Elle panique et presse le pas en direction du salon. Son interlocuteur, à l'autre bout du fil, ne trouve pas les mots justes pour décrire la situation. Son seul conseil est d'allumer son poste de télévision pour y regarder une chaîne d'informations. Elle s'empare de la télécommande, allume son écran, zappe sur la seizième chaîne et constate que l'impossible est en train de se produire. Elle échappe son téléphone qui tombe à terre, laissant son correspondant seul face à son désespoir. Elle est tétanisée. Elle n'arrive pas à croire que cela soit arrivé. Une ou peut-être plusieurs larmes glisseront sur ses joues dans un silence intérieur glaçant et privé de sanglots. Elle n'arrive pas à détourner les yeux des images que lui renvoie son écran. Puis une alarme civile commence à retentir, là, dehors, faisant écho sur les façades de chaque immeuble qui bientôt ne seront plus. Les oiseaux quittent en masse leurs perchoirs pour former un essaim dense et fluide qui gravite au-dessus de la ville. Les chiens se mettent à japper, les rats fuient les égouts et grouillent sur les pavés, tandis que les passants, comme dépourvus de sens et de raison, démarrent la danse préliminaire de l'anarchie. La terre gronde, le sol tremble, les premières vitres éclatent alors que le soleil traverse la ligne d'horizon, et puis, comme le calme avant la tempête, plus rien.

 Silence.

 Elle qui était statique devant sa télévision marche vers l'une des fenêtres brisées du salon. Tout semble figé. Les passants qui, il y a peu, s'agitaient dans tous les sens, sont immobiles. Tout le monde se regarde, puis lève les yeux vers cette tâche dans le ciel. Elle aussi la regarde, depuis chez elle. Elle la voit grandir, se rapprocher, accélérer. Sans même hurler ou paniquer, constatant que rien ne peut être évité, ils s'accroupissent, se mettent à genoux, prient pour certains, pleurent pour d'autres, en attendant la fin, en attendant que l'impensable se produise, en attendant que …

 Onde de choc.