Chapitre 16

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Deux heures plus tard, nous remercions les journalistes présents et nous éclipsons rapidement, direction la chambre. On doit parler et surtout baiser. Daniel a passé toute l’interview à me caresser la nuque et tout l’arrière du corps, sachant très bien quelle sera ma réaction. À la fin, je suis tellement excitée que je m’étonne que les journalistes ne l’aient pas vu et que le divan ne soit pas trempé. Une fois loin de leurs regards et des caméras, il m’attrape par les cuisses et me porte sur son épaule, malgré mes cris et la nausée qui menace de faire sortir ce qu’il reste dans mon estomac. Il me trimbale ainsi dans tout le palais, sans faire attention aux domestiques et à leurs circonspections plus qu’amusées.

Dans la chambre, il me balance sans ménagement sur le lit et me déshabille en un battement de cils. Il s’allonge sur moi, couvre mon visage de baisers, fait courir ses mains sur ma poitrine avant de les faire descendre sur mon ventre qu’il caresse et mon entrejambe impatient. Il joue avec moi, glissant ses doigts le long de mes replis sans les laisser pénétrer. Je crie, me débats pour les faire entrer mais, à chaque fois, il les retire, un grand sourire aux lèvres jusqu’à ce que j’arrête de bouger. Il me tient au bord du précipice et sait comment m’y maintenir. Je ne sais plus, je me perds en ses talents.

Puis, sans ménagement, il me retourne sur le ventre, son érection pressée entre mes fesses. Il me murmure qu’il va me prendre par derrière et que je vais adorer ça. Attends. Quoi ? Il veut vraiment m’enculer ? Y mettre un doigt ou deux, d’accord mais toute sa bite ? Non ! Je tente de m’échapper, me débattant comme une furie. Ses doigts prennent possession de mon anus, je crie et m’immobilise. Il me récompense d’un baiser dans le cou, le mordille un peu et continue de m’agrandir pour lui. Dois-je me sentir coupable d’aimer ça ? Il me lubrifie avec mon propre jus et, quand il me juge prête, enfonce son gland. Tout doucement, centimètre par centimètre, coup de rein après coup de rein, il va de plus en plus loin et j’adore ça. La douleur n’est étonnamment pas très présente, remplacée par le plaisir. Il me dit de pousser en même temps que lui et c’est encore meilleur.

Rapidement, on n’entend plus que le claquement de nos chairs s’entrechoquant, nos gémissements et nos cris de plaisir. La pression monte, encore et toujours plus forte et plus présente. Je me sens me resserre sur lui pendant qu’il joue avec mon mont de Vénus et ma poitrine. Encore un petit peu. Oh oui ! Plus fort ! Plus vite ! L’orgasme m’assaille et je hurle de plaisir, serrée à fond autour de lui. Je l’entends jurer, me donne un dernier coup de butoir puis il explose en moi. Le monde tourne tout autour de moi. Je ne sais plus qui je suis, ni où je suis. Tout ce que je sais, c’est que je l’aime et qu’il peut recommencer quand il veut. Lentement, il s’extrait, m’embrasse tout le long du dos et nous retourne. Comblée au possible, je me pelotonne contre lui. Ses mains continuent de se balader sur mon corps et je ronronne de bonheur. Je dépose des baisers sur son torse, m’attardant au niveau de son cœur. Je le sens sourire dans mes cheveux. Et, même s’il n’est pas encore midi, je m’endors sur sa poitrine, enroulée sur lui.

Ses mains qui passent et qui compressent ma poitrine me réveille. Un peu perdue, je secoue la tête comme un petit chien. Daniel est penché au-dessus de moi mais son expression est toute autre que celle qu’il avait avant de m’endormir.

« - Mon cœur ? Tu es réveillée ?

- Hmm… Oui, pourquoi ? Laisse-moi dormir encore un peu, je suis tellement fatiguée.

- Désolé chérie mais on n’a pas le temps pour jouer à ça. On nous attend.

- On nous attend où et pourquoi ?

- Au tribunal parce que les jurés se sont enfin décidés sur la culpabilité de ton père. Et ils veulent ta présence.

- Maiiis ! Ils n’auraient pas pu choisir un autre moment ? Ou mieux, se décider plus tôt ou demain ?

- Allez ma petite marmotte ! Debout ! On va être en retard. On l’est déjà, d’ailleurs… Allez ! On ne se rendord pas ! Debout ! »

Maugréant contre les gens qui obligent les autres à arrêter leurs activités pour suivre les leurs, je m’habille rapidement, grâce à l’aide de Daniel. Je suis encore endormie quand il me demande de me maquiller et de me coiffer et je ne fais rien de bon. Exaspéré, il appelle d’urgence ma coiffeuse et ma maquilleuse qui n’ont pas eu beaucoup d’ouvrage depuis un mois. En vingt minutes, je suis prête et assez présentable pour me rendre au tribunal. Dans la voiture, je ne peux pas résister au moelleux des banquettes et me rendors aussi sec. L’arrêt un peu brutal devant l’imposant bâtiment d'allure Renaissance avec son fronton en pure style grec ancien me réveille pour de bon.

