3.2. Vieilles connaissances

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Elle attrapa le sac-poubelle rempli des affaires de Jules et le traîna derrière elle jusqu’au rez-de-chaussée. La concierge récupérait les vieux vêtements et objets encore utilisables, pour les donner à un organisme de charité. Antonia, une Portugaise arrivée en France avec ses parents dans les années soixante, était très croyante et ne remerciait jamais assez sa petite protégée pour tous les dons qu’elle faisait à la paroisse.

— Léna ! Ma chérie ! s’exclama-t-elle en embrassant ses deux joues. Oh ! Je suis si contente que tu sois de retour ! Comment te sens-tu ? Tu sais, j’ai beaucoup prié pour toi. Dieu ne pouvait pas te lâcher, pas après tout ce que tu as fait pour nous et pour les gens de notre église.

— Tout va bien. Je dois tout de même dire que j’ai un peu de mal à… passer à autre chose. J’ai décidé d’aller de l’avant, c’est pour ça que je viens te voir, je me débarrasse de quelques affaires.

Elle pointa le sac du doigt et se ravit de l’exclamation de joie de sa seule amie.

— Tu es une perle, ma petite Léna. Si le gamin des Rocard pouvait être aussi agréable que toi, ma vie serait bien plus simple. Si tu savais… La police devrait venir voir ce qu’il trafique dans les chambres de bonnes. Oh, attends ! s’interrompit-elle. Je vais aller te chercher ton courrier. Tu as reçu une dizaine de recommandés, j’ai signé pour toi.

Léna la remercia d’un sourire chaleureux et remonta chez elle les bras chargés d’épaisses enveloppes. À la tête d’une des plus grandes fortunes de France, à seulement vingt-deux ans, elle aimait plus que tout son travail. Si d’aucuns avaient trouvé cela prématuré, elle avait vite fait ses preuves et dirigeait l’entreprise d’une main de fer. Installée à son bureau, la jeune femme passa de longues heures au téléphone avec Madame Giraud, gestionnaire de ses biens, afin de faire le point sur la situation. En son absente, l’agence s’était laissée aller au laxisme. Elle allait reprendre les rênes.

— Écoutez, j’ai besoin de ces documents demain à la première heure. Vous devriez déjà me l’avoir envoyé il y a une semaine ! s’énerva Léna avant de raccrocher brusquement.

Un coup d’œil à l’horloge accrochée au mur, Léna décida de prendre une pause. Elle enfila une paire d’escarpins, éteignit la lampe design sur son bureau et sortit. Flâner dans Paris l’apaisait. Elle en avait bien besoin pour décompresser. Pour un samedi soir, l’avenue Rapp était d’un calme déconcertant. Les touristes du jour l’avaient désertée et se pressaient dans les restaurants alentour, les riverains avaient retrouvé le confort de leurs riches appartements. Seule. Encore et toujours cette solitude qui la rongeait. Elle devai qu’elle rencontre du monde, qu’elle retrouve un semblant de vie sociale.

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