Chapitre 19 - Anchor

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Putain! Cette gonzesse me rend complètement dingue. Elle s’est incrustée en moi, sans aucun espoir de libération. Et avec plus de facilité qu’un ennemi voulant me prendre en embuscade. Elle est trop bien pour moi. Trop bien pour mon putain de monde. J’espérais que mon comportement de connard la ferait fuir. J'espérais lui foutre la trouille et qu’elle fasse demi-tour. Que son instinct de survie soit suffisant pour lui crier de se barrer. Même si mon connard de palpitant se serait fracassé dans ma poitrine.

Parce que tout chez elle, absolument tout, me plaît et m’ébranle. Elle met mon coeur à genoux. Et j’aime pas ça. Putain. Pas du tout.

Cette nana réveille en moi bien trop de sentiments et de sensations enfouies depuis des années, que je croyais même ne plus jamais ressentir. Alors, les reprendre dans la gueule avec la violence d’une bonne droite a été assez déroutant et m’a pris au dépourvu. Mais, j’ai surtout compris que c’est elle et pas une autre.

Si jusque là, je n’en étais pas certain, maintenant c’est très clair bien que ça me foute autant la trouille, que ça me réjouisse. Deux putains de sentiments contradictoires qui se battent avec rage en moi. Même si jamais je ne l’avouerai, à cet instant précis, la peur prédomine. C’est la première fois que j’ai peur que la situation m’échappe et d’amèrement le regretter.

Je viens de lui cracher mes tripes au visage. Elle est devant moi, stoïque. Je ne me suis jamais senti aussi vulnérable de toute ma chienne de vie. Distraitement, je frotte ma poitrine, histoire de calmer la violence des griffes invisibles qui la déchirent. D’ici quelques secondes, la sentence va tomber. Quelque chose me dit que même en luttant contre mes émotions, je m’éclaterai les genoux à terre devant elle. Elle me rend fou. Aucune gonzesse ne m’a jamais autant impacté. Putain, je suis dans la merde!

Avant que j’ai le temps de réagir, elle se retourne et me saute dessus. Ses lèvres s’abattent sur les miennes, douces, avides et possessives. Sa langue se creuse un passage entre mes lèvres et prend possession de ma bouche. Elle a pris le contrôle et moi qui aime pourtant dominer, je le lui cède. L’idée qu’elle n’ait jamais vraiment pu se lâcher avec un mec jusque là et qu’elle se sente suffisamment sûre d’elle et en confiance avec moi pour céder à ses envies, m’excite encore plus. Putain, elle est bandante. Mais hors de question de me laisser faire. Je réponds avec la même hargne. La même possessivité. Putain! Je suis foutu.

Une lutte passionnée s’engage. Je grogne de satisfaction et de plaisir devant son appétit féroce. Ses bras s’enroulent autour de mon cou. Les miens enserrent sa taille fine et la plaque contre moi. Mon p’tit chat cache bien son jeu. Un vrai p’tit chat sauvage. Cette pensée m’arrache un sourire. Putain. Elle est là. Dans mes bras. Son parfum d’agrumes envahit mes narines. Son goût sucré caresse mes papilles. Bordel! Y’a rien de meilleur!

J’ai bien du mal à réaliser ce qui est en train de se passer. Cette nana sublime, aux courbes ravageuses, fragile et forte à la fois, et au caractère bien trempé, m’accepte. Putain. Elle m’accepte tout entier. Moi, cet enfoiré solitaire, froid et insensible. Qui se fout des autres ou de ce qu’ils pensent. Qui n’en a rien à carrer des codes sociaux ou de ce qu'on attend de lui. Qui fait ce qu’il veut. Ce type, mal à l’aise au milieu de la foule. Toujours sur le qui-vive. Prêt à faire face et réagir au moindre danger. En proie à des démons qu’elle ne soupçonne même pas. Aux mains tachées de sang. Qui enchaînait les gonzesses plus vite que les verres de whisky. Et qui serait prêt à buter n'importe quel mec qui se dresserait contre son club et sa famille. Ou qui s'en prendrait à elle.

Elle éveille mes pires instincts, protecteurs et primaires. J'ai eu furieusement envie de la protéger au moment où mon regard a rencontré le bleu cobalt du sien, de veiller férocement sur elle. Je veux que personne ne l'approche ni ne la touche. J’arracherai la gorge du premier qui osera poser la main sur elle. Je tuerai quiconque la fera souffrir ou essayera. Mon p’tit chat. Ma sirène. Ma femme. Ces mots me percutent, et curieusement ne me font pas flipper. Bien au contraire, ils rassurent le connard possessif en moi.

