Chapitre 8 : Est-ce que Dieu existe ?

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Pour la première fois depuis mon arrivée, ma journée de travail a été un véritable bonheur. L’entente avec mes collègues est officiellement de retour et les enfants m’ont semblé être de petits anges descendus du ciel. Bon d’accord, tout n’a pas été aussi rose avec les petits monstres, qui ont tenté à plusieurs reprises de faire régner le chaos dans le service, mais c’est au moins l’impression que j’en garde.

Après tous ces rebondissements, c’est le cœur léger que je rentre chez moi. Je chantonne à tue-tête l’air de L’Amour brille sous les étoiles, tiré de mon Disney préféré : Le roi lion, tout en rangeant ma veste et mes chaussures dans le grand placard de l’entrée.

— Mademoiselle est bien heureuse, se réjouit Florence alors que je la croise dans les escaliers. Dans combien de temps voulez-vous que je mette votre plat à chauffer ?

C’est bien la première fois qu’elle me pose la question. Habituellement, elle le fait au feeling.

— Heu... Le temps d’une douche et ce devrait être bon. En revanche mettez deux couverts, je vais avoir de la compagnie ce soir.

Face à mon air enjôleur, un sourire radieux vient illuminer son visage marqué par l’âge.

— Monsieur Liam vous aurait-il enfin déclarer sa flamme ? s’enquiert-elle, maladroitement.

— Peut-être, mais c’est Robin mon compagnon pour la soirée.

À la vue de mon visage qui se crispe, elle comprend rapidement qu’elle a outrepassé ses fonctions.

— Pardonnez-moi, mademoiselle Roxane, s’excuse-t-elle, si gênée qu’elle n’ose même plus croiser mon regard. Je n’aurai pas dû me mêler de choses qui ne me regardent pas.

Elle me fait un léger signe de la tête et dévale quatre à quatre les marches, finissant sa course dans la cuisine. Certes, elle n’est pas franchement restée à sa place mais, d’un autre côté, imaginer la tête de mon beau brun s’il avait entendu Florence, me fait esquisser un franc sourire.

Un quart d’heure plus tard, je suis toujours sous la douche à me battre avec un reste de shampoing récalcitrant. L’eau s’écoule doucement sur mon visage, lorsque je sens deux mains agripper fermement mes hanches. Dans un mouvement incontrôlé, j’attrape la première chose qui me vient sous la main, me retourne et assène un coup violent à l’inconnu.

— Aie ! se plaint l’homme à la voix que je ne connais que trop bien. Mais ça ne va pas ? Je m’attendais à mieux, après cette dure journée de boulot, que de me faire attaquer par ma petite copine, à coup de Petit Marseillais.

Son ton faussement plaintif me fait sourire, alors que je m’essuie les yeux à l’aide de mes mains.

—La prochaine fois, réfléchis avant de rejoindre une femme qui se lave les cheveux et qui n’y voit rien.

— Gnagnagna, rétorque-t-il en me pinçant la hanche, ce qui me déclenche un léger sursaut. Et voilà comment on est remercié quand on veut faire plaisir.

— D’ailleurs, comment es-tu rentré ?

— Je suis arrivé pile au moment où Florence partait, m’informe mon bel amant, le regard brillant. C’est même elle qui m’a dit où te trouver.

— Quelle gentille femme, dis-je ironiquement, en battant des cils. Heureusement que je l’avais prévenue de ta venue, sinon elle attendrait encore Liam.

J’explose de rire, face à la tête mi-choquée, mi-dégoutée, de mon beau brun.

— Oh ça va, ne fais pas cette terre. Je pense qu’elle a tres bien compris que mon cœur est pris par un autre.

— Encore heureux, lance-t-il faussement attristé. Quand je repense aux deux fois où j’ai dû supporter la vision de tes lèvres sur les siennes…

Pour le faire taire, j’écrase ma bouche contre ses lèvres charnues. Instantanément, une vague de chaleur m’envahit. J’avais presque oublié toutes ces sensations agréables que cet homme fait naître en moi. Alors qu’il répond à mon baiser, en y apportant plus de fougue, mon bas du ventre se contracte, signe de mon désir grandissant. Son érection commence à pousser contre ma jambe, alors qu’il attrape mes fesses pour me faire pivoter et me plaquer contre la paroi. Coincée entre le verre glacial et le corps chaud de mon bel amant, je passe mes jambes autour de sa taille et lui offre un accès VIP vers la destination du plaisir.

Après ce sport intensif, le repas sonne comme une bénédiction. L’ambiance est légère, bien que nous soyons tous les deux silencieux.

Robin, assis en bout de table, mange tout en me dévisageant. Le sourire au bord des lèvres, je constate avec étonnement que ses iris noisette luisent d’un éclat nouveau. Comme si, en un seul regard, il tentait de me transmettre tout l’amour que je lui ai refusé jusqu’à aujourd’hui.

