2/1 - Heloïse

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Ce que je veux vous raconter, c’est ce qui nous est arrivé, et pourquoi cela a été un peu ma faute.

J’aime bien les cartes, car on voit plein de choses dessus. Surtout, on comprend comment les villes, les maisons sont reliées. Je me figure tout comme des schémas. Les choses qui sont rangées dans ma tête sont toutes connectées par des chemins, bien tracés. Par exemple, en classe, je remarque les liens entre les élèves, je vois des autoroutes, comme entre Thomas et Joachim, je vois des petites routes ou même parfois des ravins. Donc, j’aime bien regarder les cartes sur internet.

Un soir, par hasard, je m’étais amusée à chercher Montmartre, et j’avais vu qu’il y en avait quelques autres en France. Au diner, je lançai pour m’amuser que ce serait sympa d’aller en vacances à Montmartre, en Vendée, ou dans le Limousin. On rigola un peu sur les endroits qui ont le même nom, et puis j’oubliais complètement. Quelques semaines après, papa nous avait annoncé que, cet été, nous allions aller à Montmartre, dans le Lot ! Il avait trouvé une maison formidable pour nous, Pierre, Mélodie et Thomas. C’est comme ça que tout a commencé.

L’année se termine. Nous partons quelques jours un peu après la fin des cours et je suis étonnée de vraiment voir un panneau avec Montmartre écrit dessus quand nous arrivons. Je me souviens alors de l’annonce de papa et pourquoi il a choisi cet endroit.

Nous nous engageons sur un chemin, et nous tombons sur une maison qui n’a pas l’air très grande, avec d’autres bâtiments collés autour. La région semble jolie, mais c’est la campagne, le fin fond de la cambrousse. L’année dernière, en Normandie, même s’il a plu tout le temps, il y avait eu la plage et la mer, de temps en temps. Une autre fois, cela avait été la montagne. Là, j’ai un peu peur que nous nous embêtions dur. Comme papa et maman font aussi légèrement la gueule, je n’ose rien dire. J’attends demain, quand Thomas, Mélodie et Fatine vont arriver avec Pierre.

Le propriétaire nous montre la maison. Elle ne semble pas bien confortable, très vieille, comme du temps des hommes préhistoriques (je blague : je sais qu’ils vivaient dans des grottes ! Même que c’était plutôt dans des huttes ou des tentes). On en fait vite fait le tour ! Quand papa dit : « C’est très rustique », je comprends qu’il n’est pas content. Mon père et ma mère se regardent, haussent les épaules et disent que nous allons nous arranger. C’est vrai qu’ils préfèrent tout ce qui fait réfléchir aux choses matérielles, il suffit de voir notre voiture : plus déglinguée et moche, tu meurs ! De toute façon, on ne peut pas retourner à Paris et le propriétaire a l’air d’un monsieur très gentil. Il nous indique que nous pouvons nous baigner dans la rivière, de l’autre côté de la route. Fatigués et n’ayant pas encore envie de décharger la voiture, nous allons essayer cette baignade et nous y passons un bon moment. L’eau est fraiche et sent bon, avec les grands arbres qui bordaient cette large rivière. Alexandre semble très content.

Où ça ne va pas du tout, c’est quand je me rends compte qu’il n’y a pas le moindre réseau qui passe dans ce trou. Je ne peux même pas imaginer vivre sans aucune, mais vraiment aucune, connexion. Je suis morte (et pas de rire !). Ça, ce n’est pas pardonnable : ils auraient dû vérifier avant !

Le lendemain, nous allons faire un gros ravitaillement, car, en plus, la maison est loin de tout. J’en profite pour dire à tous mes copains que je suis coupée du monde, que je n’existe plus, pour toutes les semaines à venir ! Enfermée dehors !

En début d’après-midi, ils arrivent ! Enfin ! Je commençais à m’ennuyer sévère. Après un rapide tour de la maison, Mélodie entame la chanson, suivie de Thomas. Je ne l’ai jamais vu avec cette colère froide. J’embraie dessus, pour dire qu’il n’est pas question de vivre six semaines dans ces conditions. Pierre, sans doute fatigué par le trajet, se tient à l’écart, paraissant indifférent, laissant maman et papa affronter nos furies.

Papa reconnait que c’est « un peu spécial », effectivement. Il continue en disant que des générations ont vécu ainsi, même de façons plus difficiles. Nous, au moins, nous n’allons pas mourir de faim ! C’est l’été, il fait beau, nous allons nous en tirer. Pour le réseau, ça l’embête aussi, pour son travail, mais ils chercheront un endroit où ça passe. (Nous ne le trouverons jamais ! Il faut monter en haut de la falaise au moins pour avoir une petite barre de réseau, celle qui ne sert à rien.) Savoir que nous sommes entendus nous calme, un peu. Quand il propose de leur faire découvrir la baignade, j’acquiesce et je prends les choses en main. L’eau douce détend nos esprits, en nous éclatant tous dans la flotte.

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