Le chacal et l'alouette
Le chacal et l'alouette. Illizi, le 28.03.2023.
Il était une fois une alouette joyeuse et pleine d'assurance qui volait dans les airs lorsqu'elle vit le chacal M'hand Ouchène qui se promenait dans la campagne. D'un ton taquin, elle lui déclara : « Bonjour, Aâmi M'hand ! Sache que je suis capable de te faire rire à gorge déployée comme je suis à même de te faire pleurer à chaudes larmes ! »
Le canidé sauvage, incrédule et sceptique, rétorqua avec arrogance : « Je ne crois pas que tu puisses le faire. De toute façon, je suis beaucoup plus malin que toi ! » L'oiseau déterminé ne se laissa pas décourager et répliqua : « Tu verras ! »
L'alouette, décidée à prouver sa capacité à émouvoir le chacal, scruta les environs à la recherche d'une scène appropriée. Finalement, elle aperçut un paysan et son fils en train de battre du blé à l'aide d'une paire de bœufs. Elle invita alors le chacal à la suivre pour assister à ce qu'elle allait faire.
Une fois sur place, l'alouette se posa sur la tête du jeune garçon qui se tenait à la lisière de l'aire de battage. Le fermier perçut l'oiseau et demanda à son fils de rester immobile pour ne pas l'effrayer.
Avec l'aiguillon qu'il utilisait pour diriger les bœufs, il frappa l'oiseau qui s'était perché sur la tête de l'enfant. L'alouette s'envola aussitôt, et le paysan, pris de panique, cogna son propre fils qui tomba à terre, perdant connaissance.
Le chacal, qui avait assisté à la scène, éclata de rire, secoué par des spasmes incontrôlables. Il riait si fort que son abdomen lui faisait mal. L'alouette, éblouie et choquée, prévint le canidé d'un ton grave : « A wi iḍsan, ḥader ad ten-iru! Que celui qui a tant ri prenne garde de ne pas pleurer! »
Le lendemain, l'alouette chercha le chacal pour lui montrer une nouvelle prouesse. Lorsqu'elle l'eut trouvé, elle s'approcha toute confiante et lui dit : « Viens avec moi, je vais te montrer ce dont je suis capable. » Le canidé sauvage la suivit, curieux de voir ce qu'elle avait en tête.
* * *
Ils partirent ensemble jusqu'à un champ où paissait tranquillement un grand troupeau d'ovins. Les bergers se tenaient un peu à l'écart, s'amusant à construire des niches en bois et des maisonnettes en argile sans se soucier du petit bétail. L'alouette s'approcha du chacal et lui chuchota à l'oreille : « Vois-tu ces moutons sans surveillance ? Tu peux te régaler de leur chair fraîche, tendre et délicieuse ! »
Le chacal sentit son estomac gargouiller à l'idée de se remplir la panse. Il acquiesça et les deux amis s'approchèrent furtivement du troupeau. L'alouette était ravie de montrer à nouveau sa ruse.
Le chacal, quant à lui, avait les yeux rivés sur les moutons. Pris de convoitise, il se mit à saliver abondamment. Il était tellement excité à la vue des ovins qu'il ne prêta pas attention à son environnement.
Les moutons, eux, inconscients du danger qui les guettait, broutaient paisiblement l'herbe tendre du champ.
Le canidé, ayant repéré les animaux les plus faibles, se faufila lentement dans le troupeau. Ivre de désir, il bondit soudain et se jeta sur les agneaux, innocents et sans méfiance.
Les bêtes, prises de panique, se dispersèrent dans tous les sens. Elles se mirent à courir dans l'espoir d'échapper aux crocs acérés du prédateur.
Pendant que le chacal s'affairait des moutons, l'alouette s'envola vers les bergers. Elle les avertit : « Uccen ilehhi deg tkerciwin, kunwi tlehhim deg tɛeccucin! Le chacal s'occupe des abats tandis que vous vous occupez des niches et des maisonnettes ! »
Les bergers comprirent le message et allèrent défendre leurs bêtes.
L'alouette, voyant le plan fonctionner, volait en cercle autour des bergers, les exhortant à agir rapidement. Ces derniers se précipitèrent vers le champ en brandissant leurs bâtons.
Quand ils virent le chacal attaquer les moutons, ils se hâtèrent en criant et en agitant les bras pour effrayer le prédateur. Ils prirent des tiges et des pierres et s'élancèrent sur l'animal en criant de toutes leurs forces.
