Chapitre Quatre

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Ganimard se sentait ridicule et déplacé au-milieu de tous ces gens riches et importants.

De ces familles venues passer le dimanche au Salon de l’Automobile.

Il serrait entre ses mains la tasse de café que son lieutenant avait eu la gentillesse de lui apporter.

“ Merci Leïla, souffla le vieux policier.

- Au moins, le café est bon et regardez, commissaire !”

Leïla sortit du chocolat de sa poche, avec un large sourire :

“ Nous avons de la drogue pour tenir.”

Ganimard eut un sourire avant de rire enfin.

Le commissaire Ganimard n’était pas un incompétent, mais dans toute la brigade, on savait que le vieux policier avait une idée fixe.

Une petite araignée au plafond.

Et qu’elle s’appelait Arsène Lupin.

Alors toutes les personnalités qui avaient eu un rapport plus ou moins lointain avec le célèbre voleur étaient vouées à une méfiance sans faille.

Le lieutenant El Kalaï ne savait pas quoi penser de cette obsession pour Arsène Lupin.

Son supérieur était un bon policier.

Et Lupin n’était pas une légende.

“ Croyez-vous qu’il viendra ?, demanda Leïla.

- Je suis sûr, soupira Ganimard. Et il parviendra à ses fins. Car c’est ainsi avec Lupin.”

Leïla posa sa main sur le bras de son commissaire avec bienveillance.

“ Vous voulez du chocolat, commissaire ?”

Le commissaire prit un carré et le laissa fondre dans sa bouche.

Un tonnerre d’applaudissements retentit dans le parc magnifiquement entretenu qui encerclait dans un écrin de verdure le palais du Salon.

Ganimard, curieux, sortit, son lieutenant sur ses talons.

Et il grimaça.

Une merveilleuse voiture faisait des tours et des tours pour le plus grand plaisir du public. Des virages serrés, le conducteur dansait avec sa voiture.

Un spectacle magnifique !

Enfin, la voiture s’arrêta, à deux pas des hommes en costume imposant qui attendaient au pied du grand escalier d’apparat.

On venait accueillir le prince Paul Sernine avec les égards qui lui étaient dus.

Les portières de la Donkervoort s’ouvrirent et un homme, jeune et souriant, en sortit.

Il s’avança, d’une démarche féline et salua avec une politesse marquée tous les organisateurs de l’événement international.

Des bribes de la conversation parvenaient aux deux policiers restés sur les marches, buvant leur café et mangeant leur chocolat.

“ Alors ? Sernine ? Et cette Donkervoort ?

- Une merveilleuse voiture. Mais on s’en lasse !”

On riait et on parlait déjà des voitures exposées au Salon.

“ Vous voulez une nouvelle voiture, votre Seigneurie ? Déjà ?”

Le prince s’inclina devant le constructeur, mondialement connu, tenant d’une marque allemande très bien cotée.

“ Pourquoi pas, mon cher ? Avez-vous des propositions ?

- Venez, mon cher. Je vais vous présenter mes filles.

- Voyons Fränz !, ” s’amusa Sernine.

Quelques pas dans l’escalier et le prince Sernine se retrouva à passer tout près du commissaire Ganimard.

Aussitôt un sourire étincelant fit briller les yeux du prince.

“ Commissaire Ganimard ? Vous ici ? J’ignorais que vous aimiez les voitures.”

Une main, belle et bien manucurée, se tendit et le commissaire la saisit.

“ Comme vous pouvez le voir. Je suis mandaté par la préfecture de police.

- Pour trouver la nouvelle voiture de la police française ?,” demanda le prince.

Ganimard serra les doigts mais répondit simplement :

“ Pourquoi pas ? La police italienne dispose bien d’une Lamborghini Huracan.

- C’est vrai,” concéda Sernine.

Puis le prince russe, célèbre pour ses voitures et ses maîtresses, se tourna vers le lieutenant et son sourire devint encore plus beau.

“ Voici votre amie, Ganimard ?”

D’un geste décidé, le lieutenant tendit à son tour la main et salua le prince :

“ Je m’appelle le lieutenant Leïla El Kalai.”

Sernine serra les doigts et il lança, moqueur :

“ Vous avez du chocolat au coin de la bouche, mon lieutenant.”

Puis, le prince suivit le constructeur allemand qui lui faisait déjà la promotion de son nouveau véhicule hybride.

Leïla s’essuya la bouche avec rage.

Ganimard finit son café.

Et les policiers eurent le même soupir désabusé.

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