Chapitre 9 : les sauveurs - partie deux

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  • Êtes-vous bien la comtesse d'Abyssombre ?

Je me retourne pour faire face à un vampire, mieux habillé que tous ceux que j'ai croisés ici. Un fouet est attaché à sa ceinture en cuir.

  • Et vous ? Êtes-vous bien le contremaître ?
  • Tout à fait, Madame, répond-il en s'inclinant respectueusement. Puis-je vous demander ce qu'une personne de votre rang fait ici ? Cet endroit est dangereux et indigne de vous. . .
  • Je n'aurais pas eu à descendre si ces esclaves avaient été secourus, répliqué-je calmement en désignant la galerie condamnée. J'aimerais que ces planches soient retirées, s'il vous plaît.

Le contremaitre marque un temps d'hésitation, visiblement déstabilisé par ma requête, mais il finit par dire aux quelques esclaves qui l'accompagnent :

  • Faites ce que vous ordonne la comtesse !

Ces derniers se précipitent vers les planches pour les retirer à l'aide de leurs outils. Quand le passage est suffisamment grand pour me permettre d'entrer, je les arrête d'un geste de la main :

  • C'est bon. Je vais à présent vous demander de débarrasser les pierres au fur et à mesure que je vais les retirer. . .
  • Enfin, Madame, cette tâche n'est pas digne de. . . intervient le contremaître avec incompréhension.
  • Rien n'est plus noble que de sauver des vies de ses propres mains, mais je ne peux pas tout faire en même temps. J'aurais besoin de votre aide, s'il vous plaît. Ne voulez-vous pas sauver vos collègues coincés ?

Les mineurs échangent des regards surpris, mais touchés, puis une femme, dont la joue gauche est marquée d'une cicatrice, dit en s'inclinant avec soumission :

  • Nous allons chercher des wagons pour évacuer les gravats.

Je la gratifie d'un sourire, tandis qu'elle s'éloigne au pas de course avec les autres esclaves.

  • Je vais pouvoir me débrouiller avec l'aide de ces gens, dis-je à l'intention du contremaître, resté figé par la surprise. Je ne vous retiens pas plus longtemps. Je sais que vous êtes un homme occupé. . .
  • Je ne peux pas me permettre de vous laisser ici, rétorque-t-il avec respect. Ce secteur est encore dangereux, il risque de s'effondrer à tout moment. . .
  • Raison de plus pour nous dépêcher de sortir les victimes de l'effondrement.

Sur ces mots, je me tourne vers les pierres m'empêchant d'entrer dans la galerie et leur demande mentalement de s'écarter. Il me faut argumenter en leur expliquant la raison de ma venue et l'urgence de la situation, mais il ne me faut que quelques secondes pour les convaincre. Elles roulent aussitôt vers l'avant, s'arrêtant juste à temps pour ne pas nous écraser, sous le regard incrédule du contremaître. Au même moment, les servilis reviennent et se dépêchent de porter les gravats, qu'ils empilent dans les wagons, pendant que j'aborde les pierres suivantes. Il arrive souvent qu'en se déplaçant, les roches dévoilent des bouillies de chair, d'os et de sang, d'où dépassent des mains, des pieds, des bras, des jambes ou des têtes ensanglantées. Les yeux vitreux de celles-ci sont teintées de terreur et les expressions figées dans la panique. En me retrouvant face au premier corps, je ne peux retenir un cri d'horreur, qui résonne dans toutes les galeries environnantes. Je reste immobile pendant un moment, choquée par ce spectacle macabre révélateur d'une mort à la violence et à la brutalité inouïes ! La pensée de ceux à qui je pourrais éviter un tel sort est la seule chose qui me permet de me ressaisir. Je prends une grande inspiration pour chasser la nausée qui menace de forcer le passage dans ma gorge nouée par le choc et la tristesse, puis reprends mon avancée, les larmes aux yeux, pendant que le contremaître ordonne à un esclave d’aller quérir plus de monde, pour avancer plus vite. Plusieurs longues minutes plus tard, je débouche sur une caverne, donnant elle-même sur différents couloirs. C'est là que je trouve les premiers survivants, gisants sur le sol ou adossés aux parois, leurs têtes retombant sur leurs épaules. Certains ont un membre ou deux coincés sous des tas de gravats. Je me précipite aussitôt vers eux, tout en suppliant les pierres de les libérer. Les vampires poussent des gémissements, voir même des cris de douleur, lorsque les roches se déplacent, stimulant leurs nerfs. Je me jette à genoux à côté de l’esclave la plus proche. Mes cheveux tombent sur mon visage dans mon brusque mouvement. Je les repousse, mais réalise en même temps que les laisser libres va m’encombrer dans ma tâche. J’arrache donc un morceau de ma robe d’un coup sec pour les attacher avec, puis pose mes mains sur la blessure sanguinolente de la jeune fille, qui respire avec difficulté. Ma hanche se réchauffe et il ne reste bientôt plus de sa plaie béante que le sang qui s'en est échappé, mais ce n'est pas suffisant. Elle respire toujours lentement et faiblement. Je sens ses forces la quitter. . . Je serre les poings d’impuissance, puis comprends : le sentiment de désespoir oppressant que je perçois depuis mon arrivée dans les mines s’estompe. Les mineurs doivent être rassurés de voir que nous sommes venus pour les sauver. La souffrance reste présente, c'est normal : je n'ai soigné qu’une seule personne, pour l'instant. Cependant, la faim et la soif ne se calment pas. Ces malheureux n'ont pas besoin que de soins. Il me faut les nourrir, si je veux qu'ils survivent. Cependant, un détail me chiffonne :

