Chapitre 19 - Coup de poignard

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Kaldor, assis sur le pont, n’y comprenait rien. Par les dieux ! Que s’était-il passé ? Étaient-ils morts ? Non, impossible. Le navire Eldyrien était sorti vainqueur du combat contre les pirates. Il décida d’invoquer une flamme dans sa main afin d’y voir. Il ne fut pas le seul, tous les Eldyriens et les soldats de l’Ordre firent de même.

— Valdir, où sommes-nous ? demanda le jeune homme.

— Nous sommes dans un endroit appelé l’Imaginys. Il s’agit d’une dimension parallèle à notre monde et lui ressemble beaucoup. En ce lieu, les dieux testaient leurs idées de créations avant de les modeler dans la réalité. Toute personne, ayant don de magie, peut y pénétrer par l’esprit si elle savait comment faire. Et grâce à une pierre runique spéciale, il est possible de nous y rendre physiquement et ainsi de voyager plus rapidement. En effet, ici le temps s’écoule plus lentement.

Les compagnons de Valdir, n’étaient pas rassurés et s’étaient inconsciemment rapprochés les uns des autres.

— Mais, n’ayez aucune crainte, les amis. J’ai souvent utilisé ce dispositif dans ma vie et je suis toujours sorti sain et sauf, les rassura le capitaine Domot. Là ça peut paraître effrayant parce qu’il fait nuit, mais le cycle jour/nuit n’est pas le même que dans le monde réel.

— Nous aurons probablement de plus grande frayeurs quand nous nous rapprocherons de l’épée Cérim, la première relique, rappela Valdir.

— Ah vous alors, on peut dire que vous avez le chic pour nous remonter le moral ! railla Adrim. Je propose que nous mangions, je me sentirai mieux.

Après le repas, le jeune homme, sur le chemin vers sa cabine, vit celle de Valdir ouverte et en profita pour entrer. L’Eldyrien était assis sur son lit et lisait un livre qui apparemment parlait des Trolls.

— Tu m’as l’air bien préoccupé, mon garçon. Pas besoin d’entrer dans ta tête pour savoir, dit-il.

— Plus j’approche de la fin de cette première étape, plus je me dis que je n’y arriverai pas. Je ne suis pas l’homme de la situation, vous oui.

— Tu es l’homme de la situation et n’oublie pas que tu es issu d’un dieu. Moi ce que je vois, c’est un jeune homme qui manque de confiance en lui. Laisse-moi te dire un secret. Certes, j’ai souvent l’air sûr de moi et cela est dû à la longue expérience de ma vie. Néanmoins, à certains moments, je ne donne que l’apparence d’avoir confiance en moi. Sache que les hommes, quelque soit leur peuple, juge en premier l’apparence tant physique que celle que tu dégages. Aie l’air toujours sûr de toi et ce sont tes ennemis qui commenceront à ne plus l’être.

— Je vois… Dîtes moi, pourquoi l’épée que nous allons chercher porte-elle le nom de Cérim ? Cela ne veut rien dire.

— Oh. Sujet bien délicat car je n’en sais pas grand-chose. Seulement ce que le divin Eldyr a bien voulu me dire. Les reliques portes leurs noms en hommage aux trois dieux disparus : Cérim, Vrys et Varlis. Morts dans un combat divin contre un puissant démon. Voilà tout ce que je sais, les dieux sont plutôt avares sur leurs origines.

Qui était ce démon ? se demanda Kaldor en allant vers sa cabine. Il espérait que cela ne soit pas lui, le mystérieux Mastar. S’il avait fallu que trois dieux meurent pour vaincre ce démon, comment Valdir voulait-il qu’il y parvienne seul. Il arriva à trouver le sommeil, malgré ces sombres idées.


Dans la nuit, le dieu Eldyr, son père, le contacta en rêve. Ils marchaient tous deux, l’un à côté de l’autre dans une vaste prairie verdoyante. Une petite brise, où flottaient des senteurs d’herbes fraîchement coupées, vint caresser leur visage.

— Je te salue, mon fils. Je vois que tu te portes bien.

— Eh bien ce n’est pas grâce à vous, fit remarquer Kaldor d’un ton cinglant. J’ai failli mourir plusieurs fois. Et ne me dites pas que vous êtes désolé, ce serait mentir, puisque j’ai été créé pour cette mission. Chercher trois reliques et vous les amener au péril de ma vie.

— Je vois que tu es toujours en colère contre moi. Saches que si j’avais pu aller chercher les reliques moi-même je l’aurai fait, mais je suis le prisonnier de ma propre demeure. Si je sors, mon frère Tyrnon s’empresserait de me capturer et de me livrer à son maître.

— Savez-vous qui il est ? Serait-il le démon que vous avez combattu vos frères et vous, il y a de ça fort longtemps ?

Eldyr marqua un temps d’arrêt avant de reprendre sa marche et de répondre.