J’ai flippé de la puissance des sentiments qui m’ont explosé à la gueule, de l’emprise qu’elle a déjà sur moi, me ramenant à des souvenirs douloureux. Mais, elle est différente. Et surtout quoi que je fasse, elle ne quitte pas mes pensées. Alors, j’ai fini par accepter l’évidence. Je ne peux pas tout maîtriser, encore moins le foutu chant d'une irrésistible sirène.

Mon palpitant cogne à en exploser ma cage thoracique. Une tempête d’émotions se fracasse contre mon crâne. Je redouble d’ardeur, mets tous les sentiments qui me transpercent dans ce baiser. Je la veux. Elle, et personne d’autre. Pas juste une fois. Pas juste une nuit. Je l’ai su dès que je l’ai vue, dès que nos regards se sont croisés, elle a ensorcelé ma queue, emprisonné mon âme et dompté mon organe vital. Putain de merde!

Tout en continuant de lui ravager la bouche, je descends mes mains sur son cul. Ce p’tit cul rond et ferme à se damner, qui me hante depuis des jours. Putain. Il est à moi. Je l’empoigne et la soulève. Instinctivement, elle enroule ses jambes fuselées autour de mes hanches, plaquant sa chatte contre ma queue, ce qui me fait grogner de plaisir et grossir encore. Bordel! Si je m’écoutais, je me dessaperai là, pour la prendre avec force et la voir jouir sous mes coups de butoir. Mais, c’est mon p’tit chat et je sais que j’ai pas intérêt à merder. D’autant qu’elle paraît surprise par la taille de mon membre, ce qui me fait sourire contre ses lèvres.

— Putain, tu sens comme j’ai envie de toi mon p’tit chat? lui susurré-je à l’oreille.

Elle hoche la tête, un peu intimidée, tout en me regardant. Putain. Ses yeux. Je n’en ai jamais vu d’aussi beaux. Deux saphirs. Un bleu profond. Envoûtant. Son regard me chavire et me colle des foutus frissons, qui se répercutent directement sur ma queue. Je bande tellement, que ça en est presque douloureux.

Je m’assois sur le banc, mon p’tit chat toujours accroché à moi. Nos torses plaqués l’un contre l’autre. Elle ne porte pas de soutif. Ses tétons durcis me défient ouvertement à travers le tissu fin de son haut. Mes mains caressent son magnifique cul, puis descendent le long de ses cuisses et remontent vers l’intérieur, la faisant frissonner. Nos bassins soudés, mon érection appuie délicieusement contre sa chatte. J’en peux plus.

— C’est toi, qui me fais ce putain d’effet. Tu me rends fou Bri, lui dis-je, alors que je presse un peu plus mon bassin contre le sien et qu’un gémissement à me rendre dingue, lui échappe.

Bordel! Elle est belle à en crever! Le regard empli d’un désir qu’elle peine à contenir. Les joues rosies sous l’afflux du plaisir. Je veux la voir perdre pied. S’abandonner dans mes bras. Je fonds sur sa bouche comme un affamé. Putain. Je ne pourrais plus jamais m’en passer. J’ai besoin d’elle. Cette gonzesse aura ma peau.

Elle répond à mon baiser se soudant encore un peu plus à moi. Je l’attrape possessivement par la nuque. Je veux plus. Tellement plus. Je veux qu’elle se laisse aller. Qu’elle cède. Qu’elle s’abandonne à moi. Je veux la voir jouir, ici et maintenant.

Mais hors de question de la baiser ici. Elle mérite tellement mieux que ça. Faut que je me calme. Putain. C’est le moment que choisit ma sirène, pour onduler sur ma queue. Je ne peux réprimer un grognement sourd de plaisir. Bordel de merde! Elle ne va pas me faciliter la tâche. Plus ses ondulations s’intensifient, plus je bande, et plus ma volonté fout le camp, putain. C’est trop bon.

Je délaisse ses cuisses, puis son cul, pour remonter lentement ma main sur son flanc, jusqu'à son sein parfaitement calibré. Elle gémit sous ma caresse. Et j’adore ça. La sentir aussi réceptive. Ma décision est prise. Je vais lui donner ce qu’elle veut.

