Samedi Écriture 11 Juillet 2020 Vous trouvez une boite de médicaments : Pilules Mystère

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Samedi Écriture 11 Juillet 2020

Vous trouvez une boite de médicaments : Pilules Mystère

Je devais la retrouver près de la gare Lille Flandre pour aller prendre un café gourmand. Un rendez-vous Tinder banal, un samedi après midi tranquille à Lille, capitale des Flandres. Mais elle n’est pas venue. Lapin. Elle m’a posé un lapin. Son message d’excuse bidon, qu’elle se le foute où je pense.

La tête baissée, pas par dépit mais pour éviter de marcher dans des crottes de chiens, je me dirigeais vers un parking souterrain non loin de là. C’est là que mes yeux ont été attirés par un éclat de lumière. Comme si un arc-en-ciel venait de passer et m’indiquait l’emplacement de son trésor : dans le caniveau. Mes yeux suivirent ce trait de lumière multicolore et se posèrent sur une boîte en carton, de la taille d’une boîte de médicament. Elle ressemblait plus à une boîte de jeu de carte : Carton noir iridescent, texte doré, symbole étrange sur la tranche.
Je me baissais pour la ramasser, et une fois remis debout je l’examinais plus attentivement.

On pouvait y lire : « MYSTERIUM PAR LE DR MUIRETSYM ».

Cette inscription était accompagnée d’étrange symbole digne des cartes de tarot les plus énigmatiques.

La couleur de la boite ne cessait d’onduler. Cela m’hypnotisait. Je réussi à lire le dos de la boite :

-Pas plus d’une pilule à la fois, les effets ne sauraient être prédits, à vos risques et périls.

-Lorsque l’effet de la pilule sera terminé vous aurez comme l’impression que vos oreilles se débouchent mais pour votre esprit.

-Etes vous prêt à chasser les lapins au fond de leur terriers ? A rejoindre Alice et toute sa clique ? Ne soyez pas en retard !

Je cherchais d’autres inscriptions sur la boîte mais rien. Pas d’adresse. Je pensais que cela venait d’un magasin de farce et attrape mais je n’en connaissais pas beaucoup à Lille, et je n’allais pas toutes les visiter pour savoir quels goûts avaient ces bonbons. J’ouvrais la boite, pas de notice, une seule plaquette déjà entamée. Sur les 10 pilules il n’en restait que 7. Evidemment 7, le chiffre magique. Sûr que la boite neuve n’en contenait que 7 et pas 10, attrape nigaud classique.

Mais les gélules avaient un air étrange, une couleur, une forme, un quelque chose que je n’avais jamais vu avant, comme si elles ne venaient pas de ce monde. J’en fis tomber une dans ma main, celle qui avait l’air la plus rouge. Je décrirais cette couleur comme rouge passion. Après une tinderade loupée le rouge passion m’intriguais. Je la gobais, m’attendant à un goût fraise cerise.

Mais rien, à peine la pilule avait touché ma langue qu’elle disparue, comme évaporée.

Le nigaud ici c’est bien moi. Je continuais ma route, les yeux toujours vissés au sol, hors de question de me salir les chaussures. J’arrivais sur la place du nouveau siècle, près à descendre l’ascenseur vers le parking, quand je senti quelque chose d’étrange : ma langue brûlait mais sans douleur, j’avais chaud, le cœur qui battait, une sensation d’amour, une odeur ravissante dans le nez, le parfum de l’amour. Je cherchais des yeux d’où me venait cette sensation, comme si mes yeux étaient des radars. Sensation indescriptible. A gauche la sensation devenait plus forte. Pris d’un vertige j’aperçu un banc, je m’y assis rapidement avant de tomber. Une fois assis je continuais de scanner la zone méticuleusement. Des femmes passaient devant moi, rien. Des hommes, rien non plus. La sensation se faisait de plus en plus forte. L’arbre devant moi ! Amoureux d’un arbre ? Je rêvais de me lever, de l’enlasser ! Je pouvais encore me retenir au moins, ouf. Mais la sensation bougeait, ce n’était pas l’arbre, il était immobile. Je regardais un peu plus bas, une splendide, magnifique, bellissime pigeonne se pavanait là innocemment. Je crois que je me suis perdu dans son regard vide et creux pendant 10 minutes, pensant communiquer avec elle. Soudain je l’entendis dans ma tête : « arrrrête de me regarder comme ça, tu vas me faire rrrrooouuuuuuu rrouuuugir ! » Je me secouais, la pigeonne continuais de m’ignorer, elle picorait élégamment quelques graines ici ou là. Son plumage était lisse, son col aurait inspiré les plus grands designers de mode. Je restais là encore quelques minutes, totalement perdu dans la contemplation de cette belle oiselle.