Le chacal, pris de court, tenta de fuir mais les bergers étaient plus rapides. Ils réussirent à l'attraper et commencèrent à le battre violemment.
Le chacal hurla de douleur et supplia les bergers de le laisser partir. Mais ceux-ci étaient furieux et ne voulaient pas entendre ses excuses. Le pauvre animal était couvert de lésions et de blessures, et son pelage souillé de sang et de poussière.
Le chacal se mit alors à gémir et à se plaindre, implorant la pitié des bergers. Il leur promit de ne plus jamais s'attaquer à leurs bêtes et de quitter la région pour ne plus revenir. Mais les bergers, en courroux, ne voulaient pas se laisser attendrir.
Ils punirent sévèrement le chacal en lui infligeant des coups qui lui causèrent de profondes contusions. Le pauvre animal, apeuré et souffrant, se mit à pleurer de douleur et à hurler de souffrance, conjurant à nouveau la clémence des bergers.
L'alouette, perchée sur une branche, assista à la scène et fut prise de pitié pour le chacal. Elle s'envola et s'approcha délicatement de M'hand Ouchène. Avec compassion, elle lui chuchota : « Wi ibɣan ad yidir, yemmet! » (Qui veut vivre, qu'il meurt ! ").
L'animal devina le sens de ces propos et suivit le conseil de l'alouette. Il se coucha sur le sol, ferma les yeux et s'immobilisa, faisant semblant d'être mort. Les bergers, croyant qu'ils avaient tué le prédateur, cessèrent de le battre et l'abandonnèrent sur place.
Le chacal, qui avait réussi à tromper ses agresseurs grâce à l'astuce de l'alouette, ressentait un mélange de soulagement et de reconnaissance envers son sauveur.
Une fois que les bergers se furent éloignés, le canidé se releva, encore tremblant de peur et de douleur. Il s'enfuit, jurant de ne plus jamais se retrouver dans une telle situation. L'alouette, quant à elle, s'envola dans le ciel en chantant, fière d'avoir réussi à faire pleurer le pauvre charognard.
Le chacal était furieux contre l'alouette et éprouvait un profond sentiment de colère et d'injustice. Il décida de l'amener devant le conseil des animaux, présidé par le lion, le roi de la jungle. Mais malgré ses efforts pour la convaincre, elle refusa catégoriquement de l'accompagner.
Le petit passereau récusa de comparaître devant le conseil, en arguant : « Taqubaɛt, ur nesɛi tarbaɛt, ulayɣer tekcem tajmaɛt ! L'alouette, qui n'a pas de clan, n'a pas intérêt à se présenter devant le conseil ! »
Le chacal avait tout fait pour la convaincre, mais en vain. Comment pouvait-elle refuser de se présenter devant le conseil des animaux pour se défendre? Il décida donc de l'y emmener de force. Difficile d'y parvenir, car il marchait sur terre, tandis que l'alouette volait dans les airs.
* * *
Un jour, le chacal réussit enfin à trahir la vigilance de l'alouette et à l'attraper entre ses mâchoires. Il la conduisit, malgré elle, au conseil.
En chemin, des enfants se moquèrent du chacal en voyant l'alouette dans sa gueule, le traitant de lâche pour avoir osé s'attaquer à une si petite proie.
En effet, lorsqu'ils virent passer le chacal avec l'alouette dans son museau, ils se mirent à se moquer de lui en disant : « Tu t'en prends à une pauvre alouette sans défense, c'est une honte pour toi. »
L'alouette, ingénieuse et courageuse, incita le chacal à répondre aux railleries des enfants. Elle lui dit : « In'asen ccah ! Dis-leur que tu as bien fait ! » Le canidé ouvrit alors la bouche pour parler, et le petit oiseau en profita pour se libérer de son étreinte et s'envoler dans les airs.
Les enfants, témoins de la scène, se moquèrent encore plus du chacal. Le canidé sauvage se sentit stupide et humilié. Il s'était fait avoir par l'alouette, malgré tous ses plans malicieux.
M'hand Ouchène se sentit honteux et frustré de s'être fait berner une seconde fois par l'oiseau et devant l'assistance. Une fois de plus, l'alouette montra au chacal que, bien qu'il soit malin, elle était plus perspicace que lui.
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