Chapitre 13

9 minutes de lecture

Je suis dans l’Eurostar avec mon casque sur les oreilles, le premier morceau que je sélectionne est

« 1015 Saturday night » de The cure, je replonge instantanément dans mon adolescence.

La musique me fait toujours cet effet.

J’ai de nouveau 14 ans et je pars pour la première fois en Angleterre. Je me souviens précisément de mon excitation de l’époque, j’étais tellement contente de partir loin de chez moi, peut importait si le voyage durerait 8h, j’allais voir Londres et surtout je passerais 4 jours avec Jonathan. J’espérais qu’il tomberait follement amoureux de moi. J’avais préparé mes cassettes audio avec soin, passant des heures à enregistrer à la radio des morceaux choisis religieusement et 100% british of course :

Kate Bush, Kim Wilde, The Cure, The Smiths, Banarama, Culture Club, Frankie goes to hollywood, Duran Duran, The Rolling Stones, David Bowie, Wham, Joy Division et Dépêche Mode... je me souviens que j’avais fait une seule exception en choisissant une chanson française « Duel au soleil » d’Etienne Daho, MA chanson du moment et avoir une chanson préférée signifiait que vous l’écoutiez 100 fois par jour.

J’avais fantasmé pendant des semaines sur ce voyage, j’imaginais que Jonathan et moi écouterions ces morceaux ensemble. Tous mes espoirs furent vite anéantis.
Dès le départ, il s’est assit à côté de Céline, la plus jolie fille du collège. Au collège, s’asseoir à côté de quelqu’un signifiait beaucoup de choses.

Finalement le voyage a été cauchemardesque, ma cassette 90 mm s’est cassée dans mon walkman, et la mer était déchainée. J’ai été malade pendant toute la traversée.

Ce fût ma première grande déception sentimentale. J’ai compris que d’être attirée par quelqu’un ne signifiait pas forcément que la personne désirée l’était.

En revanche, Londres ne m’a pas déçue. Depuis cette première expérience, j’y suis allée à maintes reprises, je l’idéalise un peu trop. Je suis partie y vivre 6 mois en tant que jeune fille au pair. Parenthèse enchantée, je venais de réussir tous mes examens à l’université et de larguer mon mec qui était un véritable boulet, je travaillais pour une famille très sympa et surtout je profitais de tous les avantages d’une grande capitale.

Je suis toujours ravie d’y aller et surtout de revoir mon ami Marck. Je l’ai rencontré à l’université. Il passait une année à Rouen en tant qu’assistant

J’avais un appartement en colocation, Marck vivait dans la même rue que moi. Un jour où j’étais en pleine préparation d’une soirée qui devait avoir lieu le soir même chez moi, je suis tombée nez à nez avec lui au supermarché. Je savais qui il était, car ma coloc le trouvait super canon. Je l’ai accostée et l’ai invitée. Je suis toujours pleine d’audace quand un garçon ne m’intéresse pas. Il a accepté.

Il est arrivé chez nous, en nous disant qu’il ne resterait pas longtemps, car il devait se rendre à une autre soirée.
Il n’est parti que le lendemain !

Il est sorti avec ma colocataire Delphine pendant toute son année à Rouen

Nous sommes devenus très proches.
Après son retour en Angleterre, Delphine et lui ont rompu, en revanche, nous sommes restés en contact.
Quand je suis partie au pair en Angleterre, nous nous sommes énormément vus. C’était à son tour de me faire découvrir sa ville, ses bars, ses musées, ses amis.

Il connaît mes parents et moi les siens. Je le considère comme mon deuxième frère.

Nicolas ne l’aimait pas. Officiellement, il détestait le côté « je suis trader à la City, je gagne des sommes indécentes, j’ai une énorme maison, je roule en Range Rover et passe mes vacances sur les îles Moustiques » je crois plutôt qu’il était un peu jaloux car je lui avais avoué qu’à une époque, je trouvais Marck très attirant et que s’il avait tenté sa chance, je n’aurais pas dit non. Et ça pour un loup alpha comme Nicolas, c’était dur à accepter.

