Chapitre 24

6 minutes de lecture

Les deux mois qui suivent sont longs et laborieux. D’abord, le procès tant attendu de l’ex-Reine et de l’ex-Prince a lieu. Les chefs d’accusation sont très nombreux et remontent jusqu’à son mariage avec mon regretté beau-père. Régicide, tentatives de meurtre et d’assassinat multiples, faux et usage de faux, terrorisme (oui, les policiers ont pu prouver que c’était eux qui avaient commandité d’assassinat du Roi), réseau criminel (avec mon père), usurpation, manipulation, création de technologies hors du cadre de la Loi et désobéissance à un ordre royal direct. Avec autant de méfaits et autant de preuves, le jury n’a pas hésité longtemps à les reconnaitre coupables à tous les chefs.

Heureusement pour nous, on ne nous a pas demandé de venir témoigner comme avec mon paternel et les photos de mes blessures post-kidnapping n’ont pas été diffusées sur grand écran mais en petites photos distribuées et vite reprises aux jurés, montrant leur cruauté et leur sadisme. Le plus terrible a été quand mes médecins m’ont décrite à mon arrivée à l’hôpital et mon état désastreux après près de deux semaines sans nourriture et juste assez d’eau que pour me garder en vie. En accord total avec les juges, la peine capitale a été requise. Mon ex-futur fiancé a préféré le peloton d’exécution mais sa mère a décidé de rester en prison jusqu’à la fin de sa vie, sans doute pour essayer de nous rappeler qu’elle n’est jamais bien loin et qu’elle pourrait toujours nous faire du mal. De toute façon, ce n’est pas comme si je voulais aller lui rendre visite souvent…

Ensuite, ma grossesse commence à me peser. Mon ventre est énorme, le moindre coup du bébé est visible par une bosse qui me déforme, il réagit au moindre son et me fait savoir quand il veut que je sorte un peu du palais. J’ai les jambes gonflées et je marche comme un canard, ce qui fait bien rire Daniel, jusqu’à ce que je le mette au défi de mettre pendant trois jours un faux ventre qui simule ma grossesse avec les coups de pied et tout grâce à un moniteur fixé à sur ma protubérance. Il a très vite arrêté de rire et a souffert autant que moi avant de s’excuser et de me jurer de ne plus dire que je fais ma mijaurée ou la petite fille pourrie gâtée. Le gynécologue me dit que l’accouchement de devrait plus trop tarder et qu’il ne devrait pas y avoir de complications. Le bébé s’est retourné et joue constamment avec ma vessie, ce qui me donne envie de faire pipi toutes les cinq minutes !

Pour me soulager un peu, mes charges sont diminuées mais je reçois encore souvent des personnalités et les associations. Je reste le plus longtemps possible allongée et évite tout gros effort. Mère et Lucas viennent souvent me rendre visite et me tiennent un peu compagnie, me racontant ce qu’il se passe à l’extérieur et m’amenant des divertissements comme quand j’étais retenue prisonnière dans ma chambre au début de mon histoire avec Daniel. J’alterne la joie de vivre et la déprime dès que je me retrouve seule trop longtemps sans rien faire. Julien et les femmes de chambre l’ont remarqué et commencent à me couver comme une gigantesque mère-poule. Tous les quarts d’heure, j’ai une personne qui vient me parler deux-trois mots, voir si tout va bien et si je n’ai besoin de rien.

C’est trop long ! Le docteur Gyman et le gynéco me mettent le moniteur. Tout ça parce que j’ai deux contractions. Je n’ai toujours pas perdu les eaux et mon col de l’utérus n’est ouvert que de trois petits centimètres. Daniel est très inquiet parce qu’il me reste encore deux semaines avant d’arriver à terme. D’après les estimations des médecins, le bébé a atteint les cinquante centimètres et pèse à peu près trois kilos. Ça m’énerve de devoir attendre, je n’arrive pas à tenir en place mais je ne peux plus me lever. J’ai droit à tout ce que je veux mais je ne peux plus rien faire à part lire et écrire et écouter les autres se plaindre du froid qui a touché le pays en cette fin novembre. À chaque fois que mon bébé bouge, mon ventre se déforme et me fait mal. Toute personne qui éternue ou qui toussote est chassée du palais jusqu’à ce qu’elle soit complètement guérie afin de ne pas me contaminer et de mettre en danger mon enfant.