Je saisis la fine bretelle de son haut et la descends. Je mets fin à notre baiser et continue lentement à embrasser et mordiller sa mâchoire, pendant que je fais glisser l’autre bretelle. Je continue ma descente dans son cou, embrassant chaque centimètre de sa peau douce. Elle frissonne sous l’assaut de mes lèvres. J’adore l’effet que je lui fais. Je la mordille par endroit pour l’entendre encore gémir de plaisir. Putain. Elle m’excite tellement.

Quand j’arrive à la naissance de ses seins, je tire d’un coup sec sur son haut, qui laisse s’échapper sa poitrine nue. Je me recule pour l’admirer. Putain de merde. Cette nana c’est la tentation faite femme. Elle a une putain de belle poitrine. Des seins bien ronds, fermes et conçus pour mes mains. Magnifique. Ses tétons déjà durcis pointent dans ma direction. Bordel! Un véritable appel au crime.

Je plonge sur l’un d’eux, le prends dans ma bouche et l’agace avec ma langue, tout en me délectant des gémissements de plaisir de mon p’tit chat. Je fais rouler le second entre mon pouce et mon index. Elle se frotte plus fort contre ma queue. Putain, c’est tellement bon! Elle est hyper réceptive. Bordel! J’ai jamais été autant excité!

Je suis certain de pouvoir la faire jouir comme ça. Contre ma queue. En m’occupant de ses seins. Je veux la voir perdre le contrôle, perdre pied, complètement submergée par l’orgasme.

Je mets quelques coups de bassin, qui font redoubler les gémissements de ma belle. Elle ondule plus vite. Plus fort. Oh putain. Je la regarde, abandonnée au plaisir que je lui procure. Cambrée, la tête en arrière, haletante, au bord du gouffre, les jambes tremblantes, mon blouson sur le dos, les seins nus. Oh putain! Cette nana va me tuer. Elle est tellement sexy et excitante. Bordel. J’attrape sa crinière brune et fonds sur sa bouche. Elle me répond avec la même bestialité et gémit dans ma bouche, alors que je continue de titiller ses tétons. Elle en profite pour glisser ses mains sous mon tee-shirt, jusqu’à mon dos qu’elle griffe, ce qui me fait grogner de plaisir.

Mon p’tit chat cache bien son jeu. Une vraie tigresse. J’adore, putain. Mais, à ce rythme là, c’est moi, qui ne vais pas tenir longtemps. Et jouir dans mon futal, comme un foutu puceau devant sa première chatte ou paire de nibards, hors de question. Putain. Je veux la voir prendre son pied. Voir les traits de son visage se détendre, tout comme son corps, sous la vague intense de plaisir. Je veux pouvoir lire dans son regard toutes les émotions qui vont la traverser.

Je glisse une main sur ses reins pour la souder encore plus à moi, que son clito frotte entièrement contre ma queue. Je reprends un de ses tétons en bouche, le mordille un peu plus durement et pince le second. Lorsque je sens ses ongles s’enfoncer dans la chair de mon dos, ses ondulations et le tremblement de ses jambes redoubler, je pince un peu plus fort ses tétons et mets un puissant coup de bassin. Nos regards s’accrochent quand l’orgasme la terrasse.

— Oh putain, crie-t-elle, foudroyée par une vague intense de plaisir, les membres tremblant et le regard brillant.

— Ouais, soufflé-je, en l’accueillant dans mes bras pour nicher ma tête dans son cou et la respirer comme un accro.

Putain, elle est tellement belle. Elle sent tellement bon. Je suis grave dans la merde. On dirait un foutu camé avec sa dope. Faut se rendre à l’évidence, je suis mordu. Merde. J’ai jamais fait prendre son pied à une nana comme ça. Mon plaisir passait toujours avant le leur. Je les baisais. Si elles prenaient leur pied tant mieux, sinon rien à foutre. Un vrai connard.

Jusqu’à ce qu’une sirène aux yeux saphirs débarque dans ma foutue vie, pour y foutre le bordel. Me tienne tête et me défie. Se dresse devant ma carcasse pour me dire mes quatre vérités avec la douceur d’un char d’assaut. Et je crois que j’aime ça. Son foutu caractère. Un sourire étire mes lèvres à cette pensée.

Sa tête lovée dans mon cou, tout comme moi dans le sien, je l’embrasse tendrement, la laissant retrouver peu à peu son calme. Son coeur bat à tout rompre contre le mien. Le souffle toujours court. Les jambes tremblantes. Ses bras enserrent mon torse, comme si elle redoutait que je l’abandonne. Putain. Aucun risque. Faudrait me descendre pour ça. Les mains plaquées dans mon dos, elle me caresse doucement. Je frissonne sous ses doigts et au sourire qui s’étire contre ma peau, elle se délecte de l’effet qu’elle me fait.

