Discussion

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Au moment de partir, Lance range ses affaires, prends sa veste. Marie-Chantal lui jette un regard, semblant vouloir dire quelque chose, sans vraiment oser le dire.

  • A demain, Marie-Chantal. Vous n’avez besoin de rien, avant que je ne parte ?
  • Non … Je voulais vous féliciter pour ce premier jour. Vous avez réussi apprivoiser beaucoup de monde si rapidement, ce n’est pas donné à tout le monde.
  • J’aime observer les dynamiques de groupe.
  • Et je voulais vous remercier pour votre … discrétion. Vous voyez ce que je veux dire ?
  • Ce n’est rien. Les aventures se vivent, de même que les combats. Je garderai tout ceci pour moi, et vous garderez tous mes secrets pour vous. Vous êtes une belle personne, ne laissez personne vous dire le contraire. Beaucoup vous apprécient ici, ne laissez pas une personne, aussi importante soit-elle pour vous, vous laisser penser le contraire.

Marie-Chantal se jette alors dans les bras de Lance, pour un câlin amical, presque paternel, comme un immense besoin de réconfort, en attestent les deux fines gouttes de larme perlant aux coins de ces yeux.

  • Excusez-moi, Lance. A demain.
  • A demain, Marie-Chantal.

§§§§§

Quelques minutes plus tard, sortant de l’ascenseur, une voix l’interpelle.

  • Monsieur Lance, j’arrive, laissez-moi une minute.

La jeune Mathilde se précipite alors vers lui, quittant son accueil déserté en cette fin de journée. Arrivant à sa hauteur, elle remarque un long cheveux noir sur sa chemise, et le retire.

  • Attention, Monsieur Lance. Votre femme pourrait être jalouse de trouver ce cheveux sur vous.
  • Ne vous inquiétez pas, jeune fille, je ne suis pas marié.
  • Donc, nous avions parlé de prendre un verre ce soir, pour discuter des potins du bureau. Combien de temps avez-vous ? Vous devez rejoindre vos enfants pour le dîner ?
  • Je n’ai pas d’enfant non plus, petite curieuse.
  • Tiens, un homme tel que vous, qui n’a ni femme ni enfant ? Vous êtes un Dom Juan ? Un coureur de jupon ?
  • Je n’ai jamais trouvé celle qui saura vivre avec moi, s’adapter à mon style de vie, dû à mon travail, tout simplement.
  • Ou alors vous l’avez trouvée, et vous l’avez laissée partir ? Je me trompe.

Lance sent soudainement son visage s’empourprer, comme touché par cette jeune nymphe au regard perçant.

  • Allons-y, voulez-vous ? Je ne connais pas le quartier, que suggérez-vous à un nouveau collègue ?
  • De s’écarter un peu du bureau pour ne pas tomber sur des collègues qui pourraient sortir également. J’habite à quelques minutes à pied, et il y a un endroit très bien, cosy, calme, propice à la discussion, sur le chemin.
  • Alors ça me va, allons-y.

§§§§§

Tout le long du chemin, la jeune femme babille, piaille, papote, de tout, de rien. Elle montre ses boutiques préférées, indique les collègues installés dans les différents bistrots et troquets, renseigne sur les couples officiels et non officiels, hétéros ou non. Elle semble intarissable, et connaître parfaitement tout le monde.

Arrivés devant une porte discrète au milieu d’une façade quelconque d’un immeuble du type haussmannien, elle frappe à la porte une sorte de code. Un coup long, trois coups rapides, un coup long.

  • Ne vous inquiétez pas, c’est pour le videur. Ce lieu est comme qui dirait un club privé, pour les femmes. Un lieu sécurisé, les jeunes disent une safe place. Sans être accompagné par une femme, un homme ne pourrait pas rentrer. Et sans connaître le code, une femme ne pourrait pas entrer.
  • D’accord ! Et comment avez-vous obtenu ce code ?
  • Par une amie, qui le tenait d’une amie. Et ainsi de suite, depuis probablement la Révolution. Il paraît que la femme de Napoléon Bonaparte venait ici parfois.
  • Laquelle ? Marie-Louise d’Autriche ou Joséphine de Beauharnais ?
  • Ah, un homme cultivé, en plus. Charmeur. Joséphine, bien entendu. Vous imaginez bien pourquoi elle venait ici.
  • Avec Napoléon ?
  • Bien sûr que non, gros bêta. Il aurait fait fermer le lieu depuis longtemps. Non … avec d’autres.