Après plus de 2h de voyage, j’arrive.

Je reçois un message de Marck qui me dit qu’il est garé devant la gare.

Je me retrouve à l’extérieur, et là je suis accueillie par une pluie torrentielle, je m’abrite tant bien que mal avec mon parapluie mais à cause du vent violent, ce dernier se casse. La pluie me fouette le visage, en quelques secondes je suis trempée.

J’aperçois justement le Range Rover de Marck garée en double file, je cours, rentre à toute vitesse à l’intérieur et je lui dis en riant :
- What a shitty weather.
Quand je tourne la tête vers le conducteur, je m’aperçois alors, avec horreur, que je ne suis pas dans la voiture de Marck mais dans la voiture d’un inconnu
Ce dernier me regarde d’un air franchement amusé, je bafouille quelques mots en anglais.
- Oh, I’m so so sorry, I’m just in the wrong car. I thought it was my friend’s car. Sorry.
Je ne sais pas si ma phrase est correcte, pourtant, le conducteur semble comprendre. A ma grande surprise ; ce dernier me répond dans un français impeccable, avec un léger accent britannique, que je trouve très charmant.
- Ne soyez pas désolée, il n’y a aucun problème.
Mon téléphone sonne :

- Hi Constance, où es-tu je ne te vois pas.
- Hello Marck, je suis devant la gare, où es-tu garé ? Ah, le Prêt à Manger attend, oui
je le vois, j’arrive à toute de suite.

Je raccroche et tourne la tête pour renouveler mes excuses et en profite pour regarder cet inconnu.
Il a des cheveux châtains bouclés qui lui tombent légèrement sur le front, des yeux noisettes, une bouche charnue et une légère barbe commence à repousser. Ses mains sont posées sur le volant, je les trouve belles, elles sont soignées. Je remarque également qu’il porte une fine bague à l’auriculaire gauche.

Je lui parle en français pour lui épargner mon accent et ma grammaire douteuse

- Mon ami m’attend, je vais y aller. Je suis encore désolée de vous avoir dérangé.
- Ce fût un plaisir, j’ai trouvé votre arrivée plutôt charmante. Bien au contrair.

Je ne réponds pas et ouvre la porte pour sortir. Une fois dehors, je baisse la tête et lui dit :

- Ce fut une rencontre surréaliste.
- Oui tout à fait.
- Et bien bonne journée
- Vous restez longtemps à Londres ?
- Je repars mercredi.
- Si vous souhaitez poursuivre cette rencontre surréaliste, voici mes coordonnées, dit-il en me tendant une carte de visite
- Oh merci, Bye
- Bye

Je cours jusqu’à la voiture de Marck. Avant de rentrer, je vérifie que c’est bien lui au volant. Je monte, nous nous serons dans les bras.

- Good morning Marck
- Good morning Constance

Je le regarde, il n’a pas changé. Notre dernière rencontre remonte à plus d’un an. Il était venu passer quelques jours à Paris mais n’avons dîné ensemble une seule fois. Je suis contente d’avoir du temps pour être avec lui et sa famille.
Il prend la direction de Holland Park, la circulation est fluide, il est encore tôt. Je lui raconte ma mésaventure. Je sors la carte de visite et regarde son nom : Joshua Portman.

Pendant le trajet nous parlons de nos enfants, je demande des nouvelles de sa femme Kate. Marck et Kate se connaissent depuis 15 ans, ils se sont rencontrés au début de leurs carrières. Lors de sa première grossesse, elle a pris un congé pour élever sa fille et n’est jamais retourner travailler par la suite.
Kate est la perfection incarnée. Je ne connais pas son secret. Elle est toujours souriante, très soignée, bien habillée avec un brushing parfait en toutes circonstances, elle mange bio, fait du yoga, du powerplate, du running. Elle si parfaite qu’elle en est parfois un peu chiante. Elle me fait penser à Gwyneth platrow.
J’ai été surprise quand Marck me l’a présentée. Je pensais qu’il serait avec une fille un peu plus déjantée. Quand nous nous sommes connus, il aimait les filles alternatives et festives
Tout le contraire de Kate.
Il avait une petite amie qui était chanteuse dans un groupe de rock. Je l’ai vu une fois. Il était fou d’elle. Il l’a présenté à ses parents. Malheureusement, elle ne correspondait pas aux critères exigés par la famille pour devenir leur future belle-fille. Ici et encore plus qu’ailleurs, les upper classes ne se mélangent pas avec les middle classes.

