Chapitre 44

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Mercure est satisfait d’être venu rendre visite à ses amis une dernière fois. Même si ça fait mal, que ça lui torture la mémoire, mais aujourd’hui il préfère avoir mal plutôt que d’oublier ses amis.
 Pour lui, c’est souvent le prix du stockage de sa mémoire.

Dans les rues détruites de Femir, le rouquin guide son amoureuse habilement. Il connaît ces ruines par cœur, et Agathe regrette que tout ceci n’existe plus que dans ces souvenirs. Ils passent en dessous des porches de commerces, des ponts de pierres, des bâtiments éventrés. Partout où ils se trouvent à l’ombre et à l’abri des deux voitures qui rodent. Parfois, leurs ombres s’étendent sur le sol, ça ne dure que quelques secondes à chaque fois. Ils ne se lâchent jamais la main, leurs ombres n’en sont en fait qu’une seule. L’air est rouge, la poussière danse dans le vent avec angoisse.
 « Comment sont-ils arrivés aussi rapidement jusqu’ici? » Questionne la jeune femme en regardant derrière elle à répétition, son père n’aurait jamais révélé de lui même que lui et sa fille se rendent tous les ans jusqu’à la baie de Femir, et ne sont pourtant jamais entré dans la ville détruite de Femir.
 « Il n’existe aucun rapport de mon passage ici, rien ne m’y relie. Dans le temps, nous y étions arrivés par erreur. » Explique Mercure en repensant à l’intitulé de la mission qu’il effectuait avec ses camarades d’infanteries.
 Une des voitures est très proche, le jeune homme tire le bras de sa compagne pour l’obliger à se baisser avec lui derrière un triste mur de briques rouges.
 Agathe réfléchie, autant que possible et se demande quelle est la raison pour laquelle ils sont déjà obligé de s’enfuir. Quel lien les a desservie, qui a tapé dans le mil…
 « Dylan ! » Crie t-elle, Mercure lui presse la bouche avant qu’elle ne s’emporte d’avantage. La voiture vient de freiner. De la poussière rouge s’envole derrière les pneus.
 Afin de ne pas l’entraver d’avantage, Mercure décale sa main de la bouche d’Agathe, tout en caressant sa peau au passage. Il est tout disposé à l’écouter bien que son cœur soit à deux doigts de s’emballer. La jeune femme lui serre la main, en quête de soutient.
 « Mercure, il n’y a que Dylan qui soit au courant que mon père et moi, tous les ans, nous nous rendons sur la baie pour voir ma mère. Il a du se dire que j’essaierais de m’y réfugier, qu’on nous y trouvera facilement. Si ça se trouve même... » Elle n’eut pas le temps de terminer, qu’une voix qui à présent les terrifie, s’élève dans l’air rouge de la poussière de briques.
 « Mercure ! »

Un étrange courant glacé s’infiltre partout dans la poitrine de Mercure, elle remonte le long de sa colonne vertébrale, englobe chaque vertèbre une à une, c’est si long.
Il n’y a que la haine qui justifie de rendre invisible la femme qu’on aime, pour mieux détruire le rival de son cœur. Une brise froide et humide agresse la peau des rescapés.
 Ce n’est pas la police, c’est Dylan, par ses propres moyens qui les poursuit. Agathe imagine sans mal que les personnes qui l’accompagnent font partie de sa bande d’amis douteux, que les voitures ne leurs appartiennent certainement pas, et qu’ils n’ont prévenu personne de la chasse à l’homme qu’ils effectuent en ce moment même.
 Dylan ouvre la portière passager et se lève, les pieds sur le rebord, et le bras accroché au toit de la voiture. Avec sa deuxième main, il extirpe de la voiture un mégaphone rouge, il n’est pas en très bon état, et lorsque l’appareil est allumé, il produit un son sourd et désagréable. Dylan a l’air tellement fier de lui…
 « Aller Mercure, tout le monde te cherche. Où est-ce que tu penses aller comme ça ? Estime-toi heureux, on se soucis enfin de ta formidable vie ! De tous ces trucs magiques que tu peux faire, après avoir avoir fait chier tout le monde pendant des siècles avec ta putain de chaleur ! »
 Agathe agrippe immédiatement la main de Mercure, si elle pouvait réagir, elle le défendrait, mais pour l’instant ils sont toujours cachés. Mercure reste insensible, bien que son regard soit porté sur la fumée rouge et lente sur le sol.
 « Tu ne t’es jamais dis que personne n’était fait pour vivre à l’infini, nul part, comme ça, parmi des gens qui ne te ressemblent pas ? Pas de famille, personne pour te suivre, personne qui puisse pousser son temps de vie pour rester en ta compagnie. Tu n’a pas assez d’importance pour que qui ce soit y pense, seulement. Tu seras toujours seul Mercure ! »

La poussière rouge commence à passer par dessus les chaussures de Mercure, il relève la tête dans une respiration laborieuse.
 « Et ce n’est pas parce que tu es désespérément seul, que tu peux me voler ma meuf ! » Il a appuyé fortement sur « Seul ». Dylan se met à rire, ses camarades dans la voiture le regardent comme un étranger. Parfois il oublié de parler dans le mégaphone.
Il a tout perdu.
 « Ah, Mercure, tu vas payer, tu vas payer un prix affairant ! Ah ah ! »
La poussière rouge s’infiltre partout maintenant. Les yeux du rouquin roulent dans ses orbites, comme s’il était assommé par la chaleur pour la première fois. La tirade de Dylan lui monte à la tête, elle est toute en rouge.
 « Pas besoin. Pas besoin. Pas besoin. Mercure, tu es le soleil dont personne n’a besoin ! »

D’un bond, Mercure se relève et passe par dessus le mur de brique rouge, faisant décoller la poussière avec lui. Le muret rouge lui sert d’appui pour sauter encore plus haut, pour se jeter sur Dylan.
 Agathe est terrifiée par ce qu’il va se passer, le mouvement soudain du rouquin l’a fait violemment sursauter. Pourtant, elle est aussi éblouie. Durant ce cour temps où Mercure est dans les air, à sa place, au dessus de tout le monde, là où la poussière rouge n’a pas réussit à le suivre, il brille. Il fait beaucoup plus chaud soudainement.
 Avant atterrir au sol, juste à côté de la voiture, Mercure attrape le col de Dylan à deux mains, les vêtements pourraient se déchirer tellement le rouquin serre ses doigts, et plusieurs de ses phalanges pourraient céder. Le corps du brun est emmené avec lui vers le sol, sans tomber pour autant. Et en se relevant immédiatement après, poussant sur ses deux jambes, Mercure, de toutes ses forces, envoie Dylan se frapper la tête contre la carrosserie de la voiture.
 A cet instant, le vieux clocher se met à sonner.

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