À l'hôpital

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Cauchemar enfin terminé. Je ne comprenais pas trop ce qui s’était passé, mais j’étais en vie et la menace avait disparu. C’était le plus important.

Lentement, je me relevai en m’appuyant contre le tronc de l’arbre. Par chance, je m’étais dirigé sans le savoir vers la cabane des chasseurs, qui se se trouvait à quelques mètres devant moi. Je décidai de m'y rendre. Je me traînai difficilement, et finis par l’atteindre. J’ouvris la porte, en m’écroulant de tout mon poids.

Matthieu et Dimitri se précipitèrent vers moi et m’aidèrent à m’asseoir sur une chaise. Matthieu enleva son sweat et le mit sur mes jambes qui n’arrêtaient pas de trembler.

« Tu es drôlement amoché. Que s’est-il passé ?

– C’est ça de vouloir jouer le malin avec un enragé, dis-je d’une voix faible avant de continuer :

Tu as l’air plus en forme que tout à l’heure !

– C’est notre génie de la médecine, il m’a fait quelques tours de magie, déclara Matthieu avec un léger sourire en désignant Dimitri.

– J’ai surtout eu de la chance. Matthieu a raison, tu dois te reposer avant que l’on ne reparte. Économise-toi. »

Je suivis son conseil. La douleur me tiraillait, mais j'essayais de l'oublier.

Pendant ce temps, Dimitri téléphona à son père afin de lui expliquer la situation – en omettant certains détails comme la folie furieuse du cerf.

Son père lui répondit qu’il nous ramènerait. Il nous conseilla de rester au chaud dans la cabane, en attendant qu’il arrive.

Après quelques instants de souffrance... on frappa à la porte.

Sans attendre de réponse, Régis, le père de Dimitri entra.

« Bonjour les petits monstres. Tout va bien ? »

Il s’approcha ensuite de moi.

« Tu es blessé mon garçon. Vous avez bien fait de m’attendre. On va d’abord passer à l’hôpital. »

Sitôt dit, sitôt fait. Nous quittâmes la cabane pour nous installer dans son 4X4. En chemin, Dimitri expliqua à son père qu’un cerf avait pris peur et nous avait foncés dessus.

À l’hôpital, des urgentistes me placèrent sur un brancard, pour qu'ensuite un médecin m’emmene au bloc.

« Vous êtes son père ? questionna-t-il.

– Non, je suis le sien, déclara-t-il en indiquant Dimitri. À priori ils se sont fait attaquer par un cerf.

– Il faut prévenir ses parents dans ce cas. »

Régis passa à l’accueil et leur téléphona.

« Zlough »

Quelques minutes plus tard mes parents débarquèrent dans l’hôpital, affolés.

La standardiste leur affirma que j’étais entre de bonnes mains.

« C’est grave ? Mon fils va bien ? »

– Le docteur va venir vous voir. »

Mes parents l'attendirent avec impatience.

« Vous devez être la famille du jeune Fabien ? commença-t-il.

– Oui. Comment va-t-il ? demanda nerveusement maman.

– Il a eu beaucoup de chance. Ses blessures sont sérieuses, mais pas mortelles. On va le garder cette nuit en observation. Il lui faudra du repos.

– On peut le voir ?

– Vous pouvez, mais ne restez pas longtemps. Il doit se reposer. Vous avez un garçon courageux. »

« Zlough »

Le médecin précéda mes parents dans la chambre qui s’approchèrent du lit.

« Que s’est-il passé ? demanda papa, inquiet.

– Je sais pas trop. On a vu un cerf au loin et ensuite, pour je ne sais quelle raison, il a foncé sur nous.

– Qu’est-ce c’est que cette histoire ? Un cerf, c'est pacifique. Il n’attaque que s'il sent un danger, s’énerva mon père.

– Je sais pas papa. Je ne comprends pas ce qui s’est passé, pleurnichai-je.

– Du calme mon petit prince. C’est fini. Tout va bien. Tu n’es plus en danger, me consola maman.

– Tu as raison chérie, le plus important c’est qu'il aille bien. Pour le reste on verra plus tard.

Mon père se tourna ensuite vers moi en me déposant un baisant sur le front accompagné d'un je t'aime touchant.

– Moi aussi je vous aime.

– Je sais chéri. Tout comme moi. Le docteur nous a dit qu’il fallait que tu te reposes.

– Il a raison. Je suis un peu fatigué.

– On repassera te voir demain.

– D’accord. Ne pensez plus à ceci. Tout va bien se passer maintenant.

– À t’entendre on croirait que c’est nous qui nous sommes fait attaquer par un animal furieux, commenta mon père.

– Je suis pas près d’oublier cette virée dans les bois en tout cas. »

Mes parents sortirent et Dimitri se glissa dans la pièce.

« Comment va notre blessé ?

– Mieux que tout à l’heure en tout cas.

