Sous la lune
Il était minuit passé. Le lac dormait. Le vent s’était calmé, et les arbres semblaient figés dans un silence respectueux.
Côme était parti depuis des heures. Il n’avait pas regardé en arrière. Juste un dernier sourire, puis ses pas qui s’étaient effacés dans le sentier. Sa dignité laissait une trace tendre dans l’air, un adieu sans drame.
Marie-Louise et Marin étaient restés là, sur le banc de pierre. Ils n’avaient pas parlé tout de suite. Le silence était plus fort que les mots. Ils regardaient l’eau, la lune pleine qui s’y reflétait comme un miroir du ciel.
La lumière blanche dessinait les contours de leurs visages. Des ombres douces coulaient entre eux, sans les séparer.
— Je ne m’attendais pas à ça, murmura Marin enfin.
— Moi non plus, répondit-elle. Mais c’est ce que je voulais. Même si j’ai mis du temps à l’admettre.
Il se tourna vers elle.
— Tu sais que je suis compliqué. Que je suis parfois… trop.
Elle sourit, le regard tendre.
— Je n’ai jamais voulu simple. J’ai voulu vrai.
Un silence. Puis elle ajouta, presque en chuchotant :
— Je ne t’ai jamais oublié. Même quand j’essayais de t’effacer. Tu étais là, dans chaque mot que je n’écrivais pas.
Il la regarda longuement. Le genre de regard qui dit tout, sans forcer.
Puis il approcha sa main, doucement, la posa sur la sienne. Elle ne bougea pas. Elle accueillait.
— J’ai eu peur, tu sais. Que tu ne reviennes pas. Que ce soit fini.
— Ça l’était, répondit-elle. Avant. Mais ce soir, on recommence. Autrement.
Ils restèrent ainsi encore un instant, suspendus à cette nuit où tout était silencieusement juste.
Puis Marin se pencha.
Et dans la lumière tranquille de la lune, leurs lèvres se trouvèrent.
Leur premier vrai baiser. Sans urgence. Sans passé. Sans promesse.
Juste là.
Présent.
Fin du tome 2.
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