En zappant sur toutes les chaines de la télé par ennui, je tombe sur l’exécution de Jean-Alexandre. C’est du direct. C’est étrange, on ne fait pas ce genre de choses d’habitude, c’est bien trop choquant pour la majorité de la population ! Il arbore son sourire arrogant et a mis son uniforme militaire. Il ne semble pas avoir peur de mourir et met les tireurs au défi de faire feu. L’ordre est donné et personne n’hésite, tous les fusils détonnent en même temps. Le sang jaillit puis il s’effondre, a des spasmes durant quelques secondes et finit par mourir devant les caméras. Je suis choquée devant ces images, même si j’ai déjà vu des mises à mort mais aucune ne m’avait autant touché jusqu’à présent. Je commence à pleurer, sans véritable raison vu que je devrais être heureuse qu’un de mes deux ennemis est décédé mais mes larmes coulent toutes seules. Daniel entre dans le salon pile à ce moment-là. Ses yeux font la navette entre la TV et moi, s’approche pour me prendre dans ses bras. Il sèche mes larmes, me prend la télécommande des mains et me tourne vers lui.

« - Chérie, tu ne devrais pas regarder ce genre de choses. Il ne faut pas te mettre dans des états pareils, surtout pour juste avant que le bébé ne vienne au monde.

- Désolée, je… je zappais de chaine en chaine et je suis tombée là-dessus. Je ne l’ai pas fait exprès. Je n’ai pas su m’empêcher de regarder. Je… Je devrais être contente qu’il soit définitivement parti mais je ne sais pas… C’est… C’est juste que je n’arrive pas à me réjouir et que mes larmes ont décidé de couler toutes seules.

- Chut, c’est tout. Je comprends que ça t’ait perturbée. Et je sais que les hormones doivent aussi avoir un petit effet là-dedans. C’est pourquoi j’ai décidé de mettre de côté mon travail et de me consacrer entièrement à toi.

- C’est vrai ? Oh mon amour, c’est super ! Mais tu es sûr que ça ira pour tout récupérer après ?

- Oui. Maintenant, enlève cette robe et laisse-moi faire.

- Attends. Quoi ? Pourquoi je dois enlever ma robe ?

- Parce que si tu ne le fais pas, il y a de fortes chances que je la déchire. »

Il relève le bas de la jupe, pousse mon torse en arrière et s’installe entre mes jambes. Je suis perdue. Il veut vraiment faire ça alors que le bébé peut arriver à tout moment ? Sans vraiment prendre de précaution, il plonge directement vers mon entrejambe et commence à me sucer. Un choc électrique me fait crier et m’arque le dos, malgré mon ventre imposant. Le bébé s’agite et shoote vers le visage de son père qui reçoit le coup sur le sommet du crâne, étonné. Je ris puis gémis quand il se venge avec sa langue. Il me baise avec sa bouche et ses doigts. J’ai l’impression que ça fait des années que je n’ai plus fait l’amour et j’en veux plus. Je passe mes bras par-dessus ma bedaine, l’attrape par les épaules pour le tirer vers le haut. Il glousse contre mon mont de Vénus avant de se laisser glisser. Il embrasse mon ventre, pose sa tête dessus et soupire jusqu’à ce que le petit diable caché à l’intérieur lui donne un coup de genou.

Rigolant tous les deux, il m’embrasse et défait son pantalon. Lentement, si délicieusement lentement, il me pénètre et commence un va-et-vient langoureux. Le renflement de mon estomac est gênant et le bébé bouge beaucoup mais, au lieu de me faire mal, ça ne fait qu’accroître mon désir. Nous gémissons, tanguons ensemble et montons le rythme régulièrement. Je nous retourne et monte Daniel. C’est plus facile, plus profond et plus rapide. Je roule des hanches sur lui et je sens quelque chose craquer en moi puis un liquide couler. Pas beaucoup mais suffisamment que pour m’arrêter. Mon amant l’a aussi senti et il s’immobilise. On se regarde, perdus un instant avant de comprendre.

Annotations

Vous aimez lire Coline D ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0