mes rites et hérite

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Ce titre de défi interpelle. Des enfants qu'on mérite. Encore une fois, ma réflexion s'enclenche quand je rebondis sur la rime ou la sonorité.

On hérite. On devient parent en se construisant sur ce qu'on hérite des générations d'avant. Les erreurs, les non-dits, les secrets, le non-désir d'enfant, les raclées violentes, les agissements louches des voisins. J'ai hérité de tout cela, j'ai eu peur en découvrant le visage de ma fille, en étant persuadé que toute cette nocivité allait me jouer des tours. Mais non, j'ai décidé de faire autrement pour elle, pour son grand frère autiste et pour leur petite sœur, avec la force de l'amour que m'a porté leur papa. Il a tenu à mes côtés un rôle que tant d'hommes dans la famille n'ont pas pu, pas su, pas voulu tenir. Il avait bien sûr, quelques fois, des yeux malicieux et rieurs, quand j'aurais souhaité qu'il les rendent un peu gros, un peu plus durs pour gronder, mais il rétorquait toujours que mon métier d'enseignante me prédisposait à cette attitude. Mais quand il était seul avec les trois loulous, il assurait. Et notre fille se souvient avoir été mise au coin par son papa. Anecdotique ? Non, un très beau souvenir, étant donné que mes trois enfants sont orphelins de leur papa depuis janvier 2009.

Mérite. Ils ne méritaient pas ça et je ne méritais pas ça. Mais c'est arrivé et nous avons fait face. J'ai pris sous mon aile nos trois oisillons et j'ai avancé pour eux, avec eux, portée par la force de l'amour de l'alliance de mon mari, collée à la mienne. La psychologue était là pour nous, la généalogie m'a permis de nettoyer cette nocivité que j'avais tant redoutée. Elle a donné des réponses à toutes ces heures sombres, la passivité de mon père, la sévérité générationnelle du matriarcat, elle a fait sauter tant de verrous. J'ai avancé à contre-courant, parfois aveuglée par mes larmes mais jamais désorientée, guidée par l'étoile de mon prince valseur.

Mes rites. Prendre mes enfants par la main et pointer du doigt le ciel, pour les laisser prendre l'énergie de la lumière de leur papa. Allumer une bougie pour nous réchauffer à la chaleur de son souvenir. S'émerveiller de voir se poser un oiseau à côté de nous, retenir mon souffle quand un papillon vient se poser sur ma main. Et regarder mes enfants grandir et sourire à la vie.

Ils vont bien, ils sont la digne et belle incarnation de leur papa, ils sont une tendre équation de ce couple de danseurs que nous formions. Ils ont encore mal, ils ont un cœur en cicatrisation, cette terrible épreuve a fait boiter leur enfance mais ils vont bien. A eux de construire la suite. Je suis ce barrage qui retient la nocivité du passé, ils le savent, ils ont devant eux l'avenir.

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