  • Pourquoi sont-ils aussi décharnés ? Ils ne sont coincés ici que depuis la veille. . .

Mes paroles arrivent aux oreilles du contremaître, qui lance des ordres dans tous les sens afin de gérer efficacement le déblayage de la galerie. Il se tait aussitôt. Un silence honteux, presque coupable. Je me tourne lentement vers lui :

  • Quand et quel a été leur dernier repas ?
  • Ils. . . Ils ont bu la veille du jour de l'accident. . . des rations de sang coupées d'eau salée, comme d'habitude, balbutie le vampire.
  • Comment ? ! m’indigné-je.
  • J'ai bien conscience que ce n'est pas suffisant pour les alimenter correctement, s’excuse-t-il en s’inclinant, mais ce sont les ordres. . .

Judith m'avait prévenue que les mineurs étaient les esclaves les moins bien nourris et traités, en général, mais de là à les tuer de faim à petit feu. . . Mon regard se porte sur mon bras, plus précisément sur la veine qui transparaît sur ma peau claire, au niveau du poignet. Je suis la seule suffisamment en bonne santé, ici, pour pouvoir donner de mon sang. Je prends une grande inspiration, puis me griffe de toutes mes forces, en serrant les dents pour retenir un gémissement de douleur, sous le regard ébahi et horrifié du contremaître, qui s'écrie :

  • Que faites-vous, Madame ? !

Je ne m'étais encore jamais infligée volontairement une blessure. . .Le liquide rouge commence à perler et je le présente à la jeune esclave, qui en avale quelques gouttes. Je ne lui en laisse pas plus : les blessés à secourir sont encore nombreux et je dois aussi en garder suffisamment pour moi. Elle retrouve quand même aussitôt sa vitalité, se redressant lentement en m’envisageant avec un regard curieux et reconnaissant. Je lui souris, puis me dépêche de rejoindre la prochaine victime. Je passe ainsi les heures suivantes à soigner et nourrir la centaine d'esclaves qui ont survécu à l'effondrement, pendant que les mineurs en bonne santé, si on puit dire, continuent d’évacuer les gravats auxquels je demande de se déplacer pour nous permettre d'accéder aux autres survivants, sous la direction du contremaître. Pendant tout ce temps, des souvenirs affluent dans ma tête. Je me revois avec mon père, soignant les fées, mais aussi les animaux malades ou blessés de notre île, avec l'aide de ses bons conseils et de ses encouragements. Je ressens la chaleur de sa main sur ma tête, lorsqu'il caressait ma chevelure pour me féliciter. Mon cœur se gonfle de nostalgie et de chagrin. Il me manque tant. . . Ils me manquent tous terriblement !

  • Qui êtes-vous ?

J’essuie une larme en répondant à mon dernier patient d'une voix rassurante :

  • Mon nom est Aïna. Je. . .

Ne reconnaissant toujours pas ce mariage qui m’a été imposé, me déclarer comme la comtesse d’Abyssombre m’est impossible. Je reprends donc :

  • Je ne vous laisserai plus souffrir de la sorte.

Je regarde ensuite autour de moi. Je ne vois plus aucun blessé et ne ressens plus la détresse que je percevais. Je m'envole pour observer depuis une corniche l'ensemble de la caverne, afin de m'assurer que plus aucun vampire n’est mourant. L’esclave à qui je viens de me présenter monte sur le tas de gravats qui écrasait ses jambes un peu plus tôt en s’armant d'une pioche abandonnée sur le sol, qu'il brandit en l'air en criant :

  • Aïna ! Aïna ! Aïna !