— Non, cela ne peut être lui. Comme te l’a dit Valdir, ce démon est mort grâce au sacrifice de trois de mes frères… Je ne t’ai pas contacté pour parler de ça, mais t’indiquer où se trouve la première des reliques.

Tout à coups, le paysage changea et ils se retrouvèrent aux pieds d’une immense montagne à la teinte légèrement rosée par endroits. Il y avait beaucoup de vent et au loin l’on entendait comme des hurlements.

— Nous sommes sur l’île des Trolls ?

— Oui. Cette montagne est nommée le Mont Hurlant, tu comprends pourquoi. À ses pieds se trouve une rune Eldyrienne de transport qui vous mènera dans la caverne où se trouve la relique.

— L’un de vos trois frères était le dieu des trolls ? demanda le jeune homme curieux.

— Non, ils ont leurs propres dieux. Ces deniers étaient sur un monde en perdition, nous les avons sauvés et leur avons proposé de nous accompagner en ce monde.

Kaldor enregistra les informations dans son esprit et osa poser la question qui le taraudait depuis un moment.

— Est-ce vrai ce que m’a dit Valdir sur ma mère Eldyrienne ?

— Oui. J’ai demandé à Lapaza de faire un grand sacrifice pour le bien du monde. Elle n’était pas ravie, mais a accepté son destin, comme il serait bon que tu acceptes pleinement le tien, mon fils.

— Ce n’est pas juste, j’aurais tant voulu que ma vie reste comme elle était. Avoir une vie normale.

— Je ne t’offre pas une vie normale, mais au contraire une vie hors du commun des mortels. Il est temps pour moi de partir. Je sens qu’on est sur le point de nous épier. Au revoir mon fils.

Il disparut avant même que Kaldor pu ouvrir la bouche.


Il se retrouva sur le pont du navire, au niveau du gaillard d’arrière. Il ne se rappelait pas s’être levé de son lit et d’être sorti de sa cabine. Perplexe, il entreprit de retourner se coucher. La peur s’empara de lui quand il remarqua qu’il n’y avait personne sur le navire. Il en fit le tour d’un pas pressé mais pas une âme qui vive n’était sur le vaisseau.

Soudain, le cri d’une femme retentit et venait de la proue du navire. Ce ne pouvait qu’être Élaëna. Kaldor se précipita sans réfléchir, et au moment où il atteignait le haut du gaillard d’avant, il reçut un coup en plein visage.

Une fois ressaisit du choc, il vit son agresseur devant lui qui tenait son amie par les cheveux. C’était la créature qui était déjà apparue dans certains de ses cauchemars. Un homme à la peau écaillée et aux ailes de chauve-souris.

— Ce n’est qu’un cauchemar, je vais me réveiller, tenta-t-il de se convaincre.

— Ha ha ! C’est vraiment ce que tu penses ? J’ai réussi à te retrouver, ce n’est qu’une question de jour avant que je ne te tue. À moins que tu renonces à ta quête et que tu te prosternes à mes pieds, lui conseilla fortement la créature.

— Jamais ! Abomination ! cria Kaldor

— Alors regarde ce que subiront tes amis, dans ce cas.

Il leva sa main, doigt tendu, vers le visage d’Élaëna, qui criait de peur. De l’extrémité de son doigt, sortirent deux filaments de feu, qui s’implantèrent dans les tempes de son amie. Elle se mit à hurler de douleur. De ses yeux exorbités et de sa bouche ouverte sortaient des flammes. Elle se consumait de l’intérieur.

— Élaëna ! cria Kaldor tout en sanglotant, sur le pont.

Il se releva et se rua vers la créature. Celle-ci sortit en un éclair un fouet de son autre main et lâcha la jeune femme qui s’écroula par terre. Le fouet claqua et toucha Kaldor en plein visage. Il s’arrêta de courir et porta la main à sa joue, du sang y coulait. La créature riait. S’en fut trop pour le jeune homme qui se remit en marche, l’épée au poing et emplit de colère. Le monstre allait payer pour ce qu’il avait fait à son ami.

Soudain il reçut un coup de couteau au cœur. Il baissa le regard vers le couteau, puis croisa celui de son amie à genoux devant lui. Elle venait de le poignarder. Le regard haineux d’Élaëna le fit frissonner de peur.

— Pourquoi n’as-tu rien fait ? Tu n’es qu’un faible, tu ne mérites pas mon amitié. Par ta faute, j’ai tant souffert. Tu ne mérites que la mort !

— Élaëna…

La jeune femme effectua une rotation du couteau, ce qui arracha un râle à Kaldor. Elle le retira avec lenteur, en le regardant avec haine dans les yeux. Il s’effondra sur le pont du navire, lorsqu’elle eut retiré l’arme. La dernière chose qu’il aperçut, ce fut la créature déployant ses ailes avec un sourire satisfait sur les lèvres. Il sentit le froid l’envahir, puis ses yeux se voilèrent et enfin vint l’obscurité complète.

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