Chapitre 6

15 minutes de lecture

BRI

La violence des souvenirs me submerge. Le dégoût m’envahit et je n’ai d’autre choix que de courir aux toilettes pour expulser le contenu de mon estomac. C’est fou comme certains souvenirs heureux s’estompent avec le temps, alors que les mauvais, eux, restent gravés avec une précision déconcertante. J’aimerais oublier, mais je n’y arrive pas. Ça fait définitivement parti de moi. De celle que je suis. Comment pourrais-je oublier, alors qu’il prend un plaisir pervers à me torturer sans cesse ? À se rappeler à mon bon souvenir ? À me rappeler que quoi qu’il advienne, je serai toujours sienne, parce qu’il a marqué mon âme aussi sûrement, qu’il a brisé mon corps.

Je me passe de l’eau sur le visage, relève la tête et regarde cette femme dans le miroir. Livide. Les traits tirés. Il a probablement raison. À part un monstre comme lui, qui pourrait m'aimer ? Anéantie. Brisée. Perdue. Je prends le temps de me laver les dents. L’haleine de chacal, très peu pour moi. Et je retourne m’asseoir à la même place. Je m’y sens en sécurité comme dans une bulle. C’est rassurant.

Après un bref regard autour de moi, je jette un œil à mon ordi, posé sur la table basse en face de moi. Un mail attire mon attention. Je reste pétrifiée. C’est lui. Un long frisson me parcourt comme à chaque fois qu’il se rappelle à mon bon souvenir. Des mois que je reçois ce genre de mails. Au début, ce n’était qu’un par ci par là. Puis, le rythme s’est accéléré, pour aboutir à plusieurs par jours. Toujours plus menaçants, sans pour autant l’être vraiment. Je ne connais pas l’adresse mail, mais l’intitulé ne me laisse aucun doute.

Objet : une femme avertie en vaut deux…

Pourquoi l’ouvrir alors que je sais ce qu’il contient? Ou presque. C’est ça. C’est le presque qui m’y pousse. Cette curiosité morbide, malsaine, qui me crie qu’en rater un seul reviendrait à me condamner, à condamner ceux que j’aime.

Il ne reculera devant rien. Pourtant, je fais la morte depuis des mois, lui résiste par mon silence. En ne rentrant pas dans son jeu, je prends d’énormes risques. Je le sais. Le défi attise son côté joueur, sa détermination, son besoin viscéral, maladif de dominer et de gagner. Il n’en devient que plus menaçant et plus dangereux encore.

Malgré l’appréhension, la terreur et le dégoût que j’éprouve, j’ouvre le mail. Je le dois si je veux espérer le contrer. Pourtant, un mauvais pressentiment m’étreint. La peur me gagne. Ma gorge est totalement obstruée. Je déglutis difficilement. Mon cœur s’est arrêté de battre. Mon souffle est prisonnier de mes poumons. Quant à mon ventre, il est noué au possible. Mon corps tout entier est suspendu à ces quelques mots.

Ma puce,

Des mois que je t’enjoins de me rejoindre sans tarder. Des mois que tu t’obstines à n’en faire qu’à ta tête… Tu me connais pourtant ma puce. Tu sais que la patience n’est pas ma plus grande vertu.

T’ayant suffisamment prévenue, je me suis lassé d’attendre. J’ai donc dû me montrer créatif. J’ai trouvé un moyen de persuasion efficace… Je ne doute plus que tu me rejoignes rapidement maintenant.

Je te dis à bientôt ma puce. Il me tarde de te revoir. De te serrer dans mes bras et de te faire l’amour. Lentement, passionnément ou sauvagement comme tu aimes tant.

À très vite.

Ton amour.

C’est pas vrai. Mon corps est secoué de tremblements. La peur m’envahit et me paralyse. Je reste là devant cet écran, mon cerveau tournant à plein régime. Qu’a-t-il fait? Parce que cette fois j’en suis certaine, il est passé à l’action.

Bon sang ! Réfléchis. Réfléchis. Que peut-il bien faire? Nina est au boulot. Elle ne devrait pas tarder à rentrer. S’il s’était produit quelque chose, tu le saurais déjà. Les mecs que tu as embauché pour la protéger t’auraient déjà contactée. Puis s’en prendre à elle, ne t’obligerait pas à le rejoindre. À moins… À moins qu'il ne l’ait kidnappée. Oh purée !

Je me saisis de mon portable, que j’échappe dans la précipitation. Merrrcredi ! GGGGRRRRR ! C’est pas le moment d’avoir des palmes à la place des mains ! Je le récupère rapidement, consulte mon journal d’appel et appuie sur un numéro. La première sonnerie retentit, au moment où j’entends la porte de l’appart claquer.

