La côte ouest

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Loin derrière-moi, l’aura d’Aline scintillait, minuscule point de lumière dans la tempête et l’océan de ténèbres. En descendant légèrement au sud, je réalisais que la côte de ce nouveau continent s’étendait bien plus à l’ouest que nous le pensions. Même avec le temps qu’il faudrait pour traverser les éléments déchaînés, nous pourrions être sur la terre ferme dans la matinée. Il fallait pour cela que je trouve un endroit où mouiller, une Cité accueillante.

J’avais divisé par deux la distance qui séparait ma projection du navire en longeant la côte au sud. Je survolai une petite bourgade en aval d’un fleuve relativement peu profond. Trop peu pour que le Corbeau Blanc puisse y accoster. Aucune magie ne protégeait la ville et aucune lumière n’en émanait. Bien que la nuit recouvrait encore les terres, ce qui me marqua le plus fut l’absence de la plus infime pulsation de vie derrière les murs que je traversais un à un.

C’est en arrivant sur la place centrale du village que je compris. On avait entassé les corps et les membres découpés sans même prendre le temps de les brûler. L’état de décomposition était si avancé qu’il me fut difficile d’estimer le nombre de jours qui nous séparait de l’attaque. C’était en tout cas un véritable charnier. Ces tableaux me rappelaient tristement ceux de la capitale qui m’avait vu naître et grandir. J’hésitais à rentrer - je sentais inlassablement l’esprit d’Aline tendre vers le mien -, mais poursuivais mon vol sur l’axe qui s'étendait à l’ouest. Il longeait la côte escarpée et pleine d'écueils.

A mon grand malheur, les découvertes macabres se succédèrent les unes après les autres. Une ville calcinée, une ferme détruite, et toujours ces corps entassés, laissés aux charognards. Je constatai en les étudiant d’un peu plus près que leur peau avait étrangement noircie et s’était desséchée. La terre elle-même semblait souillée par les massacres et les combats qui avaient eu lieu. Des marques au sol, rouges et noires, se mêlaient aux traces profondes de pas d’immenses créatures. Plus je poursuivais à l’ouest, plus les vestiges et cadavres semblaient anciens. Le danger se dirigeait donc vers l’est, vers l’immense Cité entourée de puissantes protections.

Le souffle me manqua et la vision se troubla. Mes ressources s’étaient envolées au fil des minutes et heures passées en dehors de mon enveloppe. Ma cage thoracique se contacta brutalement, puis l’enchantement se brisa. J’étais de nouveau dans la cabine du Corbeau Blanc. Aline me saisit par les épaules pour me rattraper dans ma chute.

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