confrontation

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Vers dix-neuf heures trente, Pauline entra dans le bistrot.

« Salut Pauline, je n’étais pas sûr de te voir ce soir, déclara le gérant.

– Salut Paul. Fidèle au poste comme tu vois.

– Tu commences par quoi ?

– Un demi, j’y vais en douceur aujourd’hui.

– Allez, ça roule pour un demi.

– Paul, j’aurais un service à te demander.

– Tout ce que tu veux ma belle.

– J’aimerais fermer le bar cette nuit... pour rester seule un moment… »

L’aubergiste tapota amicalement l’épaule de Pauline et répliqua :

« C’est bien normal, va. De toute façon, j’ai confiance en toi.

– C'est vrai que… Roger et toi.

– On était comme deux frères. Il me manque, mais je ne vais pas t'embêter avec ça, répondit le tenancier pour changer de sujet.

– Tu n'as pas besoin de cacher ta tristesse, Paul, il me manque également.

– La vie continue comme on dit. Tu n'auras qu'à déposer la clé dans la boîte aux lettres au moment de partir.

– T’es un amour, répliqua Pauline en l'embrassant sur la joue.

– Mais pas un mot à ma femme, hein ? rigola Paul.

– Motus et bouche cousue, enchérit Pauline.

– Tu as bien mérité ta bière. », conclut le tenancier, en servant son unique cliente de la soirée.

« Zlouuugh »

« Zlough »

Le jump-look me réveilla. La partie sérieuse allait commencer.

Le bar s’était bien rempli désormais et il y régnait une ambiance joyeuse. Il était aux alentours de 23h30, quand Pauline se mit à jeter des coups d'oeil de plus en plus fréquents sur l’horloge murale, alertant Paul.

« Bon, c’est pas que je vous aime pas, mais on ferme plus tôt ce soir. »

Un murmure de désapprobation suivit cette annonce, mais l’aubergiste ne renonça pas.

« Allez les gars, c’est l’heure d’y aller. Promis, demain on la fera plus longue.

– Bon si tu le dis, mais tu nous dois une tournée générale, déclara un vieux avachi sur sa table.

– C’est promis, demain, je vous offre la tournée du patron. »

Après le départ du dernier client, Paul donna les clés de l'établissement à Pauline.

« Encore merci. C’est vraiment sympa de me laisser fermer la boutique.

– De rien. Après ce qui t’est arrivé, c’est tout à fait normal. Et vu que tu es ma meilleure cliente, tu as droit à quelques privilèges. Mais chut, ça doit rester entre nous, déclara Paul d’un air complice.

– Je mets la clé dans la boîte aux lettres, c’est bien ça ?

– Tu as tout compris. Sur ce, je m’en vais retrouver ma femme.

– Ok. À demain alors.

– À demain. Prends soin de mon royaume. »

Un bref instant plus tard, Pauline se servit une rasade de whisky.

« Un dernier pour la route avant de faire venir mon invité. »

Après avoir avalé le breuvage, elle se concentra sur moi et sortit un pendule de sa poche de pantalon. Elle le secoua, d’abord doucement, puis de plus en plus vite. Sans aucun effet de prime abord.

Pauline continua de plus en plus frénétiquement, toutefois le souffle lui manquait tandis que son myocarde battait la chamade et que des acouphènes vrillaient son tympan. La quadragénaire dut se raccrocher à une chaise pour ne pas tomber. Heurseusement pour elle, la table stoppa les pieds du mobilier de fortune, sinon elle se serait étalée sur le parquet.

La mère de Brice décida de s'asseoir pour récupérer. Après quelques longues expirations et inspirations, son rythme cardiaque retrouva un niveau satisfaisant. Elle recommença alors son manège, en y mettant plus de puissance mentale et cette fois, elle réussit à m'hypnotiser.

Je suivis l’objet avec attention, mes jambes devinrent lourdes et je ne contrôlai plus mes pensées. Je savais que je devais rester dans ma chambre, mais une force puissante me poussa à me lever. J’agissais comme un robot : je mis mes chaussettes, laçai mes chaussures, descendis les marches, ouvris la porte d’entrée et me retrouvai à l’extérieur. La voix de la mère de Brice m’encourageait.