— Poulette, je suis rentrée ! clame une voix que je reconnaîtrais entre mille.

Je m'empresse de raccrocher. Le soulagement me submerge. Mon corps se détend immédiatement. La boule dans ma gorge disparaît, tout comme les nœuds de mon ventre. Mon coeur repart et mes poumons daignent libérer l'air qu'ils retenaient. Purée ! Elle va bien ! Elle est là. Et elle va bien. S’il lui arrivait quelque chose j’en mourrai !

Toujours assise dans le salon, je vois arriver ma tornade blonde. Ma meilleure amie. Ma sœur. Mon rayon de soleil. Mon inséparable. Je souris à m’en décrocher la mâchoire. Notre devise : jamais l’une sans l’autre. Nous sommes très proches toutes les deux, fusionnelles même, depuis toujours, bien que nous soyons très différentes.

À la fois forte, obstinée et indépendante, Nina a un caractère bien trempé. Elle profite de la vie qu’elle croque à pleines dents, s'amuse, fait la fête et enchaîne les mecs sans état d'âme. Contrairement à moi, elle est pleine d’assurance, lumineuse, pétillante, sexy et désirable. Les mecs se battent pour passer une nuit avec elle et elle ne s'embarrasse pas de sentiments, de doutes ou de futilités. Nina ne s'attache pas. Ce n'est pas une romantique. Elle ne cherche pas le prince charmant. Elle vit comme elle l’entend, sans redouter le regard des autres, dont elle se fout éperdument et j’adore ça. Pire même, je l’admire.

Elle est son propre soleil. Un peu barge parfois, elle a une très nette tendance à s'attirer des ennuis avec son côté grande gueule. Mais, elle n’a jamais laissé personne la traiter comme de la merde. Encore moins un mec. Elle l’aurait cassé en deux si ça avait été le cas. Ceci dit, elle ne leur en laisse pas le temps, ni l’occasion.

Quand je la regarde avec son visage de poupée, ses traits fins et ses deux magnifiques émeraudes espiègles, la tendresse m’envahit. On dirait un mannequin sorti tout droit des magazines. Grande, blonde, toute en jambes et en courbes. Son corps est sublimé de tatouages, qui la rendent encore plus unique et sexy en diable. Une véritable œuvre d'art.

Le premier, nous l’avons fait faire ensemble. Deux inséparables sur une branche qui se regardent. L’un est situé sur mon épaule droite, l’autre sur son épaule gauche. Ainsi, lorsque nous sommes côte à côte, les deux oiseaux se retrouvent ensemble, complets. Symbolique, mais tellement vrai. Bon, c’est clair, qu’en général, ces oiseaux sont plutôt le signe de l’amour et du romantisme. Mais pour nous, ils incarnent notre lien profond, notre besoin d’être ensemble, soudées. D’ailleurs, si l’une de nous devait disparaître, l’autre n’y survivrait sûrement pas.

Bref, aujourd’hui, c’est son métier : tatoueuse. Nina a toujours été une artiste. Excentrique. Exubérante. Intense. Excessive. Singulière. Elle est douée. Très douée même. Sa notoriété dépasse nos frontières et certains viennent de loin pour passer sous son aiguille. On la sollicite très régulièrement pour des salons ou des conventions. Elle s’éclate dans ce qu’elle fait et je suis super fière d’elle.

Nous ne nous sommes jamais quittées. Pas une fois depuis l’enfance. Pas même à la mort de ma mère quand j’ai été envoyée en foyer. Et oui sans autres liens familiaux, orpheline de mère et père parti on ne sait où, mon sort était scellé. Bien que Nina, Adam et leur mère Nicole étaient ma famille, sans lien de sang certes, mais la seule que j’ai connu, cette option a été refusée par les services sociaux et on m’a conduite dans un établissement pour adolescents. Ils ont effectué une demande de recherche dans l’intérêt des familles pour tenter de localiser mon géniteur, qui bien sûr, n’a rien donné.

Mon père avait disparu depuis bien longtemps et je doutais qu’il soit resté en France. Il avait... Ou a... Je n’en sais rien après tout. Vivant ou mort, de toute façon quelle différence? Donc il avait ou il a la double nationalité. Irlandaise et américaine. Ce qui lui laissait le choix quant à sa destination. En plus, pour contrarier tout le monde, il aurait pu déguerpir n’importe où ! Après tout, disparaître, c’est son truc !