C’est le cœur comblé et en sécurité dans les bras de l’homme que j’aime, que Morphée m’emmène jusqu’au pays des rêves. Cette journée, qui avait commencé dan sles cris, se termine de la plus douce des manières.

À mon réveil, j’ai l’impression d’avoir passé la meilleure nuit de ces dernières semaines tellement je me sens reposée. Alors que je m’étire, je constate rapidement que je suis seule dans le grand lit. Un regard rapide à mon réveil : 10 :00. Comment est-ce possible ? Il est toujours réglé pour huit heures. Sans prendre le temps de m’éterniser sur la question, je me déleste rapidement des draps et descends prendre mon petit déjeuner.

En arrivant dans la cuisine ma déception est immense quand je constate qu’elle est vide. Moi qui espérais y trouver mon bel amant en pleine cuisson d’une bonne omelette, c’est raté. Mon attention s’attarde sur le plan de travail couleur ardoise où trône un petit papier posé tel un tipi. Je le saisis et prends connaissance du mot laissé dessus.

« Coucou belle endormie. Même le réveil n’a pas eu raison de ton sommeil de plomb alors j’ai préféré te laisser dormir. Heureusement que j’ai croisé Florence, sinon j’aurais vraiment eu l’impression de partir comme un voleur. J’espère tout de même que tu te réveilleras assez tôt pour ne pas être en retard au boulot. J’ai hâte d’être à ce soir pour pouvoir te prendre dans mes bras. Je t’aime. »

Je presse la lettre contre mon cœur et m’empresse d’aller chercher mon téléphone, qui est resté dans ma chambre, pour répondre à cette délicate attention.

Roxane :

« Réveil à temps pour ne pas être en retard. Merci pour ton petit mot, même si je t’imaginais déjà à moitié nu à faire cuire le petit déjeuner. À tout à l’heure. Je t’aime. »

Je repose mon téléphone où il était et je retourne prendre mon café. Je suis assise, à beurrer mes tranches de brioche, lorsque Florence me rejoint.

— Mademoiselle, m’interpelle-t-elle, d’une voix tremblante. Je tenais encore à m’excuser pour mon impertinence d’hier. Je n’ai jamais voulu me mêler de votre vie privée.

Elle baisse la tête, comme pour montrer le malaise qui l’anime. Je ne suis pas de celles qui traitent leur gouvernante comme un animal domestique. Mon père m’a appris à respecter chaque personne qui passe dans cette demeure quel que soit son métier ou sa classe sociale. De plus, comment en vouloir à cette femme qui m’a élevée comme si j’étais sa propre fille, au détriment de ses propres enfants. Je me lève pour aller à sa rencontre.

— Ne vous n’excusez pas, Florence. Ce serait plutôt à moi de me faire pardonner pour vous avoir si mal parlé hier soir.

Une petite larme s’échappe de ses yeux bruns, qu’elle balaye d’un revers de la paume.

— Merci mademoiselle. La seule chose qui compte pour moi, c’est votre bonheur.

Je ne peux me retenir plus longtemps de la prendre dans mes bras. Cette femme est un cadeau du ciel. Tant de douceur et de bienveillance dans une seule âme pourrait presque me faire croire que Dieu existe.

Nous nous éloignons l’une de l’autre puis chacune de nous reprend son activité, le cœur léger. Cela faisait si longtemps que je ne l’avais plus entendu chantonner en faisant les corvées ménagères, que j’en oublie l’heure qui défile comme un train. Si je continue, je vais finir par être en retard.

Je débarrasse rapidement ma tasse et mes couverts puis file me préparer dans ma chambre.

Je suis d’humeur un peu taquine, en repensant à mon beau brun qui est déjà en service, alors je me décide à sortir un peu de mon éternel « no make up » « no coiffage ». J’opte ainsi pour un maquillage léger, agrémenté d’un trait d’eye-liner assez fin qui fait ressortir le vert de mes yeux. Pour ce qui est de la coiffure, après de multiples ratés, ma conscience se moque littéralement de moi. Il est vrai que je n’ai jamais été douée pour m’attacher les cheveux autrement qu’en une queue de cheval ou un chignon déformé. Du coup j’opte pour la solution numéro deux, en me disant que le maquillage fera largement l’affaire.

Une fois que je suis prête, il est déjà l’heure de me mettre en route. Une salutation à Florence et me voilà déjà au volant de mon petit bolide.

Le soleil qui rayonne au zénith, la circulation fluide, la musique qui résonne dans l’habitacle et le vent qui fouette doucement mon visage à travers la vitre entre ouverte. Tout autant de présages qui me laissent penser que, pour une fois, ma journée va se passer sans encombre.

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