J’apprécie ce moment de paix. De… de bonheur. Ouais, de bonheur. Elle, tout contre moi. Ses caresses qui agissent comme un foutu baume sur mon âme. Je suis un putain de chanceux. Je ne sais toujours pas comment c’est possible, mais cette p’tite bombe est à moi. Elle est tellement différente de Tracy.

Depuis cette garce, je n’ai eu aucune relation sérieuse. Que de la baise. La réalité me percute avec la violence d’un coup dans les burnes. Putain de merde. Personne. Personne depuis cette salope. Personne depuis près de dix ans. Et j’étais, déjà à l’époque, pas doué en relation. Y’a qu’à voir comment ça s’est terminé. Putain. Et si j’étais pas à la hauteur de mon p’tit chat? Merde. J’y connais que dalle en sentiment ou toutes ces conneries.

— Qu’est-ce qui se passe? me demande ma belle, inquiète, qui a sûrement senti mes muscles se tendre.

Ok mec. Deux options. Tu mens et dis que tout roule, ce qui ne va sûrement pas passer et encore moins la rassurer. Les gonzesses ont un détecteur à bobards. Et la mienne, plus particulièrement, d’après ce que j’ai pu constater. Soit tu portes tes couilles.

— Je te veux, Bri. Plus que tout. Je suis heureux que tu sois là, lui susurré-je, dans mes bras. Putain, t’imagines même pas à quel point, mon p’tit chat, lui affirmé-je, son regard toujours arrimé au mien.

Il dérive rapidement vers ses lèvres pulpeuses que je rêve d’embrasser à nouveau. Puis, vers sa poitrine toujours nue. S’en apercevant, elle croise ses bras pour la cacher, ce qui me fait froncer les sourcils. Je les attrape doucement pour les enlever.

— Putain, non. Ne te cache pas. T'es tellement belle, dis-je mon regard, à nouveau planté dans le sien, pendant qu’elle rougit, gênée, mais accepte quand même de me laisser faire à contre cœur.

Je replace ses bras autour de mon torse, l’embrasse sur le nez, sur ses lèvres tentatrices, puis me dirige vers son cou, où je dépose une pluie de baisers, alors qu’elle soupire d’aise et se détend. Je caresse sa poitrine, tout en continuant d’embrasser sa peau douce et parfaite en remettant son haut en place. Je veux qu’elle puisse me faire entièrement confiance. Qu’elle soit elle-même avec moi, sans masque et sans armure. Juste elle et moi.

— Parle-moi, lui chuchoté-je.

— Si tu le fais aussi, me répond-elle en se lovant dans mes bras.

Elle a eu les tripes de déballer son histoire devant mes frangins, alors qu’elle ne nous connaissait pas. Et j’aurais moins de couilles? Putain. Non. Même si causer, c'est pas mon truc. Je le dois pour elle. Je veux qu’elle me fasse confiance. Qu’elle se confie à moi. Pas le choix. Je souffle un bon coup et me lance.

— J’suis pas doué pour ce genre de truc, soufflé-je inquiet, les relations, les sentiments, toutes ces conneries. J’ai… Je sais pas faire mon p’tit chat.

Après le drame de mon enfance, j’ai mis des années à me reconstruire seul. Bien sûr, j’avais mes frères, Caleb et Connor. Mais, ils étaient plus jeunes et avaient besoin de moi. Quand notre mère est morte, j’avais dix ans, Caleb, neuf et Connor, sept.

J’étais l’aîné, alors j’ai dû m’occuper d’eux, veiller sur eux, les rassurer. Que pouvais-je faire d’autre? Nous venions de perdre notre mère. Putain. La personne la plus importante de notre vie. Le centre de notre monde. La douleur et la peine étaient immenses. Tout venait de foutre le camp. Je devais être là pour eux.

Notre connard de père nous interdisait de la pleurer. De dire qu’elle nous manquait. Ou de faire la moindre allusion à elle. Sinon, nous étions sévèrement punis. Il ne nous a jamais touchés, mais ça aurait peut-être été préférable à la privation de repas, aux douches froides et aux nuits à dormir seul dehors. J’endurais les punitions de mes frangins. Ils étaient bien trop jeunes pour toute cette merde. Et putain, la perte et l’absence de notre mère était déjà bien suffisante à supporter.