« Bien mon petit. C’est bien. Viens voir maman Pauline. Elle a un cadeau pour toi. Tu vas aimer. »

Comme un pantin, je déambulais dans les rues avant d’arriver à destination, le bar où m'attendait Pauline. Les yeux ouverts, mais l'esprit vide…

La mère de Brice avait dû puiser plus de ressources qu’elle ne l’avait imaginé au départ ; décidément, le morveux la surprenait de plus en plus. Désormais elle comprenait pourquoi Brice avait perdu la bataille : il n’était pas prêt pour les duels acharnés ! Si seulement elle l’avait su, elle aurait pris les commandes. Cependant, il était trop tard maintenant et c’est pourquoi sa haine envers ce mioche augmenta encore d’un cran !

Tu vas me le payer mon petit. Foi d<annotation id="1506732">e on>Pauline, je vais te faire souffrir.

Je rentrai dans le bar et m’assis au comptoir.

« Hé ho. Y'a quelqu’un là-dedans ? », commença-t-elle.

Pas de réponse de ma part, mon cerveau était embrumé.

C’est presque trop facile. Je pensais que ce serait quand même un peu plus dur. Néanmoins, je reconnais que j’ai usé pas mal d’énergie pour te faire venir, mais maintenant que tu es là, je vais pouvoir te libérer de cet état. Je vais retrouver des forces, car tu es coincé comme un rat. Une minuscule mouche que je vais écraser d’un simple revers de la main.

C’est à ce moment précis que Pauline diminua son emprise sur moi et leva l’état hypnotique dans lequel elle m’avait plongé.

« Bonjour mon petit. Fabien, il me semble ? Comment ça va ce soir ?

– Qu’est-ce que je fais là ? Où suis-je ?

– Tu es dans le café du village. Tu veux un verre de limonade ?

– C’est gentil à vous, mais je préférerais rentrer chez moi, refusai-je ironiquement.

– Ne t’inquiète pas, tu vas rentrer, mais pas tout de suite. Avant, on va avoir une petite conversation, toi et moi, poursuivit Pauline d’une voix doucereuse.

– De quoi voulez-vous parler ? dis-je, sur mes gardes.

– T’es un p’tit curieux, toi. Ne sois pas si pressé.

Elle me tendit un verre.

– Tiens bois. On discutera après. »

Je pris la limonade qu’elle m’offrait et commençai à boire.

« C’est bien mon petit. Tu vois quand tu veux. », continua Pauline d’une voix toujours aussi mielleuse.

Elle continuait à me parler, mais je me déconnectais de la conversation, ma tête devenait subitement lourde, je tremblotais sur ma chaise et la femme en face de moi ricanait de plus en plus fort.

Au-dessus d’elle, je distinguais clairement la forme que j’avais entraperçue auparavant et je frissonnai ; ce n’était pas un chapeau tout compte fait, c’était une bouteille d’alcool !

Qu’est-ce que c’est que ce truc ? Je divague ?

Puis, je perdis connaissance.

Lorsque Pauline me réveilla à grands coups de claques sonores, je me retrouvai ligoté, les pieds écartés, solidement attachés à un poteau de bois.

« T’émerges enfin, c’est pas trop tôt, maugréa Pauline.

– Quoi ? », bafouillai-je.

Je dus plisser les yeux, car la lumière blanche brûlait mes rétines. Le brouillard enveloppait mon esprit et ma tête bourdonnait. Je ne percevais que des formes, car un voile obscurcissait ma vision. Ce lieu me semblait inconnu tout comme la silhouette qui se tenait près de moi. J'avais un mauvais pressentiment, toutefois je décidai de l’interroger :

« Où suis-je ? Qu'est-ce que je fais ici ?

– Tu poses toujours les mêmes questions. Fais un effort. La prochaine fois, je doserai mieux. La drogue était un peu trop forte pour toi. »

Je ne comprenais rien aux paroles de cette folle !

Le martèlement dans mon crâne s'intensifia, tandis que des flashs me traversèrent : un pendule, des psalmodies, une route, une carotte géante ?!

Tout ceci n'a aucun sens, je dois reprendre mes esprits, cependant, j'ai du mal à me concentrer avec ce tintamarre.

D'autres images me parvinrent : des flammes, des visages calcinés et ravagés d'où sortaient des vers de leur nez, de leurs oreilles, de leurs bouches ! Des hurlements suraigus les accompagnaient.

Je deviens complètement cinglé !

Sans prévenir, le voile se rompit ainsi que les bourdonnements et ces visions.

Si je n'étais pas solidement attaché, je me serais écroulé, toutefois les liens n'empêchaient pas mes jambes de trembler.