Ensuite, j’ai été déclarée pupille de l'Etat. Sans Nicole, le seul avenir qui s’offrait à moi, c’était le foyer jusqu’à ma majorité. On n’adopte pas une adolescente de quinze ans. Encore moins perdue, révoltée et en plein deuil. Je m’enfuyais constamment pour retourner chez Nicole. Être avec Adam et Nina, c’est à eux que se résumait mon monde en ruines. Alors devant la ténacité et détermination de Nicole et mes fugues incessantes pour rejoindre son domicile, ils ont fini par accepter de me confier à elle.

Une nouvelle larme roule sur ma joue. Nicole aussi nous a quittés, l’année dernière. À croire que le sort s’acharne. La perdre a été comme perdre ma mère une seconde fois. Une déchirure. Encore. Le trou béant dans ma poitrine s’est creusé davantage et ressemble à un puits sans fond. La douleur déjà insupportable est devenue insoutenable, au point que j’ai toutes les peines du monde à respirer.

Cette perte a aussi beaucoup affecté Nina. Bien que ce soit une battante, je la sens parfois très fragile. Sa mère lui manque terriblement. Elles avaient un lien unique et très fort toutes les deux. Lorsqu’Adam est parti pour les Etats-Unis à sa majorité, Nina et sa mère sont devenues plus proches que jamais, même si parfois ça pouvait être électrique entre elles. Ni l’une ni l’autre n’ont compris ce départ. Pire, ni l’une ni l’autre ne l’ont pardonné.

La relation d’Adam avec sa mère était extrêmement tendue. Il avait besoin d’air. Grandir auprès de filles et femmes peut s’avérer extrêmement difficile pour un jeune homme. Nina a très mal vécu ce départ soudain et l’absence de son frère. Un second abandon pour elle, après celui de leur père.

Bien que nous soyons toujours restés proches Nina, Adam et moi, en contact régulier malgré la distance, nos relations ont changé. Il y a toujours cette tension entre eux. Nina adore son frère, mais lui en veut toujours beaucoup de ce départ et ne rate jamais une occasion de le lui faire payer en prenant un malin plaisir à le défier.

Contrairement à elle, j’ai compris son départ, même si je ne l’ai pas mieux vécu pour autant. Il avait besoin de prendre le large, de la distance et de se trouver. Bien qu’il n’ait jamais vraiment réussi à l’expliquer, il avait besoin de devenir un homme loin de nous. Il a toujours été plus facile pour Adam de se murer dans le silence que d’exprimer ses sentiments. Il n’est pas très loquace, ni expansif. C’est sa manière d’être. Une façon aussi de se protéger. Ça l’a toujours été. Pourtant, je n’ai jamais eu besoin de mots pour connaître son état d’esprit ou ses émotions. J’ai toujours eu le sentiment de lire en lui comme dans un livre ouvert. Quand il est heureux, ses yeux émeraudes sourient pour lui. Lorsqu’il est inquiet ou contrarié, il a une toute petite ride au coin des yeux. Et quand il est en colère, il a cet air renfrogné qui m’a toujours fait rire au lieu de m’apeurer. Il me manque. Beaucoup.

Bien qu’on s’appelle régulièrement, notre relation est disons... Complexe. Particulière. Particulièrement complexe. Voilà, c’est ça, particulièrement complexe. Les non-dits ne nous réussissent pas. Ils nous ont éloignés. Mais, je n’ai pas vraiment le choix. Si Adam savait, il se serait empressé de se mettre en chasse pour le retrouver. Et face à lui, il n’a aucune chance. Alors finalement, notre relation est un bien maigre tribut à payer pour qu’il soit en sécurité. Certes, ça le blesse. Je le sais. Je le sens. Il ne comprend pas pour quelles raisons je refuse systématiquement de lui rendre visite, ou encore pourquoi je n’évoque que très peu ma vie sentimentale. Ceci dit, concernant ce dernier point, je n’ai jamais été très prolixe. Encore moins avec Adam. Évoquer mes déboires sentimentaux avec la coqueluche des filles, très peu pour moi. Bref, me tenir à distance est la seule manière de le protéger. Je n’ai pas le choix. Je tiens bon, malgré le manque et l’envie d’être présente pour lui. Ces derniers mois ont été encore plus éprouvants avec le décès de Nicole et j’ai conscience qu’il avait plus que jamais besoin de nous.

Même s’il n’en montre rien, ne dit rien, la perte de sa mère l’a profondément affecté. D’autant que rien n’était vraiment réglé entre eux. Je sais qu’il est assailli par la colère, les regrets et la culpabilité. Nous avoir près de lui atténuerait sa douleur. Et la nôtre. Mais c’est impossible. Du moins pour moi. Je préfère le savoir en sécurité dans son club, que de le mettre en danger pour quelques jours d’un bonheur retrouvé.

