Le bulletin météo nous permet de savoir (en principe) quel temps il va faire dans les prochains jours. C'est vraiment satisfaisant de connaitre l'avenir, même si ce n'est que le futur proche, et si ça ne concerne qu'un domaine particulier et restreint de la vie.

Mais ce que je trouve encore plus fort, c'est de se faire soi même une météo de l'humeur à venir disons dans les 7 prochains jours. Ce qui est faisable, puisque nos vies sont très majoritairement réglées comme du papier à musique, prévues à l'avance, préparées et planifiées souvent à la minute près, quoiqu'à l'intérieur de nos agendas si bien arrêtés se glissent toujours les grands évènements qui façonnent l'essentiel de nos vies, comme une rencontre, un accident, une maladie.

Pour ce Lundi matin, une matinée tristounette, le retour au bureau, au minimum un plafond bas, la grisaille, peut être un peu de crachin. Je ne vous fais pas un dessin, le travail répétitif, et certains collègues pas forcément toujours bienveillants. A midi, une éclaircie bienvenue, le déjeuner avec Nathalie de la comptabilité. Je ne me souviens même pas comment je suis arrivée à prendre mon repas avec elle, plutôt qu'avec mes collègues les plus proches. Et Lundi après-midi, le temps pourrait se couvrir, lors de l'entretien avec mon chef. Je ne sais jamais ce qui va m'arriver avec lui, mais je connais sa capacité à passer outre la moindre trace de délicatesse. Heureusement, se profile ensuite un début de soirée avec mon neveu préféré, rayon de soleil d'une journée qui m'éclairera paradoxalement après le coucher du soleil.

Puis ce sera la semaine, avec un temps majoritairement gris, parsemé de trouées de soleil, par exemple vers quatre heures, quand je descends m'acheter un pain au chocolat aux amandes, afin d'apaiser une faim qui prend un tour trop envahissant pour me permettre de travailler sereinement et d'assurer une stabilité minimale de mon humeur rendue plus capricieuse qu'à l'ordinaire.

Et puis j'ai un point de mire qui attire tous mes espoirs : la séance en salle de fitness du mercredi soir, comme une respiration qui me permet de ne pas étouffer sous tant de mornitude d'une existence trop décevante. Après cette heure passée sur le vélo d'appartement, je me sens à la fois fatiguée physiquement et si légère psychiquement. Il m'est même arrivé de me retrouver plus en forme après cette heure pourtant assez frénétique, qu'avant.

Et puis il y aura le samedi tant redouté. Je vais devoir revoir mon frère avec lequel je nourris une relation disons pour faire simple, conflictuelle. Là je ne suis pas sûre de ce qui va se passer. Au minimum de gros nuages noirs menaçants. Avec la probabilité relativement élevée d'éclairs, de tonnerre, d'un orage plus ou moins violent. Des vents prévus à 100 km/h, mais vous savez ce que c'est, parfois les prévisionnistes se trompent, et on se retrouve avec des rafales à 160 km/h.

Mais curieusement cette perspective ne me sape pas entièrement le moral, à l'avance. C'est parce que je dispose dans mon sac à malices de la parade absolue, le remède que même mes pires ennemis ne peuvent atteindre ni détruire : le Dimanche bien-aimé ! Même Hitler n'a pas pu détruire le Dimanche ! Même l'Antéchrist ne le pourrait pas, même le terrible Sauron ne le peut, c'est dire ! Le Dimanche, comment dire, c'est la journée parfaite, le soleil radieux, omniprésent, tempéré par un petit vent frais, l'instant vers lequel convergent toutes les pensées, les anticipations et les espoirs de milliards d'individus. Le Dimanche, c'est l'irruption improbable du bonheur au milieu de la médiocrité et de la pesanteur, c'est l'intervention insolite de la magie, la descente du Ciel sur la Terre.