12 - Éloïse

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Je me réveille dans la chambre d’hôpital, avec maman, papa et Alexandre autour de moi. Pour une fois, Alexandre n’est pas dans sa tête, mais il me regarde avec inquiétude. Avant que j’ouvre la bouche, maman me dit que Fatine est à côté, qu’il va bien. Tom a été opéré pour son pied, il est en salle de réveil et nous allons descendre le voir dès que ce sera possible.

Fatine est réveillé et nous pleurons de joie ensemble. Puis nous descendons voir Tom. Il a l’air maigre et fatigué. Mon cœur bat trop fort de la voir comme ça. Je le serre fort, enfin pas trop à cause de son épaule, mais il me sourit.

Pendant les interrogatoires de la police, papa et maman ne disent rien, ils écoutent. Quand c’est fini, papa me raconte ce qu’ils ont vécu. Il me dit que quand il a entendu le capitaine dire : « J’espère que nous n’aurons pas besoin d’eux pour autre chose ! », il s’arrête et me regarde.

— Tu comprends ?

— Non.

— En cas de mort accidentelle, il faut un constat de police…

Je vois ses yeux qui se mouillent. Je comprends alors vraiment par quoi ils sont passés. Voilà ! jusque-là, il avait eu confiance, il était sûr qu’on allait être retrouvés, et là, il a vu le pire.

— Pourquoi tu ne nous l’as pas dit ? demande maman.

— À quoi bon ! Ce n’était pas la peine de vous refiler mes angoisses !

J’encaisse. Mes parents ne diront rien d’autre. Aucun reproche, aucune engueulade. Débrouille-toi avec ta conscience, ma belle ! Résultat, je pleure chaque fois que je suis seule. Je nous avais entrainés dans quelque chose de trop dangereux. Je le savais dès le début. J’avais regardé toutes les précautions à prendre, je n’en avais respecté aucune, ni prévenir où on allait, ni vêtements chauds, ni eau ni ne jamais quitter le fil. Trop sûre de moi, trop crâneuse, comme toujours. La peur, je l’ai maintenant, pour moi, mais pour eux surtout. Mes parents me répètent depuis toujours : « Prends soin de toi ». Oui, je n’ai pas été top.

Nous nous étions promis de ne pas parler du trésor et nous avons tenu notre langue devant les policiers. Pour le napoléon, nous avons raconté qu’on l’avait trouvé par terre. Ce n’était pas une bonne idée, car nous ressentons qu’il faut tout dire pour vraiment finir cette histoire. Quand les parents annoncent qu’ils vont faire une grande fête pour tous les gens qui les ont aidés durant notre disparition, nous décidons de lâcher le morceau.

Fatine raconte notre épopée, puis, à la fin, il glisse doucement :

— Et nous avons trouvé un trésor !

Puis il s’arrête un long moment, le temps que les parents réagissent, alors qu’un grand silence règne.

— Quoi ? Qu’est-ce que vous avez encore inventé ? Mais vous n’arrêtez jamais !

J’explique alors la cache du ferrailleur, le mécanisme secret, les coffres avec les cahiers et les pièces de monnaie. Je le sors avec le napoléon pour leur monter !

— Ah, oui, on voulait te parler de ça ! Quand la police a fouillé vos chambres pour essayer de trouver un indice d’où vous étiez, ils sont tombés sur cette pièce et ce vieux cahier. J’avais oublié, mais nous avions bien l’intention de te demander des explications !

— Eh bien, les voilà ! Nous avons découvert un trésor, qui date d’avant la Commune, en 1870. Car toutes les écritures s’arrêtent au début de 1870. C’était le coffre-fort d’un ferrailleur et usurier. Il était très riche !

Je raconte comment j’ai lu et compris le cahier. Tous me regardent avec de grands yeux.

— Mais c’est formidable ! Euh, je veux dire, il va falloir arrêter vos conneries maintenant !

— Mais ce ne sont pas des bêtises ! On peut aller voir, je vais chercher la clé !

J’avais lancé ça, juste histoire de les énerver un peu…

— Attachez-là ! Je ne veux pas qu’elle bouge de sa chaise. De toute façon, ils ont mis deux serrures !

Voilà comment on passe de héros à superhéros !

Nous redescendrons dans notre cave, une dernière fois, accompagnés par les parents, deux personnes du service des carrières, un archéologue et deux autres, je ne sais pas qui.

Nous les verrons, plus tard, remonter les caisses. Nous ferons encore une fois parler de nous dans les journaux. C’est ça, être célèbres, il faut tenir la distance, se renouveler !

Il parait que la moitié du trésor nous revient. Nous voilà riches, même si nous divisons en trois. Quand j’ai dit à mes parents que, puisque j’étais riche, j’arrêtais le collège, ils sont devenus fous. Aucun sens de l’humour, mes vieux !

***

C’est fini. Nous reprenons une vie normale, enfin presque. Mais le soir, quand je me retrouve seule, la peur revient, pendant longtemps. Je pleure souvent. Je finis par en parler avec maman. Je vais voir quelqu’un pour m’aider. Cela va mieux, car maintenant, la peur n’est plus là.

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