Il n’ignore pas qu’il existe, mais il ignore où le trouver. Et Adam, enfin Hunter comme il se fait appeler, ne peut pas être mieux protéger qu’au beau milieu d’une bande de bikers armés jusqu’aux dents. Enfin, c’est ce que je croyais…

— Alors Poulette? Cette journée de congé? Putain, j’espère que t'en as profité, parce qu’une journée de congés tous les deux ans, faut qu’elle soit démentielle !

Nina éclate de rire devant ma mine contrariée.

— Pas aussi productive que je l’espérais. Je bloque. Je n’arrive pas à écrire et.... Rhhhhaaaaaaaaa, ça me frustre, tu ne peux pas savoir !!!! réponds-je à une Nina morte de rire.

— Tu peux être frustrée crois-moi ! Mais pas pour un foutu bouquin ! Sans déconner, Bri, depuis quand tu t’es pas envoyée en l’air ?

— Ninaaa ! gloussé-je.

— Arrête, c’est vrai quoi ! Tu fais que bosser ! Si c’est pas au cabinet, c’est sur tes bouquins de cul. Ceci dit, peut-être que ça te détend d’imaginer ce qu’un mec pourrait te faire !

— Ninaaa ! m’offusqué-je. Tu sais très bien pourquoi je...

C’est à cet instant précis, que mon téléphone se met à vibrer.

— Tu ne paies rien pour attendre, Barbie ! lui lancé-je avant de décrocher sur un ton des plus professionnels. Allô, Maître Callaghan, que puis-je pour vous?

— Euh… Bri?

Bizarre. Je ne connais pas cette voix, ni le numéro d’ailleurs. Mon corps se tend et, à nouveau, l’appréhension et l’anxiété me gagnent. Pourtant, cette voix rauque, chaude et sensuelle pourrait faire fantasmer bon nombre de femmes.

Purée Bri ! Concentre-toi ! me sermonné-je.

— Oui. Qu’est-ce…

— J’ai essayé de joindre Stormy... Euh Nina, mais elle ne répond pas.

Je jette un œil à Nina, qui, intriguée par ma tête dubitative, se rapproche instinctivement et écoute ce curieux échange.

— Elle est avec moi. Mais, je peux savoir qui vous êtes?

— Anchor. Je…

Il n’a pas le temps de terminer sa phrase que Nina m’arrache le téléphone des mains et sautille de joie sur place. Je suppose, à la réaction disproportionnée de ma lionne, que c’est un des frères bikers d’Adam. Hunter. Hun-ter. Faut que ça rentre.

— Anchor, putain, ça va? J’suis trop contente de… Quoi ?!

— …

— Merde, mais qu’est-ce qui…

— ...

La surprise se lit sur son visage, immédiatement remplacée par l’inquiétude et la contrariété. Elle me fait signe d’approcher et enclenche le haut-parleur.

— Ok, c’est bon. Elle est là et elle t’entend.

— Ok. Vous m’écoutez avant de brailler.

— Oh putain, vas-y accouche ! Qu’est-ce qui se passe? Il est blessé? Il est...

— En taule. Pour un quadruple meurtre. Les avocats du club sont sur le coup, mais...

Je n’entends pas la suite. Mes jambes me lâchent et je m’écroule au sol. Sonnée. Mon coeur vient de s’arrêter de battre et mes poumons de fonctionner.

Noooooon. C’est pas possible !!! C’est pas vrai !! Pas lui !!!

J’entends vaguement la voix de Nina au loin, pendant que mon cerveau surchauffe et analyse toutes les possibilités. Il n’a pas fait ça. Il ne peut pas avoir fait ça. Impossible. Si ce n’est pas lui alors…

Si. Bien sûr que si. Ça ne peut être que lui. Le mail d’aujourd’hui n’était pas un hasard. Rien de ce qu’il fait ne l’est. Me pourrir la vie ne lui suffit pas. Il fallait qu’il s’en prenne à ceux que j’aime. La haine et la colère me gagnent. Elles inondent mon corps, se déversent dans mon sang et m’aident à me relever. Nina est près de moi, accroupie, désemparée, perdue, le téléphone à l’oreille, lorsque je m’en saisis.

— Anchor, c’est ça? demandé-je d’une voix professionnelle en remettant mon masque.

— Ouais.