Entrant dans une courée, plusieurs portes s’offrent à eux. Mathilde se dirige immédiatement vers l’une d’elles, derrière laquelle les attends une jeune femme en tenue soignée tenant un vestiaire. Laissant leurs vestes, Mathilde prend Lance par la main et le conduit vers une grande salle aux tables largement espacées, logés dans des alcôves indépendantes, rendant la discrétion totale.

Une fois installés, chacun sur une banquette, l’un en face de l’autre, une serveuse s’approche, glissant discrètement une carte.

  • Comme d’habitude, un kir royal pour moi. Et pour mon ami … non, laissez-moi deviner … un whisky, single malt, glaçons, sans eau. Ça vous va ?
  • Comment avez-vous deviné ? Vous lisez dans les pensées ?
  • Non, j’observe, j’analyse. Et … c’est ce que bois mon père. Dit-elle en glissant un clin d’oeil.
  • Et, jeune demoiselle, vous êtes déjà venu ici avec un homme ?
  • Non, jamais, vous êtes le premier. Je veux dire le premier à venir avec moi ici, pas le premier à …
  • Oui. Ne finissez pas. J’ai compris. Mais alors pourquoi me conduire ici ?
  • Parce que nous pourrons y parler tranquillement, en toute franchise, sans être dérangé par un ou une collègue, et ensuite, nous verrons bien .

S’ensuit un long silence, que Lance ne veut pas briser. Les deux se regardent dans les yeux, se jaugent, s’analysent. Parler de quoi, se demande Lance. Elle ne va tout de même pas lui proposer de la raccompagner dès le premier soir, lui qui a le double de son âge ? Elle est majeure mais tout de même. Cependant, à son âge, il a eu un sacré tableau de chasse, alors pourquoi pas. Mais pas au milieu de son enquête.

En plus, il n’a pas eu de relation depuis longtemps maintenant. Ce n’est pas le moment de se lancer dans une nouvelle, il a beaucoup trop de travail en attente, il va encore faire vivre une déception amoureuse à une personne qui n’a rien demandé pour ça. Non, ce n’est pas sérieux.

Et pourtant, le cadre s’y prête bien. Les alcôves, les tentures rouges sur les murs et les fenêtres, l’ambiance intimiste, … tout prête à se laisser aller aux confidences en ce lieu. Alors pourquoi ne pas utiliser cette occasion pour questionner subtilement la jeune femme, qui connaît si bien son environnement de travail ?

  • Alors, dites-moi, Mathilde, de quoi vouliez-vous parler avec moi ce soir ? Nous voici au calme, dans un lieu neutre, ni chez vous ni chez moi. Donc vous pouvez tout me dire.
  • C’est assez … difficile à aborder.
  • Ne vous inquiétez pas, je sais rester discret, muet comme une carpe.
  • Je voulais vous parler de Jean-Eudes et de Marie-Chantal. Je crois qu’il la fait chanter …
  • Comment ça ? Et pourquoi me raconter ça ? Je ne sais pas si je pourrais faire grand-chose.
  • Pourquoi ? Parce que je vous trouve rassurant, et que vous êtes le premier collègue qu’elle ait. Peut-être que vous saurez la protéger de lui.
  • Racontez-moi tout …
  • Et bien, … vous l’avez vu ce midi, ils s’éclipsent, puis réapparaissent. A chaque fois, elle a les yeux rouges, elle regarde ses pieds, elle n’est plus la belle femme rayonnante qu’elle peut être quand vous la rencontrez à l’extérieur ou le matin. Je la vois comme se faner quand elle passe la porte vitrée en arrivant au travail.