Cette fois-ci, pas de passage par la petite porte, tout le monde doit nous voir, tout le monde doit savoir que le couple héritier est unis contre un monstre abuseur, incestueux et régicide. La presse nous mitraille et nous presse de questions. « Madame, avez-vous encore des liens avec votre père ? », « Quel est selon vous la décision que le jury a prise? », « Monseigneur, est-ce vrai que votre beau-père a tenté de vous tuer tous les deux par deux fois ? », etc. Nous gardons le silence et deux pauvres policiers nous aident à forcer un passage jusqu’à l’entrée principale.

Dans la salle, un silence de mort règne, seulement troublé par le bruit de la ventilation et des journalistes qui continuent de crier leurs questions depuis l’extérieur. Nous prenons place sur l’un des bancs réservés aux parties civiles et attendons l’entrée de la Cour et des jurés. De sa place, mon père nous fusille d’un regard rempli de haine. Pourquoi nous déteste-t-il tant ? N’ai-je pas finalement fait ce qu’il a toujours voulu de moi, épouser l’héritier de la Couronne ? Ne vais-je pas atteindre son but final, mettre le sang des Villeneuve sur le Trône ? Je n’en peux tout simplement plus de ses machinations et de son envie de pouvoir. Pendant que Père nous fixe, le président du jury se lève pour lire le verdict, bien gêné par son embonpoint qui déborde d’un peu partout.

« - Mesdames et Messieurs, Madame, Monseigneur, voici le verdict voté à l’unanimité par le jury, sans pression subie par les différents partis, même si nous nous devons de signaler que la défense a tenté de nous faire changer d’avis à de nombreuses reprises via différents procédés illégaux et immoraux pour un jury populaire. À l’unanimité, nous avons déclaré coupable M. Pierre-Louis de Villeneuve à tous les chefs d’accusation dont les tentatives de meurtres avec préméditation, le viol de sa propre fille, proxénétisme, maltraitance envers d’autres êtres humains, création de technologies en-dehors du cadre de la Loi, tentative de push et régicide. À la majorité, le jury demande à ce que des mesures supplémentaires soient prises en compte en vue d’un procès à l’encontre de Hélène de Basgiter et de Jean-Alexandre de Basgiter en tant que complices de tentative de meurtre avec préméditation, de la création de technologies en-dehors du cadre de la Loi, de tentative de push et de régicide. »

Lentement, il se rassied. J’ose un coup d’œil vers Père. Il est blanc de rage. Secrètement, je plains les policiers qui vont l’escorter jusqu’à sa cellule et ses pauvres colocataires. Ils vont s’en prendre plein les oreilles. Daniel serre ma main et attire ma tête contre son torse. Je me rends alors compte que je pleure silencieusement. Les larmes coulent mais je ne sais pas si c’est de joie, de tristesse ou d’autre chose. Probablement un mix d’un peu tout. Les juges se lèvent et demandent à ce que le jury les suive afin de décider de la peine qui lui sera affligée. Avec la reconnaissance de régicide et de tentative d’assassinat avec préméditation, il n’y a jamais eu que deux solutions : la peine de mort et peu importe comment elle est apportée au condamné ou la prison à vie, isolé de tout contact social ou familial. Dans un cas comme dans l’autre, je ne reverrai sans doute jamais Père. Mère va être effondrée de la nouvelle, même si elle sait que c’est pour un mieux.

Pendant que nous sortons de la salle, j’envoie en vitesse un message vocal à Lucas, je dois le prévenir du changement de situation et des conséquences que ça va avoir sur Mère. Je range mon téléphone et nous voici une nouvelle fois assaillis par la presse. Les flashs me font mal aux yeux et les questions mal aux oreilles. Dans l’ensemble, cette cacophonie de sons et de lumières me donne une belle migraine qui va me clouer au lit pour le reste de la journée. J’espère que la sentence ne va pas être dite aujourd’hui parce que je serais incapable de venir. Des nausées me montent à la gorge. Je fais comprendre à Daniel que si on ne veut pas se retrouver dans une situation embarrassante, il y a tout intérêt à ce que je sorte, et vite ! Des taches noires apparaissent devant mes yeux. Je n’aime pas ça, pas du tout. La dernière fois que j’en ai eu, je me suis évanouie dans la minute. À peine cette pensée formulée dans ma tête, je tombe celle-ci la première vers un sol qui me paraît d’un seul coup tellement confortable. Deux bras forts ralentissent ma chute mais ne savent pas m’arrêter. Puis le silence se fait enfin dans l’obscurité bienvenue de l’oubli.

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