Chapitre 1 - La page blanche

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Samedi, le dernier jour de la semaine pour le commun des mortels, le début du week-end, synonyme de repos, de détente et de temps consacré à la famille. C’est également l’occasion de sorties, surtout dans une ville comme Bristol, considérée comme la plus agréable du Royaume-Uni.

Pour moi, le samedi est un jour désespérément semblable aux autres, un jour morne et triste. En particulier, depuis que je ne parviens plus à écrire une seule ligne sur mon ordinateur. Ma vie a sombré dans un chaos pitoyable. Les journées et les nuits s’enchaînent sans que je n’aie aucune idée du temps qui passe.

Je suis atteint par le syndrome de la page blanche.

Banal, me direz-vous ! Quel écrivain n’y a pas succombé ? Moi, jamais !

Jusqu’à ce que la gloire trop vite atteinte m’enivre et me vide le cerveau une fois dessaoulé.

Bien sûr, j’ai essayé de trouver un remède et me suis tourné vers Gogol, ce cerveau à portée de main. J’y ai trouvé des dizaines de conseils allant des plus sensés aux plus loufoques : par exemple, aligner des mots sans réfléchir et attendre qu’une idée surgisse, foutaise ; échanger sur la toile avec d’autres écrivains comme moi en mal d’inspiration. Je n’ai rien trouvé de mieux que de les plonger dans leur détresse, et de m’enfoncer encore plus profondément dans la mienne.

Faire une pause, m’astreindre pendant un temps à délaisser l’écriture, l’ultime et périlleuse solution et sortir, aérer mon corps et mon esprit. Six mois que je me « repose », que j’arpente les rues de Bristol à pied, à vélo, à cheval même, que j’écume les pubs, visite les monuments, les musés. Je suis même aventuré en haute mer, par gros temps, dans l’espoir que les sensations fortes de cette virée me porteraient l’inspiration. Je n’ai réussi qu’à vider mon repas du midi et mon petit-déjeuner sur le futal du capitaine.

J’ai tout essayé, tout, vraiment tout. Mais rien n’est venu.

Je suis un fruit sec.

Pourtant, je ne suis pas le premier scribouillard venu, un de ces innombrables écrivains de pacotille qui passent sa vie entière à croire en sa bonne étoile, mais qui ne décroche que des astres en carton-pâte. Non, je suis un écrivain connu et reconnu, célèbre même au-delà de l’île et du vieux continent. Mon premier (et unique bouquin jusqu’à ce jour) a eu un succès fulgurant et m’a propulsé en un rien de temps de l’ombre à la lumière.

Ce succès, je le dois à Emma, mon éditrice et maintenant ma compagne. Avant Emma, j’écrivais comme on chante sous la douche, en dilettante. Emma a su déceler en moi un talent de narration et une imagination que je ne soupçonnais pas.

Ce premier et unique roman a été l’émergence d’un feu qui couvait en moi depuis longtemps, un feu dont je n’avais pas conscience, et que j’ai pu, grâce à elle, révéler à la face du monde, et produire un chef-d’œuvre. Ce n’est pas moi qui le dis mais l’ensemble des critiques littéraires d’Angleterre et bien au-delà.

Mais tout ceci est de l’histoire ancienne. J’ai une nouvelle aventure qui m’attend, un nouveau livre à écrire et je suis incapable de trouver la moindre idée de roman.

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