Nous arrivons chez lui. Je suis toujours surprise par tant d’opulence. La maison est impressionnante.
Il rentre le Range Rover dans la cour où est garée une mini. Très cliché.

Je suis accueillie par ses filles, je leur ai apportées des cadeaux. Elles sont ravies.

La pluie a cessé laissant place à de belles éclaircies. Nous passons une partie de l’après- midi dans le parc qui est près de chez eux. Nous buvons un café en terrasse, les filles jouent avec des amis. Je regarde Marck. Je nous renvoie tous les 2 jeunes et insouciants. Ma vie est devenue trop sérieuse, moins pétillante. Une force indéfinissable me pousse à envoyer un mail à Joshua.
Il répond très rapidement, je suis surprise, il nous invite à une soirée qu’il organise chez lui le soir même. Je propose immédiatement à Marck et Kate. Lui est emballé par l’idée. Kate ne veut pas y aller prétextant qu’elle ne pourra pas trouver de baby sitter. En revanche, elle insiste pour que nous y allions tous les 2

J’accepte son invitation. La perspective de cette soirée me redonne une certaine légèreté, je n’avais pas ressenti cette douce excitation depuis ma nuit avec Grégoire.
Il est toujours dans mes pensées, j’aimerai tellement être là avec lui « Que fait-il en ce moment, est-il avec sa femme ? »

Je chasse de mon cerveau ces pensées.

Sur le chemin du retour, nous nous arrêtons chez un caviste, Marck choisi une bouteille de Bollinger.

- Tu es sûr Marck de vouloir ramener cette bouteille ? Elle coûte chère. On peut peut- être apporter une bouteille plus simple, surtout pour une soirée.

Il me regarde quelque peu surpris. Je sais que pour lui cette bouteille n’a rien de luxueux, mais je peux m’empêcher de lui faire la remarque. Parfois, il semble ne plus être connecté avec la réalité. Quand, je regarde autour de moi avec plus d’attention, je suis frappée par toute cette opulence. Je ne vois que de grosses berlines allemandes, de belles maisons rénovées avec de beaux matériaux, des poussettes Bugadoo, des sacs de grands couturiers, et des chaussures de marque.

Sa réalité n’est pas la mienne.
- Non, je t’assure cette bouteille est parfaite.
Nous rentrons tranquillement chez lui tout en bavardant

Kate ma gentiment proposée de me prêter des vêtements pour la soirée. Ceux que que j’ai apporté ne conviennent pas, ils ne sont pas assez habillés. Elle me fait entrer dans un dressing si immense que je n’en crois pas mes yeux. Elle a des vêtements pour toutes les occasions.

Je choisi une robe noire très simple de Roland Mouret. Kate est un peu plus mince que moi, mais la robe me va. Je décide de garder mes boots noires pour donner un air moins classique à la tenue. Je ne peux m’empêcher de regarder plus en détail sa garde robe, je suis sidérée de constater qu’elle possède 5 trenchs Burberry. Une fois maquillée et coiffée, je descends

Mark est prêt, il m’attend dans la cuisine avec sa famille. Il porte un jean et une chemise blanche avec une veste noire.
Je les observe quelques minutes. Kate est de dos et prépare le dîner, il boit une bière en fixant son téléphone. Les filles se chamaillent. J’ai l’impression que Marck n’est pas là. Il me fait immédiatement penser à Nicolas, quelques semaines avant son départ.


« Non, je dois me tromper » je suis devenue tellement méfiante que je vois des hommes infidèles partout.

Mark embrasse Kate et nous voici partis, direction Notting Hill.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire duelausoleil ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0