Jocelyn ouvrit les yeux et, l'espace d'un bref instant, paniqua quelques secondes tandis que son regard détaillait la petite pièce aux murs lépreux. L'atmosphère exhalait le parfum renfermé des endroits jamais aérés et charriait l'arrière goût sinistre abandonné là par la population disparate qui, comme lui, échouait ici, pour une nuit ou davantage.

Il posa ses paumes sur ses orbites et frotta ses paupières comme pour éclaircir sa vision sans parvenir à dissiper le voile qui troublait sa vue. La veille, après s'être effondré sur la couchette de ciment, recouverte d'un mince matelas de mousse, Jocelyn avait repoussé la couverture miteuse puis s'était endormi comme une masse un peu avant l'aube.

La porte s'effaça dans un méchant grincement, paroi de métal sans âme à l'image des murs lépreux de la pièce. Jocelyn jeta un coupe d'oeil maussade sur le policier aux traits fatigués qui l'invita d'un geste à se relever. Dans le couloir, il aperçut Lilian, la dernière personne qu'il s'attendait à croiser ici. Pourtant s'il réfléchissait à sa situation... l'évidence s'imposa. Une fois ses affaires récupérées auprès de la préposée, le formulaire émargé, le jeune homme s'employa à relacer ses tennis, glisser son ceinturon dans les passants de son jean, puis sans enthousiasme, il rejoignit celui à qui il devait sans doute la fin de sa garde à vue. Avec l'ingratitude que lui reprochait souvent Cosme, son demi-frère, du temps où ils se croisaient encore, il siffla, méchant :

— Toujours temps de me faire sortir !