La surprise me fige. L'homme crie mon nom comme un chant de triomphe en m'observant avec des yeux brillants de reconnaissance et d’admiration. Il est bientôt rejoint par ses quatre-vingt-dix-neuf camarades, dont les cris de gloire résonnent dans la caverne :

  • AÏNA ! AÏNA ! AÏNA !

Ma bouche arrondie par la surprise s'étire en un sourire gêné, puis se mue en une expression d'étonnement lorsque, quelques instants plus tard, ils se taisent tous soudainement. Leurs regards terrifiés fixent un point juste au-dessus de moi et je comprends aussitôt ce qu'ils voient. Je frémis en leur adressant une grimace signifiant : “Il est juste derrière moi, c'est ça ?” Comme aucun d'entre eux ne réagit, je me retourne lentement pour faire face, sans surprise, au visage furieux de Forlwey. Les battements de mon cœur redoublent de vitesse sous l'effet de la peur. Terrifiée par la rage qui étincelle dans son regard écarlate, je recule désespérément d'un pas. Mon pied bascule dans le vide, mais mes ailes étant toujours déployées, je peux sans difficulté me maintenir en l’air. Enfin, c'est sans compter sur la rapidité du comte, qui, craignant sans doute que je ne me blesse ou m'enfuis, passe prestement ses bras autour de moi, puis m’attire doucement à lui en sussurant à mon oreille d'une voix blanche de colère, qui m'arrache un frisson :

  • Oh, non. . . Je ne vous laisserai pas échapper à ma fureur aussi facilement. . .

Je fais disparaître mes ailes pour les protéger de cette fameuse fureur, puis, réunissant tout mon courage, je me dégage brusquement en me défendant :

  • Je n'ai rien à me reprocher ! J'ai sauvé des vies !
  • En mettant la vôtre en danger ? En vous comportant avec l'élégance d'une moins que rien ? En me DÉSOBÉISSANT ? !
  • Je ne suis pas l’une de vos esclaves ! Et je décide quoi faire de ma vie ! lui tené-je tête malgré la terreur que m’a provoquée son hurlement.
  • Vous vous oubliez ! siffle-t-il en attrapant fermement mon poignet, m’obligeant à réprimer une grimace de douleur. Votre vie appartient à. . .

Il s’interrompt brusquement en regardant soudainement la voûte de la caverne. J’en profite pour mettre les choses au clair avec lui :

  • MA vie m'appartient. . . à moi et à moi seule ! Vous n’avez pas à me dire ce que je dois en faire ! J'ai déjà décidé depuis longtemps que je la consacrerai à aider ceux qui en auront besoin, car il est de mon devoir en tant que princesse de prendre soin des autres, surtout quand la nature m'a dotée d'une magie faite pour ça ! Je ne laisserai personne me détourner de ma résolution et certainement pas quelqu'un qui se permet de m’ignorer, en plus !
  • Nous devons partir, se contente-t-il de répondre.
  • Quoi ? m’étonné-je, stupéfaite par sa réponse qui n'a aucun lien avec ce que je viens de lui dire et, surtout, par la soudaine urgence que j'entends dans sa voix.
  • La caverne. Elle. . .

