1.7 Azul - Laboratoire

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Svenhild est indéniablement charmante.

Ni sa grande taille, ni son regard déparaillé, ni son interminable chevelure, ne valent la maîtrise parfaite de ses expressions et du ton de sa voix. Une danse sans défaut, entre douceur et fermeté, qui inspire confiance ou réduit le doute au silence. C'est encore trop vrai aujourd'hui, même pour ceux qui savent ce dont elle est capable. Elazar a été le seul, dès le départ, à se méfier d'elle à la hauteur du danger qu'elle représente. Feï, Elena et moi étions persuadés des bonnes intentions de cette géante aux yeux vairons, dont les minuscules dents de mustélidé ne font qu'ajouter à l'attractivité de sa grâce lorsque retentit la musique de son éclat de rire. Nous pensions à tort qu'avec une bonne dose de vigilance, elle serait facile à rappeler à l'ordre en cas de débordement.

Il faut dire qu'elle a procédé avec une progressivité stratégique.

Son premier laboratoire était établi en Ecosse. Tout petit, dans le sous-sol d'une vieille maison très isolée, ce n'était qu'un centre d'analyses.

Comme seul personnel, elle avait déniché, dans un petit service des urgences de campagne française, une femme d'environ quarante ans, fatiguée d'exercer la médecine. Judith Zedan. Ce nom aussi, tu le connais : cette femme-là, c'est celle qui t'a trouvé en premier, quand tu es tombé de la falaise. C'est celle qui a choisi de tourner les talons et de te laisser à ton sort. Elazar a assisté à la scène. La colère a dû motiver ton sauvetage, si on peut l'appeler ainsi.

Ne me donne pas de ce regard, Ysha, je sais que tu te souviens de tout. Elazar était si furieux qu'elle n'ait même pas la décence de t'achever...

Pardon, revenons-en à l'Histoire.

Dr. Zedan, donc, est petite, rousse, pas très remarquable. Elle affiche en permanence un air fatigué et préoccupé. Svenhild a vu en elle la parfaite candidate pour l'épauler dans son entreprise. Sans doute parce que, bien que dotée d'une grande curiosité, elle n'a aucune réelle force de caractère ; elle est donc facile à contrôler.

Si leur petit labo ne payait pas de mine à première vue, le matériel qui l'équipait était en revanche de très haute technologie, et certaines bases de données avaient été dérobées à de très sérieuses équipes de chercheurs. Ainsi, si les compétences de Zedan s’avéraient insuffisantes, les ordinateurs et l'immense bibliothèque de Svenhild pourraient compenser.

Dans ces murs-là, les recherches se limitaient aux analyses des divers fluides vitaux. Les miens, et ceux d'autres volontaires, servaient à l'étude pure de notre état. Les résultats ont dû venir assez vite, mais Svenhild ne faisait aucune annonce. Ce qui l'intéressait réellement, c'était la fascinante descendance de Ierofeï. Elle ne cessait de revenir demander de nouveaux échantillons pour en approfondir l'étude. Elena se montrait assez coopérative ; elle appréciait Svenhild et partageait sa curiosité, sans obsession toutefois.

La nervosité d'Elazar m'a vite convaincue de garder un œil alerte, et de restreindre les échanges verbaux avec celle qu'il appelait "la sournoise". Sans objection concrète à opposer à ses agissements, nous nous sommes simplement relayés dans la surveillance discrète, tantôt de la petite famille de Ierofeï en France, tantôt de la maison écossaise qui hébergeait le labo.

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