Chapitre 1 - le jour où tout bascula
Merci à tous ceux et celles qui prendront le temps de lire cette histoire!
A cet instant, le monde autour de moi se déforma et ralentit. Les visages se floutèrent, les contours se diluèrent, les bruits devinrent des chuchotements. J'entrai dans un état second. Mon cerveau s'engourdit, mon cœur s'arrêta, l'air s'échappa de mes poumons. Je restai inerte, debout au milieu du couloir de mon lycée.
Puis, tout d'un coup, tout revint comme une immense claque. Le son, les rires, la lumière, les sourires. Les battements frénétiques de mon cœur tambourinèrent contre ma peau, j'eus besoin d'air. Immédiatement, j'ouvris la bouche, l'air s'engouffra, mais rien n'y fit, j'étouffai. Mes lèvres s'entrouvrirent davantage ; je devais avoir l'air d'un poisson hors de l'eau, mais je m'en moquai. Je suffoquai... Les gens m'observèrent : allais-je m'écrouler ? Allais-je résister ? Certains sortirent leur téléphone pour filmer. Ça leur ferait toujours de quoi alimenter leur compte internet quand ils seraient à court d'imagination.
- Mia ! roucoula une voix féminine. Mia, tu es de retour !
Une géante aux yeux bleus parsemés d'étoiles se planta devant moi. De sa présence gargantuesque, elle mangea tout l'espace. Ses commissures de lèvres se plissèrent jusqu'à s'étirer en sourire.
- J'espère que tu te sens mieux ! Quelle tristesse, certains partent, alors que d'autres reviennent !" ajouta-t-elle.
Mes yeux s'écarquillèrent devant sa cruauté. Pourquoi ne se contentait-elle pas de baisser la tête comme tout le monde et de longer le couloir ? Pourquoi s'affichait-elle si glorieuse ?
Impossible qu'elle soit si impitoyable. Y avait-il un message caché, sa façon de me dire qu'elle me soutenait ?
Nous nous jugeâmes longuement dans un silence oppressant et excitant pour nos spectateurs et leurs caméras. Allions-nous nous déchirer ? La qualité de leurs appareils serait-elle assez nette pour enregistrer tous les détails ?
Je ne comprenais pas cette situation. Comment en était-on arrivé là ?
Silence. La superbe créature guettait ma réaction.
Ma tête était sur le point d'exploser, mais l'air avait recommencé à m'alimenter. Je me raccrochai à ça. Expirer, inspirer, expirer, inspirer. Dans ma poitrine, mon cœur s'alourdit. Ne pas y penser, se calmer. En face, Kérène affichait sans sourciller son sourire parfait et chaleureux. Il me donnait envie de vomir. Déjà, je sentais les grumeaux remonter du fond de mon estomac.
Dans un ultime effort, je fermai les yeux pour ne plus le voir, serrai les dents au point de les entendre grincer et tournai les talons avant de m'enfuir vers la sortie.
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