Nous ne devions pas nous montrer tristes ou atteints par sa mort. Il exigeait que nous soyons des hommes. Que nous soyons forts. Aucune larme. Aucune effusion. Aucun sentiment. On était que des gamins en mal d’amour. Il était implacable. Dur. Froid. Insensible. Un putain d'enfoiré.

— Je foirerai sûrement. Et ça me fout sacrément les boules, lâché-je.

Nous n’étions rien pour lui, qu’une épine dans le pied. Et, il en avait trois dont il ne savait que faire. Connard. Il n’était jamais là. Mais, ça ne changeait rien. Les gens qu’il engageait étaient tout aussi cons que lui et avaient des consignes strictes. Nous avons grandi entre différentes gouvernantes. Elles ne restaient jamais longtemps. Fallait pas qu’on s’attache. Principe d’éducation Edwards : aucun sentiment, ce n’est que faiblesse.

Je l’ai haïs. Lorsque j’entendais mes frangins pleuraient dans leur pieux. Putain. Ils finissaient toujours par venir dormir avec moi. Enfin, quand j’étais pas puni. Je leur fredonnais la berceuse que notre mère nous chantait et ils réussissaient à s’endormir.

Quand je ne m’occupais pas d’eux, je me réfugiais dans les ordis. J’étais pas doué pour les interactions sociales. Je ne supportais personne. La solitude me convenait mieux. L’informatique était ma seule bouffée d’air, avec mes frangins, dans cette foutue baraque. Dans cette putain de vie de merde. Derrière mon écran, je pouvais être n’importe qui. Ça m’a empêché de sombrer. Tout comme la perspective de venger ma mère.

— La tendresse. La douceur. J’connais pas, murmuré-je plus pour moi que pour elle.

À ces mots, ma sirène resserre son étreinte et poursuit délicatement ses caresses. Je m'en rends compte maintenant, Tracy ne m'a jamais caressé comme ça. Il n'y avait pas de moments de tendresse entre nous. Nous ne partagions que de bons moments au plumard. Mais c'était de la baise. Pas de l’amour.

Quand j’ai rencontré Tracy, j’avais vingt piges. Elle était magnifique, intelligente et pleine d’humour. Je suis tombé amoureux en une fraction de seconde. Je l’aimais à en crever. La vie était un peu moins sombre. Un peu moins triste quand elle était là. On est resté près d’un an ensemble avant que je ne comprenne...

— J’ai aimé une femme, il y a longtemps, craché-je amer, alors que mon p’tit chat poursuit ses caresses.

Elles me font un bien fou. J’en frissonne de plaisir. Alors que parler de cette salope, m’arrache la gueule. C’est la première fois que je parle d’elle depuis des années. Et que ce soit à mon p’tit chat, ne m’aide pas. Mais, elle a le droit de savoir.

Je les ai surpris. Elle et mon connard de père. Au pieu. En train de s’envoyer en l’air. Ça m’a arraché le coeur, putain. Les images défilent de nouveau devant mes yeux et me collent la gerbe. Il jubilait cet enfoiré. Une leçon de plus sur la faiblesse des sentiments. J’ai failli le tuer et il rigolait, disant que je n’étais qu’un faible. Comme ma mère. Enfoiré de salopard.

Ma mère, notre mère, la douceur incarnée, qu’il a fait abattre comme un clébard en pleine rue. Après son meurtre, j’ai très vite soupçonné notre paternel. Mais j’étais trop jeune. J’ai observé ces bâtards de flics bâcler l’enquête. Putain. J’étais enragé. Je voulais savoir. J’avais besoin de savoir. Alors quand j’ai été en âge de le faire et acquis les compétences, j’ai hacké les serveurs de la police, copié tous les rapports et documents relatifs à sa mort. Et fait leur putain de boulot.

J’ai pas mis longtemps pour trouver des versements inhabituels des comptes off-shore de mon connard de père, qui m’ont mené tout droit au bâtard qui a flingué ma mère. C’était un contrat. Il a mis un putain de contrat sur la tête de sa femme, la mère de ses gosses.

Pourquoi? J’ai découvert qu’elle avait demandé le divorce pour faute. Il la trompait. Depuis un bail. Elle l’a découvert, allait obtenir le divorce sans difficulté, preuve à l’appui. Et avec le contrat de mariage, ça lui aurait coûté sa précieuse place de PDG. L’entreprise. Le pognon. Le pouvoir. Et sa putain de réputation.

