Dimanche 02 Octobre 1983

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Lyon, Dimanche 02 Octobre 1983

Liliane attendait dans la zone de transit le moment d'embarquer. Même si ce n'était pas sa première fois, elle commençait à sentir l'angoisse l'envahir et depuis quelques minutes, elle avait carrément un mauvais pressentiment.

Les autres passagers se dirigeaient lentement vers la porte d’embarquement et les hôtesses vérifiaient leurs billets avant de les laisser monter.

Liliane hésita un instant, et si elle ne montait pas dans cet avion ? Et si elle rentrait tout simplement chez elle ? Personne ne l’obligeait à partir après tout !

Elle se réprimanda mentalement d’avoir eu des pensées aussi puériles et se félicita de les avoir gardées pour elle ! Que pouvait-il bien se passer ? Des milliers de gens prenaient l'avion tous les jours sans qu'il ne leur arrive rien. Et puis n’était-ce pas le transport le plus sûr au monde ? Quelle était la probabilité d'un crash déjà ? Elle ne se souvenait plus vraiment des chiffres mais aucune importance, il fallait aller de l’avant et refouler ses craintes enfantines. Elle se leva d’un pas décidé et se dirigea vers la file d'attente.

Assise près du hublot, Liliane regardait la piste s'éloigner jusqu'à devenir un minuscule point tout en bas en dessous des nuages. Le temps était clair et le voyage s'annonçait bien.

Le commandant de bord prit alors la parole pour s’adresser aux passagers.

- Mesdames et messieurs, bonjour, je suis Valentin, votre commandant de bord, vous avez pris place dans un avion en direction de Paris où nous arriverons dans une heure quinze minutes, seulement si l'avion ne s'écrase pas avant ! Nos hôtesses passeront parmi vous pour vous proposer un choix de boissons et de sandwichs variés ou avariés. Merci de votre attention, je vous souhaite un agréable voyage sur notre compagnie.

Ce petit trait d'humour ne fit rire personne et surtout pas Liliane qui se sentait de plus en plus mal à l’aise.

L’hôtesse expliqua sommairement l’utilisation du gilet de sauvetage et du masque à oxygène. Cette démonstration à la fois ridicule et dérisoire n’aida pas Liliane à chasser de son esprit la peur panique qui la submergeait. Elle finit cependant par s'endormir profondément et fut réveillée brutalement par la voix du commandant de bord qui demandait aux passagers d’attacher leur ceinture en prévision d’une entrée imminente dans une zone de turbulences.

Liliane, obéissante attacha rapidement sa ceinture et plaqua le masque à oxygène sur son visage comme l'avait fait l'hôtesse au début du voyage.

L'avion se cabra comme un cheval fougueux, un bruit fracassant secoua la fragile carlingue, Liliane, terrorisée se boucha les oreilles et ferma les yeux en se recroquevillant contre son siège. Tout le monde allait y passer, c'était une certitude. Le ciel sombre et menaçant lançait des éclairs qui percutaient le minuscule fuselage.

La traversée de la zone de turbulence sembla durer une éternité, puis le ciel finit par redevenir bleu pâle, le soleil brillait à l'horizon et l'orage n'était plus qu'un mauvais souvenir.

- Ici Valentin, votre commandant de bord, nous allons faire une escale exceptionnelle à Nantes Nous amorçons notre descente, la température au sol est de douze degrés. Veuillez garder votre ceinture attachée. Merci pour votre attention.

Valentin venait de faire cette annonce d'une voix calme et assurée mais son visage était blême et livide, un morceau de carlingue s'était détaché de l'arrière de l'appareil et un des deux moteurs ne fonctionnait plus. L'atterrissage s'annonçait plutôt mal, mais il ne devait pas affoler les passagers. Il contacta la tour de contrôle pour demander l'autorisation de se poser.

- Tour de contrôle, ici le vol 1472 à destination de Paris, avion en difficulté, je demande l'autorisation d'atterrir d'urgence.

Le silence qui suivit cette annonce dura quelques minutes avant qu'une voix se décide enfin à répondre.

- Ici la tour de contrôle, veuillez répéter le numéro de votre vol ?

- 1472 ! hurla Valentin

A l'autre bout, la voix semblait hésiter.

- Désolé, je ne trouve pas votre vol dans notre base de données, êtes-vous sûr du numéro ?

- Je crois que vous n'avez pas bien compris la situation, j’ai perdu un moteur et un morceau de tôle je ne sais même pas si nous allons nous en sortir et tout ce que vous trouvez à dire c'est si je suis sûr de mon numéro de vol !

Une autre voix prit le relai de la première.

- Ici Gram, le superviseur de la tour de contrôle, vous avez l'autorisation d'atterrir, nous réglerons ce problème informatique plus tard. Posez-vous sur la piste verte.

Valentin commençait à reprendre espoir quand le deuxième moteur toussota, crachota puis s'arrêta.

C'était la fin, il ne pourrait pas atterrir sans moteur. L’avion descendit en chute libre, les passagers hurlaient, Liliane ferma les yeux, elle avait l'impression d'être dans un ascenseur qui tombait sans fin sans jamais s'arrêter.

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