—Très bien. Voilà comment nous allons procéder. Je vais m’occuper de la défense d’Ad… d’Hunter. Dites à mon confrère de m’envoyer le dossier complet par mail le plus tôt possible. Je viens de vous envoyer mon adresse, dis-je en m’exécutant. Nina et moi allons régler quelques détails ici et prendrons le premier vol. Je vous communiquerai l’heure d’arrivée à ce même numéro. Pouvez-vous voir pour un hébergement ? Nous n’aurons pas le temps de nous en occuper.

— Faut que j’en parle au Près’. C’est lui qui…

— Peu importe pour l’hébergement. Nous irons à l’hôtel. Ce n'est pas un problème.

— Non. L’hébergement, ok. Je parle de la défense d’Hunter.

— Je vais être claire. Vous pouvez en parler à qui bon vous semble, vous n’avez pas le choix. Je représenterai Hunter que ça vous plaise ou non.

Et je raccroche sans plus de cérémonie, sous le regard ahuri de Nina et me laisse tomber dans le canapé.

— Putain. Tu viens bien de faire ce que je crois que tu viens de faire ?

— J’ai reçu un mail aujourd’hui. Il disait qu’il avait trouvé un moyen efficace de me convaincre de le rejoindre. J’ai d’abord cru qu’il s’en était pris à toi. Je pensais Adam hors d’atteinte. J’avais tort.

— Merde.

— Ouais comme tu dis. Je savais que ça arriverait et j’ai continué à le défier en ne répondant pas. J’ai joué avec le feu et c’est Adam qui le paye.

— Bri, arrête ! Tu sais que ce mec est complètement barge ! Que t’es répondu ou non, ça n’aurait rien changé !

— Peut-être. Mais tout ça a assez duré. Il n’arrêtera jamais. Mais je ne me planquerai plus. C’est terminé. Je ne le laisserai plus vous atteindre. Je vais sortir Adam de là et je vais régler ce problème pour de bon.

— Bri, tu es en colère. Et…

— Oui, je suis en colère, hurlé-je en arpentant le salon. Je crois que j’ai le droit de l’être. Tout ça est de ma faute. Il a fait de ma vie un enfer. Il a tout bousillé. Il m’a bousillée. Il m’a tout pris. Et aujourd’hui, il recommence en se servant de vous pour m’atteindre. Qui ne serait pas en colère, hein ? Dis-moi, qui ne le serait pas? C’est un putain de jeu pour lui !!! Et je suis la récompense. Il est malade ! Un putain de grand malade !!! Mais un malade aussi intelligent et brillant que vicieux et cruel.

— Ouais. Mais, je connais ce regard. Qu’est-ce que tu comptes faire?

— Aucune idée pour l’instant. Mais, je te jure que je trouverai. Pour l’heure, on organise le déménagement.

— Quoi?

— Nina, sortir Adam de là va demander du temps. Sûrement plusieurs semaines. Peut-être des mois. Tu veux rester ici et te taper des allers-retours ? Moi, non. Et puis, depuis le temps qu’il veut qu’on s’installe à Oakland. Et toi, tu en meures d’envie. Je sais que tu restes à cause de moi. Alors vu la situation, un déménagement définitif me semble indiqué. Non ?

— Oh putain ! Oh putain ! Oh putain ! répète-t-elle en sautant partout pendant quelques secondes. Attends, reprend-elle sérieusement. T’es sérieuse ? T’es vraiment prête à tout lâcher ? À partir à l’autre bout du monde ?

— N’exagère pas. C’est pas si loin.

— Tout ça pour mon frère ?

J’hoche simplement la tête. Oui, pour elle, pour Adam, je serai prête à tout.

—T’es vraiment prête à lui coller la plus belle raclée de sa vie à cet enfoiré ? À lui faire ravaler ses couilles à cet enfoiré ?

J’acquiesce avec un petit sourire et mon air déterminé. Oui, je crois qu’il n’y a plus le choix. Même si je dois bien l’avouer, je suis terrorisée. Mais, il est hors de question d’abandonner Adam. Hunter. Bref, hors de question de le laisser gagner cette fois. Il m’a déjà trop pris.

— Oh putain ! Oh putain ! Oh putain ! hurle-t-elle en sautillant. On déménage ! On déménage ! À nous la vie californienne !

Elle exécute une espèce de danse de la joie qui me fait rire. Une sur deux qui se réjouit, c’est déjà pas si mal !

— Ok, souffle-t-elle pour essayer de retrouver un semblant de sérénité. Ok. Faut que je me calme. Par quoi on commence ?

Annotations

Vous aimez lire Riley Sullivan ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0