Une charogne

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[...]

Ses soins achevés, il rendit visite aux cadavres qui occupaient la chambre ; lorsqu'il en avait l'occasion, il aimait observer la mort et la décomposition de ses victimes. Il était fasciné. Fasciné de voir la Mort agir sur ses victimes. Fasciné par ce qui aurait dû lui arriver il y a déjà plus de cent cinquante ans... Sans la moindre hésitation, il se mit à manipuler les cadavres, le corps du propriétaire commençait à se ramollir, la tête menaçant de se détacher du reste du corps, la plaie du cou quant à elle, avait reçu la visite de nombreuses mouches dont les larves se régalaient de la chair. Enfin, deux taches légèrement verdâtres étaient apparues en bas de l'abdomen. François n’avait pas éteint le chauffage dans l’appartement, permettant à la décomposition de faire son œuvre, mais le contraignant tôt ou tard à trouver un autre endroit où loger...

Il était terriblement tenté d'ouvrir le corps pour mieux observer le phénomène. Pour l’avoir maintes fois observé, ce dernier n’avait plus de secret pour lui. Ses sens percevaient l’odeur de putréfaction qui émanait du corps, l’odeur rance des organes qui se liquéfiaient, il lui semblait même percevoir le chuintement subtil et obscène des vers qui se repaissaient de la charogne.

Il céda finalement à la pulsion qui le saisissait. Il défit la chemise du défunt et de sa main gauche et exerça une pression sur la peau en bas de l’abdomen. Il sentit la chair molle, froide et pourtant excitante s’enfoncer délicatement. Il accentua délicatement la pression, la peau fragile se déchira lentement, offrant sa chair viciée à son regard. L’odeur de mort se fit plus forte. François sentit l’excitation montée d’un cran. Ses doigts pénétraient doucement la dépouille, le prodige de la vie après la mort frémissant à son contact.

Cédant à ses désirs morbides, François défit sa ceinture de sa main libre. Les vers frétillaient contre ses doigts, ils semblaient percevoir son trouble et y répondre favorablement, après tout il était à peine plus vivant que leur présent hôte. Il enleva sa main et contempla la vie qui s’y accrochait. Extatique, il ferma les yeux et porta les doigts à sa bouche, se délectant du goût rance de la chair mêlé au délicat frétillement des vers sur ses lèvres, sur sa langue, tel le baiser tendre de la faucheuse elle-même, tandis qu’il accélérait les mouvements de va-et-vient de sa main droite.

Il replongea sa main dans la cavité de ce corps abandonné à ses sévices, cette fois-ci avec plus de brutalité, ce qui déchira la peau, exhibant son contenu de façon obscène. Un délicieux frisson glissa le long de son dos alors qu’il jouissait. Il s’essuya finalement sur les draps et quitta la pièce sans un regard en arrière.

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