Body in da trunk

2 minutes de lecture

==========================================

BO proposé : Tejon Street Corner Thieves - Whiskey

==========================================

Body in da trunk

Moi, c’est Leeroy et ce soir, j’ai bêtisé. Je sors de la station les mains encore humides. Je les frotte sur ma chemise, mais elle est vraiment dégueulasse. Je lèche le bout de mes doigts pour recoller une mèche de cheveux derrière mon oreille. Je remets en place ma casquette « Baby Bill’s Grill ». Merde, j’ai encore les mains mouillées. Tant pis.
Je rejoins mon vieux Blazer qui m’attend garé sous le seul lampadaire du parking. Il ne marche plus. Le lampadaire, pas mon Blazer. J’ouvre le hayon et pose mes mains sur mes hanches maigres. J’ai déconné, encore. Je le regarde, il est là, à moitié roulé dans une bâche kaki et terreuse en position fœtale. Raaah, il est tellement gras. Je me demande bien ce qu’il me dirait s’il n’avait pas la gorge tranchée. Fuck it, c’est fait maintenant.

Bordel…
Je vais me faire engueuler…
C’est pas la première fois que je fais ce genre de conneries, en plus. Et à chaque fois j’ai droit au même reproche. Fait chier ! Pourquoi elle ne s’en occupe pas, aussi, hein ? Je frappe rageusement dans le pare-chocs de mon 4x4… Du coup, ma chaussure est sale et j’ai mal à deux orteils… Bon, inutile d’attendre. Je l’appelle maintenant, moins chiante au téléphone.
Je lance la numérotation. Beth… la connexion se fait. Elle va m’engueuler, sûr… Ça sonne. Ce qui est drôle avec Beth, c’est que je sais que c’est ma femme. Mais je n’arrive plus à me souvenir si c’est aussi ma tante ou ma cousine. Elle décroche, je tente direct :
— Mon petit chat au miel…
Elle m’interrompt aussi sec. J’éloigne l’oreille du combiné, à la première accalmie j’essaie de me défendre :
— Mais t’énerve pas tat... euh, chat au miel ! (C’est ça, c’est aussi ma tante.) Je… quoi ? Mais pas du tout ! Vous ne la connaissez pas, mais quand elle est comme ça, c’est pas facile. Elle braille, c’est fou, pire que deux ratons laveurs dans une rixe d’ordures.
— Mais, chat au miel, tu sais comment je suis quand j’ai faim… On fera des conserves !
Bah non… le congélateur est déjà plein… mais elle me le hurle avant que j’y pense. Je ne pense pas vite… Allez, ça ne sert à rien. J’ai tort de toute façon, j’en ai pris un trop gros. Autant me confondre en excuses et assumer. Au pire on invitera « Fat Dave » et l’oncle Coolige. Affamés, ils sont pires que des porcs. Et ils ont toujours les crocs. Allez, mon Leeroy. Sois fort, même les hommes s’excusent parfois :
— Okay, mon chat au miel. Excuse-moi… Oui… Bien sûr… Je t’aime aussi.
Je raccroche et glisse le téléphone dans la poche de mon jean souillé de boue et de sang. Évidemment qu’on n’aurait jamais mangé tout ça, ce type est énorme, mais quand j’ai la dalle j’en prends toujours trop…
Je claque énergiquement le hayon, marche vers la portière. Je l’ouvre, m’assois et la ferme. Clé, contact, le moteur se lance. Marche arrière, j’allume les phares et je pars.
Je savais que j’aurais dû chopper un ado chétif pour ce soir. Une saleté de hippie ou une chochotte de gothique. En plus, y en avait partout, c’est Halloween ce soir.
Fait chier.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 2 versions.

Vous aimez lire KVN ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0