Edwards Enterprise. La plus grosse firme pharmaceutique du pays appartenait à ma mère. Elle en avait hérité à la mort de mon grand-père. Elle était actionnaire majoritaire. Si elle avait divorcé, notre connard de géniteur aurait perdu la direction de l’entreprise, bien qu’il aurait eu droit à un joli pactole. Mais ça n’était pas suffisant pour cet enfoiré. Ce qui l’intéresse, c’est le pouvoir. Faire abattre notre mère en pleine rue, à New York, semblait être une bien meilleure option pour ce fils de pute. Mais la tuer ne lui suffisait pas. Très vite, ça a été le défilé de petites putes en tout genre.

— Je pensais qu'elle aussi, expliqué-je. Mais, je me suis planté. Et je l'ai payé cash.

Je suis dévoré par la rage depuis des années. Je voulais qu’il paie. Je voulais le balancer à la presse. Preuves à l’appui. Je voulais que le scandale lui éclate à la gueule. Mais mon paternel est puissant. Riche. Influent. Il a les moyens de s’en sortir. Et c’est ce qu’il a fait, avant que j’ai eu le temps de faire quoi que ce soit. Le mec a été arrêté et retrouvé pendu dans sa cellule. Tués par des putains d’enculés de flics. Les mêmes qui étaient chargés de l’enquête sur le meurtre de ma mère.

Deux jours plus tard, je le retrouvais au plumard avec Tracy. Il a fini par l'épouser cet enfoiré. C’est sa femme. Ouais, cette garce est ma belle-mère.

— Je l’ai retrouvé au pieu avec mon connard de paternel.

Les caresses cessent direct. Et oui mon p’tit chat, il y a des enfoirés partout. Qu’ils soient tes propres créateurs ne changent pas la donne. C’est même pire. Des lames invisibles me lacèrent le bide. Je serre et desserre les poings dans le dos de ma sirène pour contenir ma colère.

J’ai eu une discussion avec Caleb et Connor. Je leur ai dit tout ce que j’avais découvert. Mes frangins en sont restés sur le cul. Puis, ils ont fini par laisser exploser leur colère face à tout ça. On s’est promis d’avoir sa peau à cet enculé. Et de la pire des manières. En s'attaquant à sa précieuse entreprise.

Mais pour ça, je devais foutre le camp, sinon je l’aurais tué. Mes frangins ont compris et m’ont soutenu. Je devais partir, prendre de la distance. C’était une question de survie. Le coeur arraché et la rage au ventre, je me suis cassé. J’ai pris ma bécane et me suis tiré.

— Depuis elle, plus rien. De sérieux. Juste de la baise. Beaucoup de baise, grimacé-je, alors que son regard bleu me transperce.

Je n’y lis aucune pitié. Ni colère. Encore une fois, elle me prend au dépourvu. Son regard n’est que douceur et tristesse. Elle pose ses mains sur mes joues et ses lèvres sur les miennes. C’est doux. Sa tendresse agit sur moi comme un foutu pansement. Elle atténue les plaies de mon palpitant et nourrit mon âme. Putain. C’est le paradis. J’ai jamais ressenti ça. Elle est comme un ange envoyé sauver un Fils de l’Enfer.

Elle se love de nouveau contre moi. Je resserre mon étreinte autour d’elle. L’avoir là, au creux de mes bras, m'apaise et me donne de la force. Parler, c’est pas mon truc. Mais, je me sens étrangement serein. Ses mains caressent toujours mon dos et je savoure pleinement cette sensation. Putain. C’est doux. Tendre. Une étrange sensation naît dans ma poitrine et se répand dans mon corps, qui se détend sous ses doigts. Un grognement appréciateur franchit mes lèvres, alors que je cale mon visage dans son cou, la faisant frissonner. J’aime lui faire cet effet. Je ne me suis jamais senti aussi bien de toute ma putain de vie. Aussi à ma place. Un truc explose dans ma poitrine. Dans mon crâne, les barrières sautent. Les vannes s’ouvrent. Et je déballe tout. La mort de ma mère. Mes frangins. Mon enfance. Les principes de mon paternel. Les punitions. Putain. Une vraie gonzesse. Mon p’tit chat se blottit dans mes bras. M’écoute. Me serre contre elle. Me caresse. M’embrasse. Elle rassure le gamin perdu que j’étais. L’apprivoise avec douceur et tendresse. Bordel. Elle est tellement parfaite.

—Y'a que toi, qui m’ais caressé comme ça. Je ne l’aurais toléré de personne d’autre. Mais, putain que c'est bon. Je ne renoncerai pas mon p'tit chat. Je ne te laisserai pas m'échapper. Tu es à moi

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