CRAAAAAAAAAAC ! J'ai à peine le temps de lever les yeux vers l'origine du son que je vois la main du comte surgir au-dessus de ma tête pour attraper une pierre, qui, sans cela, m'aurait certainement brisé le crâne, mais je n'ai pas le temps de réaliser pleinement ce qui vient de se passer : le sol se met à trembler violemment. Je regarde avec horreur les esclaves courir dans tous les sens en hurlant pour tenter d'échapper aux pierres qui se détachent du plafond : la voûte est en train de s'écrouler ! Forlwey me serre contre sa poitrine en grondant, puis fait jaillir de son avant-bras une dizaine de ronces noires, qui fusent se planter dans la paroi de la caverne. Elles se multiplient aussitôt pour s’étendre telle des racines envahissantes le long de la voûte, à laquelle elles s’accrochent avec vigueur, constituant un immense filet végétal retenant les pierres et stalactites qui menacent de nous écraser. Hélas, elles ne parviennent pas à s'étendre suffisamment vite pour empêcher certains rochers de s'écraser violemment sur le sol et certaines commencent déjà à se décrocher, menaçant de nous abandonner à notre sort, mais ce n'est pas là la volonté du comte, qui, en le réalisant, fait jaillir plusieurs autres ronces de son dos. Celles-ci transpercent son beau manteau pour aller combler les fissures. Quelques secondes plus tard, les craquements et les tremblements s’atténuent, puis disparaissent. Un long silence s'ensuit, troublé seulement par nos respirations agitées. En parcourant des yeux les servilis pour m’assurer qu'aucun d'eux n'a été blessé, je constate qu'ils observent leur maître avec un mélange de terreur et de reconnaissance. Je tourne alors la tête vers ce dernier, incrédule. Est-ce qu'il vient vraiment. . . de tous nous sauver ? C’est alors que je réalise que, dans le feu de l'action, j'ai fermement agrippé son manteau entre mes poings. Gênée par ce constat et notre proximité, je me dégage doucement de son étreinte, sans pour autant le quitter des yeux. Il l’a fait. . . Il l’a vraiment fait. . . Je n'arrive toujours pas à le croire. Pourtant, je ne peux pas m'empêcher de l'envisager avec admiration, maintenant : il est finalement capable de faire de bonnes choses sans qu'on le lui demande. Ce n'est pas un cas aussi désespéré que je le pensais. . . Forlwey baisse les yeux, gêné par l'intensité de mon regard, pendant que mon adrénaline retombe, laissant place à la fatigue accumulée depuis mon réveil et au froid causé par ma traversée dans l’océan. Je suis prise de tremblements incontrôlables. Mes jambes me lâchent. J'ai beau tenter de me ressaisir, je ne réussis qu'à tituber et me serais effondrée si les mains du comte ne s'étaient pas posées sur mes bras pour me soutenir. Épuisée, je ne parviens même pas à relever la tête. Les tremblements continuent de secouer mon corps jusqu'à ce que le manteau trempé et percé du comte se pose sur mes épaules, m’enveloppant du menton jusqu'aux mollets. Je me sens cependant si las, malgré ma surprise, que je ne parviens pas à réagir.

  • Monseigneur ! s’exclame le contremaitre en approchant à grands pas, suivi d'une dizaine d'esclaves.

Le seigneur en question se tourne vers lui en fronçant les sourcils, mais il a à peine le temps d'ouvrir la bouche que le vampire se jette à ses pieds en le remerciant :

  • Vous nous avez sauvés ! Gloire au seigneur Forlwey !

Tous les autres servilis se joignent à lui, sous le regard stupéfait de leur maître, qui en reste sans voix. On ne l’avait sans doute jamais vénéré, ni même remercié de la sorte, mais il faut bien admettre que pour une fois, il le mérite. Je garde donc le silence afin de lui permettre de profiter un peu de cet instant de gloire.

  • Remets-les au travail, ordonne-t-il finalement en reprenant un air impassible.

Il reporte ensuite son attention sur moi. Je comprends aussitôt ce qu'il cherche à faire et le devance d'une voix essoufflée :

  • Je préfère marcher.
  • Je ne vous demande pas votre avis, réplique-t-il en me faisant basculer dans ses bras.
  • Hé ! protesté-je en sentant mes pieds quitter le sol. AAAAH !

C'est en se jetant du promontoire rocheux, sans ailes, bien évidemment, qu'il m'arrache ce cri de terreur, mais je me calme aussitôt qu’il atterrit avec souplesse, sans blesser qui que ce soit. Il traverse ensuite rapidement la foule de mineurs qui s’écartent en inclinant respectueusement la tête. Mes muscles se tendent aussitôt que nous nous retrouvons seuls. Je m'attends à ce qu'il me crache toute sa rage au visage et qu'il la défoule même sur moi en en venant aux mains, comme il l'a fait le soir de notre “mariage”. Pourtant, à ma grande surprise, il reste parfaitement calme. J’en profite pour lui exprimer ma gratitude :

  • Merci, lui dis-je d'une petite voix gênée. Merci pour nous avoir sauvés.

Il se fige presque, puis détourne la tête en regardant droit devant lui.

  • Je n'ai fait que mon devoir d'époux, grommelle-t-il avec embarras en ralentissant un peu.
  • Quand bien même, vous l'avez fait, insisté-je en souriant. Et vous ne m'avez pas seulement sauvée moi ; vous nous avez tous sauvés. Je n'aurais pas cru que. . .
  • Quoi donc ? demande-t-il avec un bref sourire amusé.
  • Rien, marmonné-je en détournant le regard, les joues en feu.

