Chapitre 23 : Passion et Electricité

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Robin, est là, planté entre l'entrée et le salon, les poings serrés et la mâchoire crispée. Une tension palpable envahit la pièce alors qu'il me regarde fixement. Il semblerait que lui aussi ait opté pour une tenue du dimanche avec son tee-shirt blanc moulant et son bas de jogging gris clair. Même ainsi vêtu, il ferait se retourner un car de pom-pom girl.

— Je sais maintenant pourquoi ta gouvernante ne voulait pas me laisser entrer, lance t-il, me sortant ainsi de ma contemplation.

Son ton est cassant, ses yeux sont d'un noir profond et sa colère est définitivement bien présente. L'irréalité de la situation me coupe le sifflet.

— Alors c'est comme ça que tu fonctionnes ? Tu juges les autres mais tu fais exactement la même chose. Tu as vite oublié ce qu'il s'est passé, hier, dans ta propre salle de bain. Ou encore vendredi, sur ce même canapé.

Pour appuyer ses paroles il pointe le sofa gris, sur lequel Liam est encore assis. Je lis l'incompréhension dans les yeux de mon ami, qui n'était pas au courant de cette partie de l'histoire. Florence, qui en a assez entendu, nous fausse compagnie, tête baissée. Mon cerveau ne fait qu'un tour et je retrouve ma répartie légendaire.

— Pour qui tu te prends pour débarquer chez moi et me faire une scène, l'attaqué-je en allant à sa rencontre. Je crois que tu as vite oublié que tu n'es plus le bienvenu dans cette maison. Va donc faire ton petit numéro ailleurs. Chez Tanya par exemple. Je peux te donner son adresse , elle n'attend que ça.

Je saisis son bras et l'accompagne de force jusqu'à la porte d'entrée. Bizarrement, il ne se débat pas. J'ouvre la porte, sans pour autant lâcher ma proie, et m'apprête à le mettre dehors, quand Liam nous rejoint.

— Je vais te laisser, Roxane, annonce doucement mon ami. Je crois comprendre que tu as des affaires à régler et je ne voudrais pas déranger.

— Non, Liam, reste, dis-je en suppliant.

Il arbore une mine triste, mais pas déçue. Comme s'il avait enfin trouvé une réponse à un problème qui le ronge, mais que le dénouement n'est pas celui qu'il espérait.

— Liam je...

— Ne t'en fais pas, me rassure-t-il avec un sourire timide. Pour moi aussi ce baiser sonnait faux. Il semblerait que l'on ne soit fait que pour être amis. Ne t'en fais pas, Roxane, je m'en contenterai largement.

Il me fait un clin d'œil et quitte la maison sans se retourner. Il a trouvé exactement les bons mots pour décrire ce que ce baiser m'a provoqué. Je suis soulagée, jusqu'à ce que je réalise que Robin a assisté à toute la scène. Je vois rouge.

— Toi, tu dégages, lui adressé-je en pointant la sortie du doigt. Tu as assez foutu le bordel dans ma vie. Ma meilleure amie, mon meilleur pote, qui sera ta prochaine victime ? Mon père ?

Je vois bien qu'il cherche une bonne réplique mais en vain. Au lieu de ça, il fait demi-tour et part s'installer sur le canapé. Quel culot !

"Heu, Roxane, alerte un intrus s'installe sur le canapé" annonce ma conscience dans un mégaphone.

Comme si je ne l'avais pas remarqué !

— Je t'ai demandé de sortir de chez moi, tu comprends ça ?

— Pas tant que mon dernier souvenir ici, ce sera lui avec ses lèvres sur les tiennes, finit-il par lâcher, une fois assis.

Il ne manque pas d'air. Je m'en fiche, moi, de ses souvenirs et de ses états d'âmes. Ma vie n'a jamais été aussi compliquée que depuis que je le connais. Il m'épuise.

— Parfait, dis-je à bout de force, en m'approchant de lui. Alors embrasse-moi et tire-toi.