Mathilde commence alors à raconter tout ce qu’elle a vu. Comment Marie-Chantal a toujours donné beaucoup à son travail pour Estelle, de jour, mais aussi tard le soir quand il faut porter un dossier de dernière minute au domicile de la directrice

Puis comment, un jour, en allant aux toilettes, elle avait surpris l’assistante seule, pleurant. Comment, une autre fois, descendant dans le parking à midi, elle l’avait surprise derrière une voiture, à genoux devant Jean-Eudes, le pantalon baissé, lui tenant les cheveux, violant sa bouche.

Ou alors cette fois où, apportant un colis dans le bureau de Jean-Eudes, ils les avaient une nouvelle fois surpris, elle appuyée sur le bureau, la robe relevée sur les hanches, pendant que lui la prenait debout. Elle gémissait, comme de douleur, alors qu’il lui tenait les deux mains dans le dos.

Ils n’avaient jamais su qu’elle les avait surprises. Et plusieurs fois, Jean-Eudes avait voulu la draguer, elle aussi. Plus pour mettre une jeune femme à son tableau de chasse et se faire mousser. Elle avait cependant refusé toute avance, se débrouillant pour ne jamais être seule avec lui, quoi qu’il arrive, même pendant les séminaires, réceptions, afterworks, où bien entendu il participait toujours et essayait de s’attirer les faveurs des femmes ou les plus belles ou les plus hautes dans la hiérarchie.

  • Et avec Madame Cabreret, quelle est sa relation ?
  • Disons, que quand elle travaillait pour lui, elle était dans la catégorie des belles femmes à mettre à son tableau de chasse. Mais elle n’est pas du genre à mélanger vie privée et vie professionnelle, ni à être une femme facile.
  • D’accord, et ensuite ?
  • Ensuite, elle est arrivée au même niveau que lui. Une rivale, donc. De ce que j’ai vu, il lui a fait toutes les misères possibles en lui mettant des bâtons dans les roues, en parlant au Comité de Direction, en dénigrant ses résultats, alors que les siens n’étaient pas meilleurs, bien au contraire.
  • Et elle a été nommée Vice-Présidente.
  • Oui. Et depuis, il est jaloux, il ne comprends pas. Il n’a plus de levier sur elle, alors … il se venge sur son assistante. Elle y a droit tous les midis, à chaque fois dans un endroit différent, mais je les vois revenir pour aller à la cafétéria. Je suis bien placée pour voir les allers et venues.
  • Peut-être qu’ils apprécient juste tous deux la sexualité débridée ? Nous avons tous ce côté en nous, et j’ai pu, à l’occasion, pratiquer certains choses aussi. Les mœurs se libèrent de nos jours.
  • Non, pas dans ce cas. Ça se lit dans ses yeux, à elle. Il manque le consentement, j’en suis certaine.

§§§§§

Continuant à parler, leurs verres depuis longtemps finis, la serveuse se présente de nouveau, discrètement, pour proposer de renouveler les verres. Mathilde refuse poliment, proposant à Lance d’aller marcher un peu. Cette discussion lui a donné le besoin de prendre l’air, pour se remettre des émotions de livrer ainsi la vie privée de ses collègues.

Marchant le long du trottoir, la jeune femme ne parle plus, tenant le bras de Lance pour s’appuyer dessus. Elle regarde ses pieds, semble perdue dans ses pensées. Le détective respecte son silence, en gentleman, et profite de la promenade.

Flânant le long des canaux, la jeune femme s’arrête, observant deux cygnes blancs frottant leurs cous l’un contre l’autre, en pleine parade nuptiale. Elle se sert alors encore plus forte contre son compagnon de route.

Arrivé devant une porte cochère, elle sort un trousseau de clef, puis hésite.