– J’te le fais pas dire. Tu nous as fait une sacrée frousse, toi.

– Je m’en serais bien passé. Tu peux me croire. Tu n’es pas encore rentré chez toi ?

– Je voulais te souhaiter une bonne nuit avant de partir. Et maintenant au dodo. », me conseilla Dimitri en sortant de la pièce.

Je décidai de l'écouter et fermai les paupières.

Quelques instants plus tard, je perçus son retour.

*

Dans la nuit, Dimitri sortit de sa cachette. Il devait penser que je dormais, mais le jump-look m’avait averti de sa présence. Je décidai de ne pas lui montrer que j’étais au courant de ses dons.

Comme il l’avait fait dans l’après-midi, ses iris se transformèrent d’un bleu intense et de ses mains jaillirent des boules d’énergies qui traversèrent mon corps.

Quelques minutes plus tard, elles s’expulsèrent et s'évanouirent.

Je gardai les yeux fermés et laissai Dimitri partir.

Mes douleurs avaient disparu et mes plaies avaient cicatrisé. J’avais de la chance d’avoir un guérisseur comme ami. Il était un de mes alliés contre mes ennemis du village.

Je finis par sombrer dans le sommeil, apaisé.

*

L’infirmière est de retour et me sourit de nouveau.

« Nous avons bien avancé aujourd’hui. C’est bien. Détendez-vous et cessez de trembler. Vous n’avez plus rien à craindre. J’aime ce passage et j’avoue que votre peur face au cerf m’a fait plaisir. C’est moi qui suis à l’origine de cet extrait. J’ai trouvé l’animal plus singulier que le sanglier pour une chasse à l’homme. Le cerf me rappelle le mythe d’Artémis.

– Vous êtes en forme ce soir, rétorqué-je d’un ton fatigué.

– Pas comme vous on dirait. Comme je vous le disais, nous sommes contents. Vous avancez bien et on va, enfin, pouvoir passer à la seconde phase.

– Au début j’ai cru que vous pourriez m’aider. Ensuite, je me suis dit qu’ils vous surveillaient, que c’était pour ça que vous ne le pouviez pas. En fait vous adhérez complètement à leurs idées.

– C’est drôle ça, parce que je suis une femme, vous pensiez… »

Je la coupe :

« Ce n’est pas ça du tout. Je pensais juste en vous voyant débarquer la première fois avec vos gestes un peu plus délicats que vous pourriez m’aider. Ce n’est pas parce que vous êtes une femme, ça n’a rien à voir. Je sais que vous pouvez vous montrer aussi cruelles que les hommes.

– Comme vous êtes naïf, vous me faites rire. Vous avez vraiment cru que... »

Une nouvelle fois je l’interromps :

« Non, j’ai arrêté de croire en vous après les événements de ce matin, peu avant la poursuite de vos tests. Votre sourire m’a glacé.

– C’est vrai que c’était drôle ce matin. Vous auriez dû voir votre tête.

– Et maintenant ?

– Maintenant, vous allez dormir bien sagement. Comme je vous le disais tout à l’heure, on approche de la fin de la première phase. Essayez de vous reposer, car, de nouveau, demain sera une grosse journée pour vous. Je ne vais pas vous en dire plus, sinon vous ne dormirez pas de la nuit. Ce n’est pas le but bien au contraire. Vous devez être en forme, bien sûr je dis ça pour vous. Après, libre à vous de suivre ou non mes conseils.

– Ce sera si terrible que ça ? demandé-je, inquiet.

– Je vous conseille de ne pas trop y penser. Je bluffe peut-être, mais je vous garantis que vous n’allez pas rire demain en voyant ce qu’on vous a réservé, finit-elle dans un rire aigu. »

Je ne réponds pas. J’en ai assez entendu. La femme tente alors de renouer le dialogue.

« Vous êtes encore moins bavard que d’habitude, c'est pour dire. Bon, comme vous boudez, je vais vous laisser. Étant donné que je suis une gentille fille, je vais éteindre les lumières. Pensez à ce que je vous ai dit et tentez de reprendre des forces. Sur ce, je vous laisse. »

Elle part. C'est pas trop tôt. Je ne peux plus l’encadrer. Elle ne vaut pas mieux que les autres.

Ses paroles me donnent un frisson, mais je concède que je dois être en forme si le passage est aussi difficile que ce que m’a promis la jeune femme.

Je rumine, tente changer de position pour dormir, cependant les sangles, les fils et les électrodes me gênent. Au bout d’une heure de combat, un médecin arrive. Il a une seringue dans une main, un verre dans l’autre.

« Vous préférez quoi pour ce soir ? me demande-t-il.

– Le plus rapide pour dormir.

– Ce sera la seringue. »

Il pose le verre sur la table près de mon lit et m’injecte son tranquillisant.

Comme toujours, ce dernier est d’une redoutable efficacité. Quelques minutes plus tard, je m’endors. Enfin !

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