Le soir du soleil

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Son doigt suit lentement le souvenir de ses mots. La feuille couverte des silences, de ses volutes parcourt la prairie jusqu'au seuil de la maison. La blancheur opaque envahit la pièce de sa chaleur, son regard parcourt la bibliothèque. Titre après titre les livres se confondent, celui de son chevet aux albums, le blanc.

Son regard fixe le tableau au-dessus du buffet. Face à son jardin, tous les bruits en écho, de la cuisine, au feu de cheminée, jusqu'à celui des marches, l'oiseau du bord de la fenêtre répond. La baie tournée vers d'autres rivages, d'autres traces parcourent les nuages, habille les cieux.

Sa main remonte le fil de ces mots qui l'accompagnent. L'espace tourne, retourne les pages, s'ouvre, recouvre toute la maison ; s'arrête, reprend le fil du temps. Elle parcourt les pièces du matin, du soir, dans leurs boucles quotidiennes, elle écoute les murmures, le silence des murs, traverse le portail.

L'écho de ses pas jusqu'à la terrasse, le jardin se déploie la table posée au soleil. La vigne sur la pierre, rhizome du temps qui passe, recouvre la façade, enracine la construction aux volets ouvert. Les marches parcourent les coteaux, lézardent le long du relief.

Sur le côté son atelier ouvert sur l'étang, le chevalet guette le printemps. Suspendues les toiles prolongent le paysage, jusqu’aux carnets empilés de toutes les saisons. Les couleurs sur les étagères tapissent le sol, les pots remplis des pinceaux ont retrouvé la grisaille.

Sur la petite table à côté de la fenêtre, plus rien, le stylo s'en est allé. La lumière parcourt le toit, les feuillages sous le vent. Ses pas lentement sur les planches chauffées par le soleil s'effacent, tout au bord, la végétation l'écoute. L'eau scintille, les nénuphars chantent.

Dans ses mains les mots sont vides, ses doigts suivent le jour. Sur sa dernière toile un carré de lumière brule de son éclat. Elle a franchi le vide, traversant le miroir, elle se glisse dans son sillage. Face à sa toile elle respire, elle se noie.

Il est temps de quitter tous ses mots, sur le ponton encore amarré le courant entre les joncs porte la barque, Elle ne dira à personne qu'elle part.

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