Un silence pesant s'installe, qu'il brise en me reprochant :

  • Cela ne change rien au fait que vous m’avez désobéi.
  • Vous n'avez pas à me. . .
  • Nous avions un accord, il me semble. . . Vous aviez promis de ne pas descendre jusqu'ici !
  • Et vous aviez promis d’envoyer des secours !
  • C’est ce que j’étais justement sur le point de faire quand je me suis aperçu de votre disparition ! Je souhaitais que vous assistiez à leur départ afin de vous prouver ma bonne foi. . . Imaginez ma surprise quand je me suis aperçu que vous aviez disparu !
  • Vous. . . lâché-je d'une voix incrédule. Vous alliez vraiment envoyer des secours ?

Nos regards se croisent pendant un bref instant, au bout duquel il répond :

  • J'avais l'intention d'envoyer ma garde les secourir. Comment avez-vous fait, d'ailleurs ? m’interroge-t-il d'une voix plus douce, dans laquelle j'entends une certaine forme. . . d’admiration ? La moitié de la galerie s'était effondrée. . . Cela n'a pas dû être une mince affaire de trouver et de dégager les survivants.
  • Eh, bien. . . Je dois dire que mes pouvoirs m'ont bien aidée, lui expliqué-je d’une voix apaisée. Grâce à ma magie, je peux sentir les gens souffrants autour de moi. Il m’a ensuite suffit de demander aux pierres de bouger. . .
  • Vous avez demandé aux pierres de bouger ? s’étonne-t-il.
  • Oui. Nous les fées. . . nous pouvons communiquer avec la nature : pas seulement les animaux, mais aussi les plantes et les éléments. En général, ils nous écoutent. Les pierres se sont écartées pour moi quand je le leur ai demandé, ce qui m’a permis de sauver les survivants, que j’ai soignés avec mes pouvoirs. Le contremaître et les esclaves qui l'accompagnaient voulaient m'empêcher d’entrer dans la galerie, mais je les ai convaincus de m’aider. Leur aide m’a facilité les choses : je pouvais me concentrer sur le forage et soigner les survivants que nous avons récupérés, tandis qu’ils débarrassaient la caverne des décombres. Certains étaient déjà morts, je n’ai rien pu faire. . . mais je pense que nous en avons au moins sauvé une bonne centaine ainsi. Certains étaient faibles, décharnés. . . et d’après le contremaître, ils n’avaient pas assez de rations de sang pour s’alimenter correctement, mais ils ont très vite retrouvé leurs forces quand je leur ai donné un peu du mien ! conclué-je avec un sourire apaisé.

Le comte se fige aussitôt. Je lui lance un regard étonné.

  • Vous leur avez donné votre sang ? lâche-t-il d'une voix blanche.
  • Euh. . . oui. Ils avaient faim, et j’étais la seule suffisamment en bonne santé pour leur en offrir. Je ne leur ai pas donné plus de quelques gouttes par personnes, bien sûr, sinon c’est moi qui. . .
  • Vous avez donné votre sang à DES ESCLAVES ? !

Son hurlement résonne dans toute la mine, me faisant sursauter. Terrifiée par ce qui pourrait s'ensuivre, je me recroqueville dans ses bras afin de me faire la plus petite possible, mais soutiens le regard noir qu'il m'adresse et finis même par rassembler suffisamment de courage pour rétorquer avec un air de défi :

  • Et j'ai bien l'intention de recommencer ! Vos esclaves sont dans un état lamentable parce que leurs rations de sang sont coupées avec de l’eau salé. Ce n’est pas étonnant qu’ils meurent par centaines ! La prochaine fois que je descendrai…
  • Il n’y aura pas de prochaine fois, me coupe-t-il d'une voix sifflante. Vous ne remettrez plus jamais les pieds ici. Vous ne quitterez même plus le château sans ma permission.
  • Je me passe de votre autorisa. . .
  • Et si jamais vous me désobéissez encore une fois, je punirai votre insolence. . . en faisant exécuter une centaine d’esclaves. Je commencerai par les femmes de chambres auxquelles vous semblez tant tenir !

Je reste bouche bée par le choc et l'horreur, tandis qu'il reprend sa marche en direction de la caverne principale. Il semble terriblement sérieux dans sa menace. Je comprends aussitôt que, si jamais je lui désobéis encore dans le but de venir en aide à ces malheureux, ce sont eux qui le payeront de leurs vies. . . Au final, leur tendre la main reviendrait à les condamner. Je dois donc trouver une autre façon de les aider. Une façon qui ne suscite pas la fureur du Comte Sanglant.

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