Parce qu'être un sauveur veut dire se sacrifier à la fin

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Tout le monde connait le syndrome du Sauveur.

On veut aider tout le monde, on ne peut pas s'en empêcher, c'est plus fort que nous.

Dès qu'une personne a besoin d'aide, on se dit automatiquement "Il faut que je l'aide parce que sinon cette personne va souffrir."

Quand on voit quelqu'un faire du mal aux gens, on veut automatiquement le mettre sur le droit chemin.

Quitte à y laisser des plumes.

C'est plus fort que nous.

Enfin, c'est comme ça que j'agissais, moi.

Tout le monde est différent, après tout.

Toutefois, en y mettant du recul, cette attitude est aussi douloureuse que le mal-être des personnes qu'on veut "sauver". Pour moi, cette pulsion maladive avait pour but de devenir un parangon de vertu.

Parce que je me sentais sale. Très sale.

Je ne dis pas que la gentillesse est synonyme d'égoisme. Je suis désinteressée le plus souvent, je ne suis pas parfaite non plus.

Mais ça, mon père n'en avait rien à battre.

Pourquoi le syndrome du sauveur a corrompu la générosité dont j'ai l'habitude de faire preuve?

Une simple phrase.

"Gaby, si tu ne fais pas ce que je te demande, je vais mourir."

Je ne voulais pas que mon père meure, il est celui qui m'a mise au monde, Maman l'aimait, je ne voulais pas que mon frère le fasse à ma place donc j'ai accepté.

Accepté de passer quelques jours sans manger avec seulement du whiskey dans le ventre, histoire d'affaiblir ma volonté.

Accepté de me laisser toucher par des clients et clientes amateurs de petits enfants.

Il voulait sa drogue, j'étais la monnaie d'échanges.

Accepté de passer mon temps sans le moindre vêtement à marcher à quatre pattes et à faire le chat dans une salle embuée par la fumée du tabac.

Sa chienne Roxy était morte, il l'a tuée sous mes yeux car elle me défendait contre lui.

Je devais donc la remplacer et devenir son animal de compagnie.

Le syndrome du sauveur a commencé à se former à ce moment-là.

Accepté aussi de me retenir d'aller aux toilettes parce que je devais rester propre. Il adorait me voir vomir par contre, ça oui.

J'ai accepté à un point où je voulais mourir. Je n'en pouvais plus, physiquement et mentalement, la bipolarité a commencé avec ma toute première dépression.

Mon père m'a étranglé en disant que ce n'était pas grave si je mourrais et qu'il suffisait de coucher de nouveau avec ma mère pour me remplacer.

Ça n'a pas marché parce qu'il a eu une meilleure idée entre temps.

Il m'a confié à ses amis, au fin fond des bois, pour me tuer d'une autre façon dans une cérémonie spéciale. Il se disait fils du Diable, après tout.

Je crois que le pire dans l'histoire était les émotions et les ressentis que je ressentais.

On me violait le coeur, tout simplement.

Je me suis sentie coupable de cette servilité.

Je m'en voulais de la mort de Roxy.

Au fond, je m'en foutais si ce que je fais était bien ou mal, je voulais juste rentrer chez moi pour être avec ma mère, ma grand-mère et mon frère.

Et avec le temps, je me rends compte qu'au fait, même si j'aime aider les gens, celle que je voulais le plus sauver, c'était moi à deux ans et demi.

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