C'est alors que j'aperçus la mère de Brice, joyeuse.

« Je vois que monsieur réfléchit, c’est bon signe. Tu te demandes sans doute pourquoi je t’ai fait venir ici.

Elle marqua une pause avant de reprendre, en éclatant d'un rire sinistre.

J’espère que tu as apprécié ta limonade, car tu n’es pas prêt d’en boire une à nouveau. »

Suite à cette menace, la peur me gagna. Mais je devais me contrôler pour ne pas offrir la victoire trop facilement à ma tortionnaire.

« Je suis sûre que tu n’as pas peur de moi et c’est tant mieux. Tu veux te montrer fort. C’est tout à ton honneur. C’est dommage, tu commençais à me plaire, mais tu es allé trop loin et tu mérites une leçon. Pour commencer, montre-moi ton matos ! »

Décidément, cette cinglée parlait par énigmes ! J’attendais des précisions lorsqu’elle tira violemment sur mon pyjama, qui descendit jusqu'à mes genoux !

Même pas le temps de réagir qu’elle recommença le même geste avec mon slip ! Elle fixa avec avidité mon sexe et déclara :

« C’est pas si mal pour ton âge ! »

J’étais tellement choqué que je gardais le silence. Ensuite, tout s’enchaîna : elle me chopa les… !

J’émis un geignement mêlé de surprise et de douleur, et la vieille ricana :

« C’est tout ? On croirait un petit chien ! »

Voyant que je ne répondais pas elle continua de parler :

« C’est un peu court mon garçon. C’est vrai que tu es plus jeune que mon Brissou, mais quand même. La douleur n’attend pas le poids des années comme j’aime le dire. »

Mon silence la mit en rogne et elle m’invectiva de plus belle :

« Elles sont vraiment minuscules, si tu n’as rien senti. Et là, tu sens quelque chose ? »

Elle serrait de plus en plus fort mes testicules, tandis que moi c’était les dents que je crispais : je ne voulais pas lui montrer ma douleur. Un mimétisme s’empara de nos visages : un rictus de haine se dessina sur le sien, un de résistance sur le mien ! Aucun des deux ne voulait lâcher, puis elle finit par abandonner.

« Bon, ça suffit. Passons à autre chose. »

Malgré le souffle court, je réussis à articuler d’une voix rauque :

« Vous n'êtes qu'une vieille chouette. »

Après une pause, elle reprit :

« Tu encaisses bien. Je comprends mieux pourquoi tu as donné du fil à retordre à mon fils.

– Merci madame, répondis-je, ironiquement.

– On aura tout vu. Je l’emmène ici, je le drogue, je le frappe, et lui, il me remercie… Mais si tu crois que tu vas me berner avec ta politesse, tu te mets le doigt dans l’œil. Je n’en ai pas fini avec toi. La nuit ne fait que commencer.

– Encore des menaces, vous ne savez faire que ça », me rebellai-je.

Je jouais dangereusement, car cette vieille harpie ne se résignerait pas si facilement.

« Tu feras moins le malin dans quelques instants. J’ai commencé en douceur, mais je vais passer à la vitesse supérieure, tu peux me croire. »

Je changeai de tactique également, en sondant mon adversaire ; en effet, j’arriverai peut-être à diminuer la douleur en connaissant les sévices à l’avance.

C’est quoi ces conneries ?

Je restai stupéfait par ce que je venais de découvrir dans la tête de mon bourreau.

La mère de Brice souhaitait que je demande de l’aide auprès de maman. Elle semblait se nourrir de la peur des autres. Si je paniquais suffisamment en appelant ma mère au secours, son karma maléfique gagnerait en puissance et elle pourrait continuer de me torturer physiquement, sa force en serait décuplée. J’avais eu un aperçu de son pouvoir la nuit précédente, quand elle avait tordu le bras de son fils.

Je décidai de tenter ma chance : je devais lui faire croire que j'abandonnerais et que je supplierais mes parents de venir me secourir. Pour l'instant, je ne voyais pas d'autre options possible, même si je devrais trouver d'autres moyens de m'en sortir.

« Je peux avoir un verre ? demandai-je d'une voix chevrotante.

– Enfin, tu deviens raisonnable. Normalement tu aurais dû boire ton dernier verre tout à l’heure, mais je vais être sympa avec toi et t’en apporter un autre. Ainsi nous allons trinquer. En souvenir de mon fils. Ça ne te dérange pas, n’est-ce pas ?

– Comment voulez-vous que je trinque avec vous ?

