixait les clichés des victimes accrochées au panneau brunâtre. Ainsi, ces pauvres filles lui faisaient penser à ces insectes que certaines personnes collectionnent et qui finissent leurs jours, le corps transpercé d’une épingle, sur le liège d’un tableau sous verre.

Elle soupira et se releva du coin du bureau où elle était assise avant de se rapprocher du tableau. Elle détailla ensuite longuement le visage des jeunes femmes puis récupéra une pochette cartonnée, une feuille blanche, ainsi qu’un crayon sur le bureau d’Andrew.

Elle observa les clichés quelques secondes supplémentaires et se mit à dessiner.

Lorsque Andrew revint dans son bureau, Dylan venait de terminer son œuvre. Il signala sa présence à sa partenaire puis s’approcha pour voir ce qu’elle tenait dans les mains.

— Je ne savais pas que tu dessinais si bien ! C’est magnifique, dit-il, admirant les détails du visage crayonné sur la feuille. Qui est-ce ?

— La femme que l’assassin essaie de recréer. Ou, tout du moins, une approximation en me basant sur les similitudes des autres victimes déjà identifiées.

— Je peux ? demanda-t-il en avançant la main vers le portrait.

Dylan lui tendit la feuille qu’il compara aux visages des jeunes femmes photographiées.

— Je ne sais pas si « elle » ressemble vraiment ou non à celle que notre tueur essaie de faire renaître, mais tu as su capter l’essence des ces filles. Et ce regard !

Dylan rougit légèrement.

— Si jamais tu cherches à te reconvertir, ta voie est toute tracée.

— Ce n’est pas à l’ordre du jour, lança Dylan en récupérant son dessin. Mais si cela arrivait, je pourrais me laisser tenter. J’ai toujours aimé dessiner. Ma tante doit avoir des cartons entiers remplis de mes « élans artistiques ».

Elle déposa le portrait sur le bureau puis se retourna vers Andrew qui l’enlaça doucement.

— J’aimerais découvrir les autres parties de toi que je ne connais pas encore… m’en donneras-tu l’occasion ?

— Drew… tu sais que je n’ai pas encore pris de décision ?

— Oui, je le sais. Mais rien n’empêche que nous nous donnions une chance.

La jeune femme releva le visage et plongea ses yeux dans ceux d’Andrew.

— Rien ne l’empêche, non, chuchota-t-elle avant de se dresser sur la pointe des pieds et de poser ses lèvres sur celles d’Andrew.

Il étaient toujours dans les bras l’un de l’autre lorsqu’on frappa à la porte du bureau. Le couple se sépara rapidement et chacun fit semblant de s’affairer à quelque chose ; le temps viendrait, mais ce n’était pas encore le moment d’annoncer leur rapprochement.

Andrew toussota pour se redonner contenance puis pria la personne d’entrer. Rolly Polly, Roland, de son véritable prénom, un quadragénaire bedonnant, quasiment aussi large que haut (aussi facile à rouler qu’à porter?), passa la tête dans l’encadrement de la porte.

— Pardon de vous déranger, capitaine, mais j’ai le nom de trois autres victimes pour vous et mademoiselle Dane.

— Comment les a-t-on identifiées ? demanda Drew en rejoignant l’officier à la porte.

— L’une d’entre elles, grâce aux bijoux qu’elle portait. Et les deux autres, grâce à leurs tatouages.

Andrew saisit les feuilles que Roland lui tendait, le remercia, puis l’officier disparut dans le couloir.

— Charlotte Marcin, Gwenola Palmer et Mickaëlla Remy, annonça Andrew en revenant vers le panneau en liège.

Il s’interrompit un instant avant de proposer :

— Avant de les installer, si nous allions demander à Bastian quel corps correspond à quelle photo ? Qu’en penses-tu ?

— C’est une bonne idée. Ainsi, j’aurai peut-être une idée plus précise du visage de « la première ».

Andrew fronça les sourcils.

— Tu penses qu’il essaie de recréer sa première victime ? Celle qui lui a donné son premier grand frisson ?

— Ou la première qu’il a aimée, peut-être… Que penses-tu de la prénommer Eve ?

— Je pense que c’est une merveilleuse idée !

~oOo~

Malheureusement, à leur retour de la morgue, ils n’étaient pas plus avancés qu’à leur départ. Ce n’était pas sur ces jeunes femmes-ci que l’assassin avait prélevé ce qu’il fallait à Dylan pour parfaire son portrait d’Eve. Charlotte Marcin avait été délestée de ses oreilles, comme si celles de Gwendoline Perret n’avaient pas été bonnes. Mickaëlla Remy avait été étêtée. Cependant, ils savaient que sa tête avait été remplacée après coup par celle de la victime numéro 7 dont ils ignoraient encore l’identité. Quant à Gwenola Palmer, le tueur l’avait privée de ses fesses.

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