  • Je suis arrivée chez moi.
  • Oui, j’avais compris.
  • J’ai … j’ai peur.
  • De quoi ?
  • De lui. Demain. Il va deviner que je t’ai parlé. Je ne sais pas comment mais il va deviner.
  • Qu’est-ce qui te fait dire ça ?
  • J’ai faim. Tu ne veux pas monter ? Je te fais à manger, et nous en parlons pendant ce temps. Je ne veux pas être seule pour le moment. S’il te plaît.
  • OK, d’accord, je te suis.

Entrant derrière la jeune femme, Lance voit une entrée couverte de marbre. Ils prennent alors l’ascenseur, tout de fer forgé, qui monte au milieu de l’escalier. Il est tellement exiguë que deux personnes doivent se serrer, Mathilde se retrouve donc la joue contre le torse du bel homme. Une fois arrivé au dernier étage, il faut encore prendre un dernier escalier pour se retrouver à l’étage des anciennes chambres de bonne.

Mathilde, en tant que stagiaire, a trouvé un logement à la hauteur de ses moyens. Elle a cependant agencé le tout avec goût, mettant une touche de modernité et de féminité dans ce studio austère, qui a cependant la chance d’avoir une salle de douche et des toilettes privatives, ce qui est encore loin d’être le cas dans tous les combles parisiens. Un fenestron donne même la vue sur la tour Eiffel, son phare illuminant régulièrement le mur blanc.

  • Je reviens. Juste le temps de me rafraîchir, et je reviens. Regarde dans le placard, sers toi un verre, et installe toi dans le canapé. Ensuite, je te donnerai quelque chose à manger

Regardant dans le placard, Lance sort une bouteille de vin non entamée, pose deux verres sur la table, puis s’installe dans le convertible, qui doit aussi être le lit que la jeune femme déploie le soir pour dormir.

Mathilde ressort alors de la salle d’eau, en sous-vêtements, portant un corset de dentelle et des jarretelles, un tanga serrant ses fesses. Elle s’approche de Lance, s’assoit face à lui, sur ses genoux. Approchant son visage, elle lui murmure à l’oreille :

  • Ne me laisse pas seule ce soir. Fais-moi l’amour. Je vais bien m’occuper de toi. Ne me laisse pas seule, je t’en prie, j’ai besoin de ta présence masculine.

Elle commence alors à ôter chaque bouton de la chemise qui recouvre ce corps musclé, caressant la pilosité qui s’y cache, embrassant cette peux, descendant inexorablement vers le bas. Puis, ôtant cette ceinture qui lui barre le passage, invitant Lance à soulever ces fesses, elle retire le pantalon et le boxer qui lui masquaient l’objet de ses attentes.

  • Elle est belle. Laisse moi m’occuper d’elle, laisse toi faire. Pas un mot, pas un geste, laisse moi juste faire.

La jeune femme commence alors d’innombrables caresses, manuelles, buccales, avant de s’empaler et de commencer l’ascension vers les sommets du plaisir.

  • Je t’ai promis de te donner à manger. Mange moi. Glisse-t-elle à son partenaire d’un soir, découvrant sa poitrine, l’approchant de la bouche ouverte de cet homme gémissant sous le plaisir.

La jeune femme reprend alors sa douce chevauchée, lente, au rythme du phare de la Tour, lumière ondoyante, mettant en valeur les deux corps mélangés.

§§§§§

La lumière du matin inonde la pièce. Lance est allongé dans le canapé, Mathilde couchée sur lui, tous les deux nus. La jeune femme ouvre les yeux, sortant des bras de Morphée pour se retrouver dans les yeux de Lance.

  • Merci pour cette nuit. Dit-elle.
  • Merci à toi. J’espère avoir été à la hauteur de tes attentes.
  • Oui, et bien plus. Mais soyons d’accord, ce n’était que pour une fois, et rien de plus, en toute amitié.
  • Oui, pour une amie qui avait besoin de compagnie et de réconfort, rien de plus
  • Exactement. Je vais sous la douche en première, tu y vas ensuite.

Une fois habillés, douchés, le temps de prendre un café et un croissant dans la boulangerie la plus proche, les voilà partis pour le travail, papotant, discutant, de tout et de rien le long du chemin.

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