– C'est moi qui vais te donner le biberon ! Va savoir pourquoi, j'ai toujours aimé ça.

Pauline se servit une bonne rasade de whisky, avant de porter la limonade à ma bouche, que j'avalais en de grandes gorgées.

– Dis donc, tu avais drôlement soif.

– Encore une, s'il vous plait.

– C'est demandé si gentiment, mais il ne faut pas abuser des bonnes choses. Moi, par contre, j'ai bien mérité une petite récompense. J'ai toute la nuit pour te faire souffrir mon petit. »

Ma geôlière s'installa au comptoir et se servit plusieurs verres. Mon piège était enclenché : si elle continuait à ce rythme-là, elle ne tiendrait pas longtemps avant que les effets de l'alcool trompent sa vigilance. Déjà, elle commençait à se laisser aller et racontait des histoires sur son fils. Je l'écoutais, hochais la tête en signe d'approbation.

Les propos de Pauline étaient de plus en plus incohérents et décousus. Je devais agir maintenant.

J'observai la salle en espérant dénicher quelque chose qui pourrait m'être utile. Bien que peu confiant, j’avais compris que je devais enfouir ma frayeur pour éviter qu’elle ne se retourne contre moi.

Mes yeux scrutèrent la pièce avec frénésie et Pauline le remarqua.

« Tu peux chercher minus. Tu ne trouveras rien pour t’aider. Tu es à ma merci », ricana-t-elle dans un souffle empestant l'alcool.

Quelques instants plus tard, une onde de joie m’envahit, mais je devais rester prudent : ma rivale ne devait pas se douter de mon plan !

Surtout que… En fait, je ne comprenais pas très bien, mais je me laissai porter par cette idée qui était invraisemblable. À ma connaissance, je ne disposais pas de ce pouvoir.

Aie confiance. Aie confiance, me répétèrent des voix qui se chevauchaient.

Pendant que je réfléchissais, Pauline se servit un autre verre qu’elle dégusta.

Ensuite, elle se rapprocha de moi, en emportant une des bouteilles vides, retira mes chaussures ainsi que mes chaussettes, puis elle brisa le récipient sur mes pieds ! Les bris de verres s’enfoncèrent dans ma chair qui se colora de rouge.

« Aie, lâchai-je en retenant à grand-peine mes larmes.

– Je vois que tu commences à comprendre. », ricana-t-elle.

Je dois rester concentré, pestai-je intérieurement.

Après un court instant de silence, elle reprit :

« Tu veux toujours jouer les muets, c’est ton choix, ça ne me fera pas changer d’avis en tout cas. Je vais prendre un malin plaisir à te faire souffrir morveux. Et ainsi… »

Elle ne termina pas sa phrase et j’attendis ce moment pour intervenir. Je me concentrai mentalement sur la syllabe « ma », ce qui fit sourire ma geôlière.

« Vas-y ! Appelle maman. Tu vas voir de quoi je suis capable. »

Cependant je terminai mon mot avec la syllabe « gnum » !

« Quoi ? C’est quoi ces conneries ? » s’intrigua Pauline.

Elle resta bouche bée en fixant une bouteille de champagne, qui s’envola d’un des casiers. Cette dernière grossissait au fur et à mesure qu’elle s’approchait de sa tête.

« C’est quoi ce délire ? hurla-t-elle, abasourdie. »

Pauline n’eut pas le temps de penser à se défendre. D’un geste de ma tête, le magnum se brisa sur son crâne et déversa son contenu sur elle. La mère de Brice resta sonnée.

Quelques instants plus tard, elle se releva et m’apostropha.

« Tu te crois drôle ? Tu vas me le payer. »

Je ne le lui laissai pas le temps de riposter.

« On a assez joué vieille folle. Il est temps d’aller vous coucher.

– Tu vas vite perdre ton assurance, sale gamin.

– C’est ce qu’on va voir. »

Mentalement, je bougeai des flasques du bar ; celles-ci voltigèrent et attaquèrent Pauline de toute part. La femme tentait de les attraper, c'est alors que je les fis exploser. Les morceaux de verres lui tailladèrent les mains.

« Petit con. Tu vas le regretter.