Il me repousse aussitôt, d'une longueur de bras, presque offusqué par ma proposition

— Ce n'est pas ce que je souhaite, répond-t-il vexé.

— Alors qu'est-ce que tu veux à la fin, m'impatienté-je toujours face à lui. Qu'est-ce qu'il te faut pour que tu me laisses enfin tranquille ?

— Je te veux toi, lâche-t-il du tac au tac, entièrement. Pas seulement dans un baiser volé sur le canapé ou dans la salle de bain. Et encore moins dans un moment lors duquel ton esprit est ailleurs, trop occupé à gérer tes conflits interne car tu es indécise entre faire ce qui est bien et agir comme tu le veux. C'est pourtant clair non ?

Je ne sais absolument pas quoi répondre à ça. La seule chose qui est claire dasn ma tête, c'est que je sais pertinemment que si je me laisse aller, je vais encore yperdre des plumes. Depuis le début de cette histoire, je déteste l'adolescente colérique qui s'empare de moi dans tous nos échanges. Pourtant, bien que j'aimerai gommer cette image et n'être plus que Roxane, mes conflits internes m'empêchent de pensées de façon raisonnable. 

— C'est impossible, lui réponds-je finalement. Alors installe-toi confortablement si ça te chante, moi je vais me reposer.

Je claque la porte blanche en PVC qui était encore ouverte, lui tourne le dos et me dirige vers ma chambre. Il peut bien rester là autant qu'il veut, quand il en aura marre, il sait où est la sortie.

Je grimpe les marches quatre à quatre, déterminée à m'isoler. Mais c'était sans compter sur mon bel invité, qui a des souhaits tout autre. Il se lève d'un bond et ne tarde pas à me rattraper pour se positionner entre mon but et moi. Son regard a changé de teinte, je découvre avec surprise que des touches de vert viennent parsemer ses iris d'un naturel noisette. Ces yeux sont bien plus clairs que je ne le pensais et pourtant ce n'est pas la première fois qu'il se tient face à moi. Une fois de plus je me perds dans ce tourbillon émotionnel que cet homme provoque en moi. Seule sa voix m'empêche de couler à pic.

— Jure-moi que tu ne ressens pas, exactement, la même chose que moi, et je m'en vais.

Il marque une pause et ferme les yeux un instant. Quand ils les ouvrent de nouveau, ils sont charbonneux et brûlent d'une passion ardente.

— Je te jure que je ne ressens pas la même chose, mens-je effrontément en ne quittant pas son regard. Maintenant, va-t'en.

Je vais pour reprendre ma course, mais son corps fait barrage.

— Dis-moi que le contact de nos corps ne t'électrise pas...

Sa voix sensuelle me percute de plein fouet et d'un mouvement doux, il s'approche un peu plus de moi, me positionnant tout contre sa poitrine. Son odeur emplit instantanément mes narines. Mes pensées se brouillent.

« Reprends-toi » hurle ma conscience.

— ...jure-moi que ta peau ne frissonne pas sous mes caresses...

Il passe délicatement sa main sur mon visage. Mes yeux se ferment pour profiter pleinement de ce moment volé.

« ROXANE !!! ». Ma conscience s'impatiente.

— ...que ton rythme cardiaque ne s'accélère pas en ma présence, que tes yeux ne sont pas fixés involontairement sur ma bouche...

Tout en prononçant ces mots, je le vois humidifier légèrement ses lèvres. Mes yeux sont hypnotisés par ses lèvres pulpeuse.

« Hey oh, y'a quelqu'un ? » tambourine ma conscience, dans un dernier élan d'espoir.

— Enfin, dis-moi que ton souffle ne va pas se couper quand je vais faire ça.

Nos bouches se rencontrent et un feu d'artifice explose dans mon bas ventre. Comment refuser cet homme, quand tout ce qu'il vient d'énumérer est strictement vrai. Comment résister à l'irrésistible alors que mon corps, ma tête et, sans doute, mon cœur ne réclament que lui. Je romps le contact, soudainement rappelé par ma conscience.

— Comment on va...