Puis, j’eus l’impression que mon esprit se débouchait comme une oreille lors d’un rhume. Je reprenais mes esprits, l’oiseau s’envola, l’arbre me paraissait normal, pas de radars dans les yeux, pas de sonar dans la langue. J’étais revenu. Eh bien, quelle aventure !

Une légère euphorie, une envie de rire s’empara de moi. Sans réfléchir je pris la boîte et la jetai. Assez pour moi. Au prochain nigaud.

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J’étais assise devant le dernier bar avant la fin du monde, en terrasse, une belle après midi avec les copines. Il était temps de décoller. Nous nous dîmes au revoir, chacune partie d’un côté différent. Moi je récupérais mes affaires, mon sac du furet du nord dans lequel se trouvait le tome 2 des 3 mousquetaires : 20 ans plus tard. Le tome 1 m’avait bien plus, je voulais savoir la suite. La fin s’était même déroulée dans le coin !

Mais alors que j’allais rejoindre la gare, j’ai vu un acte abominable ! Un homme, un salopard se levait de son banc en riant et jeta sans un remord une boîte par terre. L’enfoiré, il y a des gens qui ne pensent jamais à garder la ville propre, une poubelle à côté en plus !

Je te l’attrapais par le colbac, il riait moins déjà !

-Alors, on jette des trucs par terre aujourd’hui !

-Oh ça, c’est biodégradable ! Je vous l’offre si vous voulez, mais à vos risques et périls.

Il se libéra et s’en fut sans dire un mot de plus. J’étais estomaquée de son toupet. Petit enxxxxlé va !

Je ramassais la boîte pour la mettre à la poubelle. Mais une fois en main, je fus comme saisie, hypnotisée. Il fallait que je l’ouvre, que, que, que je la dévore des yeux !

J’ai lu les inscriptions, observé la boîte, les pilules. L’une d’elle m’appelait : une noire et blanche aux frontières floues, la pilule semblait même ne pas être solide mais plutôt gazeuse, pourtant en la tâtant elle avait au moins un cœur solide.

Je la libéré de la plaquette, elle tombait dans ma main, vaporeuse. Je la placais rapidement sur ma langue. Elle avait un goût étrange, comme éteint, transparent. Elle se comporta comme un chewing gum : je la mâchais, et sans le vouloir elle enfila ma langue ! J’en fis une bulle. La bulle était étrange, bizarre, vous avez dit bizarre comme c’est étrange… Comme une boule de cristal, je soufflais et elle grossissait. Puis, clac, elle éclata.

Je n’y vis plus rien ! Quand ma vue revint, je me trouvais le long de la Lys, près d’Armentières. Je reconnaissais un peu, je venais courir souvent ici. Il faisait nuit. J’aperçu une barque. Le décor se modifia un peu, je me trouvais à présent entourée de plus d’arbre que d’habitude. Dans la barque, un homme, une grosse épée à la main, un manteau rouge sur les épaules, et une femme qui criait quelque chose que je n’entendais pas. Son épaule se dénuda, j’y vis un tatouage : une fleur de Lys.

J’étais dans l’histoire des Trois Mousquetaires ! Il devait y avoir Atos, Portos, Aramis et D’Artagnan non loin de là ! J’étais toute excitée, comme une puce. Mais je me retins d’aller les déranger, à ce moment là du livre il m’aurait sûrement assassinée pensant que j’aurai pu être une complice de Milady. Oh il devait y avoir aussi le Lord de Winter ?

Puis soudainement je me réveillais, la bulle de chewing gum finit d’éclater, ma vue revint, j’étais de nouveau à Lille.

Prise d’une terreur inexpliquée par rapport à l’excitation précédente je me débarrassai de la boîte en la jetant sous l’arbre. Puis je reculais et finit par rejoindre ma voiture dans le parking. En sortant, je cru voir un pigeon avec la boîte entre les pattes, près à la livre à son prochain destinataire.

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