– Attendez, je n’ai pas fini. »

Je me concentrai sur de nouvelles boissons : whisky, sirop, vodka... Tout y passait, Pauline ne savait plus où donner de la tête. Certaines se brisaient sur ses bras, d'autres sur ses cuisses, ses oreilles, ses genoux, ses chevilles... Le corps de la jeune femme était criblé de morceaux de verre. Je plaçai également des bouteilles sur le sol pour lui faire perdre l'équilibre. Ce stratagème mêlé aux objets devenus incontrôlables atteignit son but et elle s'affala par terre.

« Vous savez maintenant ce que ça provoque les éclats de verre, m’amusai-je.

– Tu as de l’humour mon petit. Continue de rire tant que tu le peux. », rétorqua Pauline.

Elle essaya de se relever malgré la douleur, mais je déplaçai d’autres bouteilles du bar pour l’immobiliser. Dès qu'elle tentait de se redresser, je fracassais les récipients et une pluie de brisures de verre l'aveuglait, la clouant au sol, ses bras protégeant son visage.

Je n’aurais jamais dû le sous-estimer, j’étais prévenue qu’il était coriace, mais je ne pensais pas à ce point-là.

C’est alors que je me focalisai sur le lourd lustre qui trônait au plafond du café.

La femme le perçut, car elle regarda ce que j’observais avec insistance.

L’angoisse s’empara alors de la vieille harpie et elle me supplia d’arrêter tout ça.

Je décidai d’enfoncer le clou.

« Promettez-moi de ne plus vous en prendre à moi ainsi qu’à ma famille et mes amis, hurlai-je.

– C’est promis. Mais garde ce lustre loin de moi, répondit Pauline effrayée.

Elle cherchait une porte de sortie qu'elle finit par trouver :

– Comment veux-tu que je sache qui sont tes amis ?

– Je ne m’en fais pas pour ça. Vous avez un don, vous l’utiliserez en temps voulu pour le déterminer.

– Tout ce que tu veux, je le promets. Laisse-moi partir maintenant, pleurnicha Pauline.

– D'accord, mais avant, détachez-moi. Ensuite, vous nettoierez les dégâts et vous paierez les bouteilles cassées.

– C’est tout ? demanda prudemment Pauline.

– C’est déjà pas mal, vous ne trouvez pas ?

– OK. Je vais nettoyer. Laisse-moi tranquille. », marmonna la jeune femme.

Elle réussit à se débarrasser des bouteilles facilement, car j’avais cessé mon emprise sur ces dernières.

Elle décida de m’obéir ce soir, car elle désirait rentrer chez elle. Elle avait perdu de sa superbe cette nuit et ne voulait pas en rajouter.

Ce garnement dispose de facultés psychiques extraordinaires pour son âge. Comment a-t-il pu maîtriser la télékinésie si facilement ? La prochaine fois, j’emmagasinerai assez de force pour le vaincre, mais ce soir je renonce.

Pauline se redressa difficilement à cause de ses blessures. Elle boita jusqu’à moi, me délia, et pansa mes pieds après avoir retiré les morceaux de verre qui s’y étaient incrustés.

Puis elle jeta les débris et lava le sol avant de revenir vers moi.

« Je paierai demain. De toute façon, c’est moi qui claque le plus de pognon dans ce bouge.

– Je vous fais confiance pour ça, conclus-je en remettant mes chaussettes ainsi que mes chaussures.

– Tu n’as plus qu’à rentrer chez toi maintenant, tout comme moi.

– Ouais, bonne nuit, terminai-je.

– C’est bien gentil de ta part, maugréa Pauline. Allez file, je t’ai assez vu pour cette nuit. »

Je m’apprêtais à quitter le café lorsque Pauline me lança une ultime remarque.

« Tu as peut-être gagné, mais tu n’auras pas cette chance la prochaine fois. »

Je ne relevai pas et sortis.

Quelques minutes plus tard, j’avais regagné mon lit et me relaxais au chaud, dans mes draps.

Tout comme Pauline, je ne comprenais pas comment ce nouveau pouvoir était apparu. Je ne savais pas comment j’avais réussi à déplacer les bouteilles pour les faire exploser sur cette femme. Sur ce coup, j’avais eu énormément de chance. En remarquant le magnum, j’avais su que la partie était gagnée : j'avais perçu que je pouvais le déplacer par ma seule volonté. Je ne pouvais l’expliquer, mais j’en avais eu la certitude. Cependant, je me doutais que ce ne serait pas aussi simple à chaque fois. Désormais, mon ennemie prendrait des précautions et décuplerait sa force… J’avais gagné une bataille, mais les suivantes seraient plus difficiles.

Sur ces dernières pensées, je tombai de sommeil.

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