— Chut, répond-t-il en posant un doigt sur ma bouche, on aura tout le temps de penser aux problèmes un autre jour.

Il y a tellement de sentiments contraires qui se bousculent dans mon esprit que je décide de vivre l'instant présent. J'éjecte ma conscience et m'accroche de nouveau à ses lèvres, laissant échapper la passion qui me consume depuis notre première rencontre. J'ai tellement lutté contre moi-même ces derniers jours, que je me sens enfin libre de laisser mes envies prendre le dessus.

Je passe mes bras autour de son cou et vient plonger les mains dans ses cheveux. De mes doigts, je tire délicatement les racines, ce qui lui fait lâcher des petits râles de plaisir. D'un coup, il saisit mes cuisses de ses deux mains et, instinctivement, j'enroule mes jambes autour de sa taille. Me portant à bout de bras, il gravit les marches sans rompre notre étreinte. Nos bouches sont soudées l'une à l'autre. Le désir se fait plus présent. Il continue habilement son trajet vers la chambre. Bien que je sois concentrée sur l'instant présent, je ne peux m'empêcher de penser qu'à sa place je me serais déjà étalée sur le sol.

Une de mes mains lâche sa nuque pour actionner la poignée en métal et ainsi lui ouvrir le chemin jusqu'au lit qui se tient au milieu de la pièce. Il m'allonge sur les draps, me sépare de mes vêtements et m'observe de sa hauteur. Son regard à la fois doux et brulant d'envie se pose sur chaque parcelle de mon corps.

— Tu es si belle, confesse-t-il, avant de s'allonger sur moi pour reprendre possession de ma bouche.

S'en suit une combinaison d'amour, de passion et d'envie, nous abandonnant enfin à tout ce que l'on s'interdit depuis notre première rencontre.

À bout de force, alors qu'une ultime décharge de bien être finit de me transporter, je me laisse tomber aux côtés de mon bel amant. À en juger par sa respiration forte et saccadée, l'effort a été aussi intense pour lui que pour moi. Je reprends mon souffle et me place sur le flanc gauche, pour observer le bel Apollon à mes côtés. Il est là, complètement nu, les bras sous la tête, les yeux fermés, paisible. D'instinct, je fais glisser mon doigt sur son torse imberbe, ce qui le fait tressaillir.

— Et bah alors, on est chatouilleux, le taquiné-je.

— On a tous des faiblesses, cher demoiselle.

Je souris et poursuis ma course de plus en plus bas, pour finir par titiller les repousses de ses poils pubiens.

— Ne me dit pas que tu veux remonter sur le ring, car je ne pense pas être en mesure physique de répondre à tes besoins une quatrième fois.

Je souris, alors qu'il a dit tout ça sans bouger d'un pouce.

— J'espère que tu n'es pas en train de te moquer de moi, ironise-t-il en changeant brusquement de position pour me faire face. Sinon je vais être obligé de sévir.

Il attrape fermement l'une de mes fesses et comble, d'un mouvement gracieux, l'espace qui nous sépare.

— Je crois bien qu'il y en a une qui ne serait pas contre un quatrième service, plaisanté-je en sentant sa protubérance poussée contre ma cuisse.

— Seriez-vous de celles qui ne sont jamais rassasiées, chuchote-t-il en plantant un doux baiser au creux de mon cou.

— Jamais, répété-je dans un murmure, alors que mon bas ventre s'électrise de nouveau. Surtout quand un médecin prend aussi bien soin de moi.

Je reprends possession de ses lèvres, alors qu'il me fait basculer sur le dos pour se positionner sur moi.

— Dans ce cas, voyons ce que ce cher médecin a encore à offrir à sa jolie patiente.

Nous voilà reparti pour une nouvelle vague de sensations. Je ne me lasse pas de cette frénésie nouvelle qui s'empare de tout mon corps. C'est comme si, avant lui, aucun homme ne m'avait jamais touché, ne m'avait jamais emmené au sommet ultime de la jouissance, ne s'était jamais autant donné à moi. Ce que je vis avec lui, je le découvre pour la toute première fois.

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